Le débat sur la fin de vie fait une fois de plus surface en France. Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à reprendre l’examen du texte sur la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté en janvier 2025, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a exprimé son désaveu de cette législation. Loin de se limiter à un simple refus, sa prise de position soulève des interrogations sur le respect de la notion de dignité humaine contenue danS le texte.
Lors de son intervention sur l’émission Le Grand Jury du 17 novembre 2024, Bruno Retailleau a clairement exprimé son opposition à la reprise de l’examen du texte sur la fin de vie. Pour lui, le débat sur l’euthanasie n’est pas une question d’« aider à mourir », mais bien celle de « comment vivre dignement jusqu’au bout ». Il a affirmé que la priorité devait être donnée aux soins palliatifs, et non à l’ouverture d’une porte vers l’euthanasie. Cette position, mûrie au fil des années, se fonde sur une conviction profonde : « la fraternité ne se construit pas sur la fin de la vie », a-t-il déclaré, citant les propos du président Emmanuel Macron qui avait, au printemps 2024, qualifié ce texte de « loi de fraternité ».
Le ministre de l’Intérieur a exprimé ses inquiétudes sur les dérives potentielles d’une législation laxiste en matière de fin de vie. « Je crains que l’on suive l’exemple des Pays-Bas, du Canada et de la Belgique, où une porte entrouverte aujourd’hui finit par être totalement ouverte demain, sans plus aucun garde-fou », a-t-il ajouté. À travers ces paroles, Bruno Retailleau se positionne comme un défenseur de la vie jusqu’à son terme naturel, s’inquiétant des conséquences imprévisibles d’une loi qui ouvrirait la voie à des décisions pouvant concerner non seulement les malades incurables, mais potentiellement d’autres groupes vulnérables à l’avenir.
Alors que les partisans du projet de loi, comme les membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie, continuent de plaider pour une reprise des débats, Bruno Retailleau insiste sur la nécessité de respecter les convictions de chacun dans ce débat fondamental. L’appel au dialogue et à la prise en compte des croyances diverses est un point central de son argumentation. Il invite ainsi à « débattre dans le respect des convictions de chacun », en soulignant que la loi ne peut pas être un simple compromis politique, mais doit refléter une véritable réflexion éthique et humaine.
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Le député MoDem Olivier Falorni, à l’origine de la proposition de loi, a réagi vivement aux propos de Bruno Retailleau, l’invitant à s’engager dans le débat avec une attitude respectueuse des différents points de vue. Il souligne la nécessité de trouver un équilibre entre les préoccupations éthiques et les besoins réels des malades, ceux qui souffrent et qui souhaitent un contrôle total sur la fin de leur vie. Pour lui, la loi ne doit pas seulement être une question de principes abstraits, mais aussi de répondre aux attentes concrètes des citoyens.
À l’approche de la reprise des débats sur la fin de vie, le discours de Bruno Retailleau appelle à une profonde réflexion sur la dignité humaine et la véritable fraternité. La loi, loin d’être un simple règlement de l’Assemblée, touche à des questions éthiques et religieuses fondamentales. Si la position du ministre de l’Intérieur est claire, elle fait écho à une question plus vaste : jusqu’où peut-on aller dans la gestion de la fin de la vie sans remettre en cause la sacralité de l’existence humaine ? La réponse, à l’image du débat lui-même, reste encore à écrire.