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Révélations de Mediapart sur le diocèse de Strasbourg : entre mascarade et mensonge, un silence devenu trop lourd

Nef de la cathédrale de Strasbourg pour ses 750 ans - DR
Nef de la cathédrale de Strasbourg pour ses 750 ans - DR
L’enquête apostolique, réclamée par des prêtres du diocèse mais aussi par de nombreux fidèles, apparaît désormais comme une obligation, tandis que, pour d’autres, la démission de l’évêque Mgr Pascal Delannoy s’impose comme une évidence

Cet article vient s’ajouter à une longue série de scandales et de crises qui secouent depuis plusieurs mois le diocèse de Strasbourg, renforçant l’impression d’un système à bout de souffle et incapable de se réformer.Dans une enquête publiée le 29 septembre ( réservée aux abonnés) , Mediapart met en lumière le mensonge du diocèse de Strasbourg au sujet du dossier du chanoine Hubert Schmitt, accusé d’agression sexuelle sur un ancien enfant de chœur.« Début septembre, le diocèse de Strasbourg a tout fait, jusqu’au mensonge, pour conserver dans ses rangs, dans de prestigieuses fonctions, un prêtre accusé de violences sexuelles », écrit le site d’investigation.

Le chanoine Hubert Schmitt avait été suspendu en 2021 après une plainte pour agression sexuelle sur mineur. Pourtant, à la fin de l’été 2025, les fidèles découvrent avec stupeur son retour discret au sommet de l’organigramme diocésain. Ce retour est d’autant plus choquant qu’en 2024, le film La Déposition avait déjà popularisé le témoignage de la victime présumée, Emmanuel Siess, relatant les faits de 1993, lorsqu’il avait 13 ans. Pour justifier cette réintégration, le diocèse a affirmé que les dossiers judiciaires et canoniques étaient clos. Le vicaire général Jean-Luc Liénard déclarait par exemple à Rue89 Strasbourg : « Les dossiers canoniques et judiciaires [sont] clos […]. »

Or, Mediapart précise que c’est faux : l’enquête canonique est toujours en cours et a même été transmise récemment au Tribunal pénal canonique national, instance créée après le rapport Sauvé pour garantir une meilleure indépendance.Interrogé par Mediapart, le vicaire général Jean-Luc Liénard a reconnu avoir eu une « mauvaise compréhension » du dossier, mais l’archevêque Pascal Delannoy n’a jamais corrigé publiquement ces déclarations erronées.

Pour Emmanuel Siess ( la victime d’abus) , cette situation est insupportable : « J’ai l’impression d’une mascarade. Après avoir lu dans la presse que c’était clos, on m’appelle du jour au lendemain pour me dire que je suis convoqué, après n’avoir eu aucune nouvelle pendant des années. » Il doit être entendu le 4 octobre par le Tribunal canonique et affirme vouloir témoigner, même s’il dit avoir « perdu le peu de confiance » qu’il lui restait dans le processus.

Ces révélations viennent s’ajouter à une crise plus profonde. Dans une tribune publiée récemment par la rédaction de Tribune Chretienne, plusieurs prêtres du diocèse expriment leur souffrance et demandent officiellement une visite apostolique. Ils dénoncent un climat délétère, marqué par des abus de pouvoir, des réseaux d’influence et des compromissions, qui les poussent à dire qu’ils se sentent parfois « violés dans leur réputation sacerdotale ».Selon eux, l’arrivée de Mgr Delannoy en 2024, après le départ de Mgr Ravel, n’a rien changé aux pratiques obscures. Leur texte, accompagné d’une image du Christ en agonie à Gethsémani, illustre leur sentiment de solitude et d’abandon.

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Il est d’ailleurs important de rappeler que les rumeurs prétendant que ce marasme ne serait qu’une invention de certains médias proches des tradis ( dont Tribune Chrétienne pointé du doigt) relèvent de la pure désinformation, colportée pour discréditer ceux qui informent et osent dire la vérité. Précisons que le site Tribune Chrétienne n’a jamais revendiqué une quelconque appartenance au courant dit “traditionnaliste”, même s’il respecte cette sensibilité fondatrice de l’Église. Quant à Mediapart, il n’est pas spécialement réputé pour ses affinités avec les milieux traditionnels de l’Église, ce qui rend d’autant plus cocasse l’accusation d’une supposée machination.

Entre le mensonge dénoncé par Mediapart et l’appel désespéré des prêtres d’Alsace dans Tribune Chrétienne , un constat s’impose : le silence est devenu insoutenable. Pour beaucoup, une enquête apostolique s’impose comme une nécessité. Et pour d’autres, la démission de Monseigneur Pascal Delannoy n’est plus seulement une hypothèse, mais une évidence

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