Lundi 23 juin, la statue de saint Paul a été hissée à l’aide d’une grue pour retrouver sa place sur l’angle sud-est de la flèche de Notre-Dame de Paris, ravagée par les flammes le 15 avril 2019. Pesant 140 kg, cette figure de cuivre brun de 3,40 mètres a été déposée avec précision à plus de quarante mètres de hauteur, amorçant le retour attendu des seize statues qui ornaient la flèche conçue par Viollet-le-Duc au XIXe siècle.
La base-vie du chantier a retrouvé cette semaine seize invités d’exception : les statues de la flèche. Déposées quatre jours avant l’incendie, elles avaient été transférées dans des ateliers spécialisés pour y être restaurées entre 2019 et 2021 par des serruriers, dinandiers et patineurs. Depuis 2021, elles étaient exposées à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, en attente de leur réinstallation prévue à l’été 2025.
Douze de ces statues représentent les Apôtres. Parmi eux, la statue de saint Thomas, patron des architectes, est dotée du visage d’Eugène Viollet-le-Duc lui-même, en hommage discret mais remarqué à son concepteur. Les quatre autres représentent le tétramorphe, soit les symboles des quatre Évangélistes : un lion pour saint Marc, un taureau pour saint Luc, un aigle pour saint Jean et un ange pour saint Matthieu.La restauration des statues, financée à hauteur de 1,4 million d’euros, a été rendue possible grâce aux dons privés, dont 85 % ont été recueillis par la Fondation Notre-Dame et 15 % par l’organisation américaine Friends of Notre-Dame. Sous l’effet du temps et de l’oxydation, les statues avaient viré au vert ; elles ont retrouvé leur teinte brune d’origine, notamment grâce à l’application de patines élaborées à partir de noyaux d’abricot malaxés, pour mieux se détacher de la couverture claire de la flèche.
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La remise en place progressive des quinze autres statues devrait s’échelonner dans les jours à venir. Elles viendront ainsi compléter la flèche restaurée, visible depuis la réouverture de la cathédrale le 8 décembre 2024, date hautement symbolique correspondant à la solennité de l’Immaculée Conception.Monseigneur Laurent Ulrich, archevêque de Paris, a béni la statue de saint Paul avant sa réinstallation. « Nous rendons grâce à Dieu en ce moment », a-t-il déclaré, saluant une étape majeure du chantier. Philippe Jost, président de l’établissement public chargé de la restauration, a exprimé son émotion : « La cathédrale sort plus belle que jamais, et nous aussi, nous sortons grandis de ce défi. » Le retour de saint Paul a été privilégié en raison du calendrier liturgique : la fête des saints Pierre et Paul approche, elle sera célébrée le 29 juin. Le choix aurait aussi pu se porter sur la statue de saint Thomas, doublement symbolique par son visage, mais c’est finalement l’apôtre au glaive qui a ouvert la marche.
D’autres travaux attendent encore la cathédrale : restauration du chevet, aménagement du presbytère, interventions intérieures, sans oublier le projet controversé de remplacement des vitraux de certaines chapelles par des œuvres contemporaines, soutenu par l’Élysée.
Mais alors que les statues retrouvent leur place, une autre réalité moins édifiante demeure : l’ambiance à Notre-Dame reste délétère. Tensions ouvertes entre le recteur et les chanoines, climat de méfiance généralisée avec le personnel, ressentiment croissant chez les organistes… Malgré la splendeur retrouvée de la cathédrale, le climat spirituel semble toujours au bord de l’implosion. On en viendrait à se demander si même le retour des Apôtres suffit à apaiser ce chaudron où se mêlent rancœurs humaines, luttes d’influence et absence de paix véritable.
Source Afp