Le mont Canigó ou mont du Canigou est une montagne culminant à 2 784 mètres d’altitude. C’est un site très prisé pour la randonnée dans les Pyrénées et les activités de plein air.Classé Grand site de France en juillet 2012, puis Grand site Occitanie en 2018, le massif est désormais reconnu comme un espace naturel exceptionnel qu’il convient de préserver.
Le 8 octobre 1942, lors de leur première réunion annuelle, dix-neuf jeunes garçons scouts se retrouvent dans leur local. Sous la direction de leur chef, Joseph Tasias, une décision inhabituelle est annoncée :
“Nous allons créer une croix et l’installer au sommet du Canigou.”
De février à juillet 1943, les membres du groupe commencent à travailler sur la fabrication de cette croix, un projet qui s’étendra sur plusieurs mois.
Le dimanche 18 juillet 1943 marque le début d’un pèlerinage symbolique vers le sommet du Canigou, où l’objectif est d’ériger la croix nouvellement forgée. Ce périple est chargé de significations : la quête de la libération de la France, le retour des prisonniers, la diffusion des valeurs chrétiennes, ainsi que des prières pour chaque participant.
La croix elle-même pèse 112 kilos, auxquels s’ajoutent 200 kilos de ciment pour stabiliser son socle. Le départ est donné après une cérémonie de bénédiction qui inclut la croix, les pèlerins et même une relique de la guerre, la “Tortue”, un ancien caisson de mitrailleuse réaménagé. Le camp prend alors la forme d’un pèlerinage, avec pour objectif ultime d’élever la croix au sommet du Canigou. Cette ascension est parsemée de défis et d’étapes, mais elle est également ponctuée de moments de joie et de fierté malgré les difficultés.
Après d’ardents efforts, la croix est finalement dressée au sommet le 23 juillet 1943. Une messe solennelle est célébrée devant cette croix fraîchement érigée, marquant un moment d’une grande importance pour les scouts et les autres participants. Par la suite, le socle est achevé et la croix est bénie, symbolisant la dévotion et le travail accompli.
En 1960, un événement tragique secoue la communauté : la croix du Canigou est dynamitée. Suite à une enquête, il est révélé qu’un employé du service géographique est responsable de cet acte de destruction. En hommage aux anciens scouts et pour affirmer leur valeur, le groupe décide de fabriquer une nouvelle croix pour remplacer l’ancienne.
Les débris de la croix sont récupérés en octobre 1960, et les scouts entreprennent de les restaurer pour les offrir à la communauté religieuse de Saint-Jean-de-l’Albères. La construction de la nouvelle croix débute rapidement. Plus imposante que la précédente, elle mesure 1,80 mètre de hauteur hors socle, avec une envergure d’un mètre. Sa fabrication nécessite du fer carré et des bandelettes martelées à froid, assemblées avec soin. En plus de la croix, un autel est également construit au sommet pour célébrer la messe. Pour financer une partie de ce projet, des petites croix scoutes sont forgées et vendues.
Afin de sécuriser la nouvelle croix, Pierre Cazottes, alors commissaire de district des Scouts de France, obtient l’autorisation d’installer la croix sur une concession de 5 mètres carrés dans la partie sud-est de la plateforme sommitale, sur le territoire de la commune de Casteil.
Les 17 et 18 juillet 1961, une équipe transporte 600 kilos de matériel pour construire le socle et l’autel. Le samedi 29 juillet 1961, après une bénédiction par des abbés, la croix est acheminée en jeep jusqu’au chalet des Cortalets, puis portée jusqu’à la “Porteillette” près du pic Joffre par quatre équipes.
Le dimanche 30 juillet, dès 4 heures du matin, les équipes se relaient pour porter le matériel jusqu’au sommet. À 7h40, la croix est finalement érigée au pic. Une messe est célébrée devant cette nouvelle croix, suivie de son nettoyage et de sa peinture.
En 1966, la croix montre des signes de fragilité, menaçant de s’effondrer. Quatre anciens scouts de 1961 entreprennent alors de renforcer son socle en le ferraillant.
Suite à l’installation de la deuxième croix au Canigou, le chef de clan Joseph Tasias tient sa promesse en offrant à ses routiers un camp en Italie en récompense de leurs efforts. Ce camp, organisé en 1963, est marqué par des visites à Pise, Rome, Assise et Florence, représentant ainsi le premier grand camp à l’étranger pour les unités de La Real.
