Les tensions sont montées d’un cran au sein du groupe Bayard, propriétaire de titres catholiques emblématiques tels que La Croix, Le Pèlerin, et plusieurs magazines pour enfants. Ce mercredi, les syndicats ont annoncé une grève d’une heure demain jeudi, sur fond de préoccupations croissantes concernant l’influence politique au sein du groupe. Selon les syndicats, la nomination d’Alban du Rostu au poste de directeur de la stratégie et du développement a ravivé des inquiétudes concernant une possible influence de l’extrême droite dans ce groupe historique de presse catholique.
Bayard, qui est détenu par la congrégation religieuse des Augustins de l’Assomption, édite une gamme diversifiée de publications, allant des journaux comme La Croix et Le Pèlerin aux magazines jeunesse comme Okapi, J’aime lire ou Astrapi, sous les marques Bayard Jeunesse et Milan. L’entreprise est donc au cœur du paysage médiatique français, avec un large éventail d’influences sociales, politiques et religieuses.
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Les syndicats, qui incluent la CFDT, CFTC, CFE-CGC-CSN, CGT, et le SNJ, expriment une « inquiétude particulière » concernant l’association de Bayard à un consortium d’investisseurs qui inclut des figures comme Bernard Arnault, Rodolphe Saadé ou Vincent Bolloré. Ces acteurs sont liés à des groupes de médias influents, ce qui a attisé « la crainte de voir la ligne éditoriale de Bayard se modifier sous la pression d’intérêts extérieurs.«
Les syndicats jouent la carte idéologique et politique
L’élément déclencheur de ces protestations est la nomination d’Alban du Rostu au poste de directeur de la stratégie et du développement, un poste nouvellement créé. Ancien collaborateur de Pierre-Edouard Stérin, entrepreneur catholique , Alban du Rostu a dirigé le Fonds du bien commun, financé par Pierre- Edouard Stérin.
Une source syndicale a exprimé son désaveu et son positionnement politique , en déclarant à l’AFP : « On ne veut pas de l’extrême droite à Bayard. C’est un refus viscéral. ». Ce commentaire annonce la couleur et toute la perception faussement idéologique que les syndicats ont de l’entreprenariat.
Dans un entretien avec l’AFP, Alban du Rostu a tenu à clarifier son rôle au sein de Bayard. Il a assuré qu’il ne jouerait « aucun rôle éditorial ou managérial dans les journaux » du groupe et que son rôle serait avant tout stratégique, visant à diversifier les activités du groupe en dehors du secteur de la presse, durement frappé par la crise économique. « Je me reconnais totalement dans l’ADN de Bayard », a-t-il affirmé, insistant sur son engagement à développer des pôles d’activité dans des secteurs en forte croissance.
Le positionnement politique des syndicats et de certains journalistes, en orientant le débat vers des considérations idéologiques, pourrait nuire à l’équilibre et à la sérénité nécessaires à l’évolution du groupe. Au lieu de s’enfermer dans des divergences politiques, il serait plus constructif de favoriser un dialogue ouvert, dans le respect des valeurs chrétiennes qui font l’ADN de Bayard. En agissant de manière trop partisane, les opposants risquent d’entraver la continuité et le développement serein de cette institution historique, essentielle à la presse catholique en France.