RTL fait le point sur l’action de l’Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation (INIRR) qui propose des mesures de réparation financière et des parcours de justice restaurative aux victimes de pédocriminalité dans l’Église.
Apres deux années, 527 personnes ont déjà reçu une compensation financière, totalisant plus de 18 millions d’euros. Le montant maximal attribué est de 60 000 euros, avec une moyenne individuelle de 36 000 euros.
Outre l’aspect financier, l’INIRR offre des démarches personnalisées de réconciliation pour les victimes. Ces initiatives sont accompagnées par des référents spécialisés dans l’écoute, chargés d’aider les victimes à constituer leur dossier.
RTL évoque le cas de Pierina, qui a reçu la somme maximale de 60 000 euros, elle témoigne de la signification de cette décision pour elle, qualifiant cette reconnaissance de sa souffrance d’un « aboutissement » après un long calvaire depuis son enfance, où elle a été victime de viols perpétrés par un prêtre. Les compensations financières varient entre 20 000 et 60 000 euros, avec 42% des montants dans la fourchette haute.
Francis, un artiste peintre ayant subi des agressions répétées par un prêtre dans son enfance, souligne également l’importance de la reconnaissance symbolique de son expérience par l’Église.
Pour lui, il est crucial que l’Église ressente un certain « mal » financier en réponse à ces actes.
L’INIRR, opérationnelle depuis février 2022, offre un soutien individuel à chaque victime, avec un dossier examiné par un collège d’experts. Ces experts évaluent les faits, l’attitude de l’Église et les conséquences des agressions pour déterminer le montant de la réparation. Des démarches restauratives sont également validées par l’INIRR, telles que des rencontres avec des représentants de l’Église ou des médiations familiales.
Philippe, par exemple, a choisi d’écrire une lettre au prêtre responsable de son agression, qu’il a ensuite lue sur sa tombe en présence de l’évêque de Quimper. Cette démarche lui a procuré un soulagement et une libération de la culpabilité.
Les victimes saluent également la qualité d’écoute de leurs référents, qui les accompagnent tout au long du processus de réparation. Ensemble, victimes et référents rédigent le récit des vies brisées dans l’espoir d’une réparation symbolique. Selon Laure, une référente de l’INIRR, cette démarche représente un acte de restitution de dignité pour les victimes.
Certains se demandent si l’indemnisation matérielle qui, effectivement fait mal à l’Eglise, est la meilleure façon de soigner les blessures de victimes à jamais marquées dans leur chair et dans leur âme par de tels agissements. En quoi un « mieux financier » soulage t-il un bleu à l’âme ? y-at-il un prix pour cela ?
Le péché valorisé en numéraire, selon une estimation de sa gravité…les millions d’euros reçus réparent -ils vraiment une dignité à jamais blessée ?