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Pourquoi le Vatican souhaite-t-il instaurer le délit d’abus spirituel ?

Escalier de Bramante au Musée du Vatican - DR
Escalier de Bramante au Musée du Vatican - DR
Ces pratiques sont parfois utilisées pour dominer, manipuler ou abuser des individus, notamment par l’instrumentalisation de supposés phénomènes surnaturels.

Un groupe de travail conjoint, composé de membres du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) et du Dicastère pour les Textes Législatifs, a été constitué au Vatican pour examiner la définition et la qualification juridique du délit d’abus spirituel. Cette initiative, approuvée par le Pape François le 22 novembre 2024, vise à encadrer des pratiques déviantes souvent liées à des prétendus phénomènes mystiques ou à des comportements spirituels manipulateurs.

Le faux mysticisme, une préoccupation ancienne et actuelle

Le terme « faux mysticisme », évoqué dans le règlement du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, désigne des pratiques qui troublent l’harmonie de la vision catholique et du rapport à Dieu. Ces pratiques incluent les pseudo-apparitions, les visions infondées et les messages attribués à des origines surnaturelles, mais qui manquent de fondements théologiques solides.

Déjà en 1956, dans l’encyclique Haurietis Aquas, le Pape Pie XII avait dénoncé les dérives mystiques qui réduisent le mystère de l’Incarnation à une abstraction. Il fustigeait le « faux mysticisme » janséniste, qui minimisait l’humanité du Christ et l’amour pour la Vierge et les Saints, au profit d’une approche déformée et désincarnée de la foi.

Dans un contexte contemporain, ces pratiques sont parfois utilisées pour dominer, manipuler ou abuser des individus, notamment par l’instrumentalisation de supposés phénomènes surnaturels.

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Vers une reconnaissance canonique de l’abus spirituel

Actuellement, le Droit canonique ne contient pas de disposition spécifique pour le « faux mysticisme » ou l’abus spirituel. Toutefois, les Normes pour le discernement des phénomènes surnaturels adoptées récemment par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi précisent que « l’utilisation de phénomènes surnaturels allégués ou d’éléments mystiques reconnus comme prétexte pour manipuler ou abuser des personnes » constitue une faute grave (Art. 16).

Cette mention permet de considérer ces actes comme des circonstances aggravantes lorsqu’ils accompagnent d’autres délits. Cependant, l’absence d’une définition claire et d’un cadre juridique dédié laisse un vide que le groupe de travail entend combler.

Création d’un Un groupe de travail interdisciplinaire

Le groupe de travail, présidé par le Cardinal Víctor Manuel Fernández, Préfet du Dicastère de la Foi est chargé de clarifier les contours de l’abus spirituel et de proposer des mesures concrètes pour intégrer ce délit au Droit canonique. Composé d’experts des deux dicastères, il s’efforcera de :

  • Identifier les actes relevant de l’abus spirituel.
  • Proposer une définition canonique précise, en évitant les ambiguïtés liées au terme « faux mysticisme ».
  • Déterminer les sanctions applicables pour ces délits.

Un enjeu pour la protection des fidèles

L’instrumentalisation de la spiritualité ou des phénomènes mystiques pour manipuler les individus est une problématique sensible. Ces abus peuvent engendrer de graves traumatismes spirituels et psychologiques. En reconnaissant ces actes comme un délit spécifique, le Vatican entend renforcer sa lutte contre toutes formes de dérives spirituelles et protéger les fidèles.

Cette démarche reflète également la volonté de l’Église d’assumer sa responsabilité pastorale et disciplinaire face aux abus. Elle s’inscrit dans un effort plus large de transparence et de rigueur, visant à garantir que la foi catholique reste un lieu de confiance et de Vérité.

Un défi pour l’Église contemporaine

Cette initiative soulève toutefois des questions :

  • Comment l’Église définira-t-elle des frontières claires entre l’expression mystique légitime et les pratiques abusives ?
  • Comment les diocèses et les congrégations religieuses seront-ils formés pour repérer et signaler ces abus ?
  • Quel impact cette reconnaissance aura-t-elle sur la gestion des cas passés et sur la prévention future ?

L’étude en cours marque une étape importante dans l’effort du Saint-Siège pour mieux encadrer les pratiques spirituelles au sein de l’Église. Le délit d’abus spirituel pourrait devenir un levier essentiel pour répondre aux attentes des fidèles, en mettant fin à certaines pratiques déviantes et en préservant l’intégrité de la foi catholique.

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