Evêque et martyr, docteur de l’Eglise (+ v. 201)
Figure centrale de l’Église primitive, saint Irénée a su faire rayonner la paix du Christ dans une époque de tensions doctrinales et de persécutions. Évêque de Lyon au IIe siècle, il a œuvré pour l’unité, la fidélité à la tradition apostolique et la défense de la foi contre les hérésies.
Né en Asie Mineure, probablement à Smyrne, saint Irénée fut dans sa jeunesse le disciple de saint Polycarpe, lui-même formé par l’apôtre Jean. Cette filiation spirituelle directe avec les témoins de la Résurrection a profondément marqué sa compréhension de la foi, pour lui, la Tradition est un bien vivant, transmis de personne à personne, enraciné dans la mémoire des apôtres.
On retrouve Irénée à Lyon, dans cette vallée du Rhône où s’étaient établis de nombreux chrétiens venus d’Orient. Lorsque la persécution de 177 frappe violemment les Églises de Lyon et de Vienne, il est encore prêtre dans la communauté. À la mort de saint Pothin, vieil évêque martyrisé, Irénée lui succède. On ignore les circonstances précises de son arrivée à Lyon, mais certains historiens pensent qu’il se trouvait à Rome au moment des violences, ce qui expliquerait pourquoi il y échappa.Son épiscopat est marqué par une activité intense au service de la paix des Églises et de la défense de la foi. Il voit dans la diffusion des doctrines gnostiques, qui rejettent l’Incarnation du Fils de Dieu, une menace grave pour l’unité et l’orthodoxie. Il enquête, lit, interroge et rassemble patiemment les arguments contre ces doctrines. De cette recherche naît un ouvrage majeur de la patristique, Contre les hérésies, vaste traité en cinq livres, où il réfute les erreurs gnostiques et expose la doctrine authentique de l’Église.
Son action ne s’arrête pas à la défense doctrinale. Irénée intervient aussi auprès du pape Victor Ier pour éviter une rupture entre Rome et certaines Églises d’Asie qui célébraient Pâques à une date différente. Fidèle au sens de son nom, Irénée, « pacifique », il cherche à préserver la communion ecclésiale dans la diversité des usages.
Benoît XVI, lors d’une audience en 2007, soulignait la richesse de son enseignement, « La foi de l’Église doit être transmise de manière à apparaître telle qu’elle doit être, c’est-à-dire publique, unique, pneumatique, spirituelle. » Quant au pape François, il déclara dans un décret du 21 janvier 2022, « Saint Irénée de Lyon, originaire d’Orient, a exercé son ministère épiscopal en Occident, il a été un pont spirituel et théologique entre les chrétiens d’Orient et d’Occident. Son nom, Irénée, exprime cette paix qui vient du Seigneur et qui réconcilie, rétablissant l’unité. » Ce même jour, le pontife le proclama Docteur de l’Église avec le titre de Doctor unitatis, « Docteur de l’unité ».Irénée meurt vers l’an 200, peut-être martyr, selon une tradition rapportée par saint Jérôme. Eusèbe de Césarée, historien du IVe siècle, le désigne comme presbytre de Lyon lors des persécutions, puis successeur de saint Pothin. Son influence se mesure à la force de sa pensée, mais aussi à la lumière évangélique qu’il a portée dans une Église encore jeune, tiraillée entre les menaces extérieures et les divisions internes.
L’un de ses aphorismes les plus célèbres résume son espérance, « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. » Chez saint Irénée, la foi n’est jamais spéculative. Elle est incarnation, relation, salut, l’homme pleinement vivant, racheté et sanctifié, devient pour Dieu le lieu de sa propre gloire.
Avec Nominis