Archevêque, docteur de l’Église (+ 1109)
Fêté le 21 avril, saint Anselme de Cantorbéry, moine, archevêque et docteur de l’Église, demeure une figure majeure de la tradition catholique par l’unité de sa vie : intelligence pénétrante, foi lucide, courage ecclésial et amour du cloître.
Originaire du Val d’Aoste, né en 1033, Anselme manifeste très tôt le désir de devenir moine à l’âge de 15 ans. Mais son adolescence prend un autre tournant : « la vie mondaine lui semble plus amusante et attirante, plaisant à tous et à toutes ». Après la mort de sa mère, et ne supportant plus « le caractère invivable » de son père, il quitte la maison familiale et traverse les Alpes pour se rendre en France, « à la recherche du plaisir ». Il y poursuit pourtant ses études, sans abandonner totalement sa quête intérieure.
À 27 ans, c’est à l’abbaye du Bec en Normandie, où il se rendait pour étudier sous la direction du grand Lanfranc, que sa vocation ressurgit. Il y entre comme simple étudiant et reçoit l’habit monastique des mains du bienheureux Herluin, fondateur du monastère. À peine moine, il est nommé prieur, suscitant l’étonnement et parfois l’envie. Mais « sa douceur gagnera vite les cœurs ». Il est ensuite élu abbé du Bec en 1078.Sa réflexion théologique, d’une rare profondeur, s’enracine dans une conviction ferme : « puisque Dieu est le créateur de la raison, celle-ci, loin de contredire les vérités de la foi, doit pouvoir en rendre compte ». Il inaugure ainsi la célèbre méthode du fides quaerens intellectum : la foi qui cherche à comprendre.
En 1093, alors qu’il visite les monastères anglais liés à l’abbaye du Bec, il est désigné archevêque de Cantorbéry. Dès lors, il affronte avec constance et courage les tentatives d’ingérence des rois Guillaume le Roux puis Henri Ier. Ce combat pour la liberté de l’Église lui vaudra plusieurs exils, notamment en 1103. Pourtant, il ne se départit jamais de son esprit de paix, de sa patience et de sa tendresse filiale envers la Vierge Marie.
Le pape, malgré ses demandes réitérées, lui refuse le retour définitif à la vie cloîtrée : Anselme restera au service de son Église jusqu’à sa mort. Il consacre ses dernières années « à la formation morale du clergé et à la recherche théologique ». Le pape Benoît XVI soulignait lors d’une audience générale en 2009 que « la clarté et la rigueur de sa pensée eurent pour but de porter l’esprit vers la contemplation de Dieu, soulignant que le théologien ne saurait compter sur sa seule intelligence mais devait cultiver une foi profonde ».
Son œuvre théologique se déploie en trois axes : « la foi comme don gratuit de Dieu qui doit être accueillie avec humilité ; l’expérience, qui est l’incarnation de la Parole dans la vie quotidienne ; et la connaissance, qui n’est pas seulement le fruit de raisonnements mais aussi celui de l’intuition contemplative ». On lui doit notamment les Monologion, Proslogion, ainsi qu’un traité sur la rédemption, Cur Deus Homo, d’une profonde influence dans la pensée occidentale.
Son ami Hugues, devenu comte de Chester, l’accompagnera fidèlement dans son action auprès du roi, notamment pour favoriser certaines alliances, comme le mariage écossais d’Henri Ier.
Saint Anselme s’éteint le mercredi saint de l’année 1109 à Cantorbéry, après avoir porté le combat de la liberté de l’Église avec un rare sens du devoir pastoral. L’Église le reconnaît comme Docteur magnifique, et elle honore en lui un homme dont « l’amour de la vérité et la soif constante de Dieu peuvent être pour le chrétien d’aujourd’hui un encouragement à rechercher sans cesse le lien profond qui nous unit au Christ ».
Saintes fêtes de Pâques à la lumière de sa foi !