Pour La Croix, c’est le départ de Marine Rosset, « présidente éphémère » des Scouts et Guides de France, qui occupe la une, les cœurs et, on le devine, les discussions passionnées hors de X (ex-Twitter). Paradoxe délicieux, La Croix n’y est plus officiellement, trop « décalée » avec la ligne éditoriale de sa propre rédaction… mais ses journalistes, eux, y commentent allègrement.Bref entre La Croix et Marine Rosset c’est une belle histoire d’amour qui prend fin, contrariée par les méchants cathos conservateurs..
On lit l’article de ce lundi 11 août 2025 ( réservé aux abonnés) et on sourit, « plus de trois cent cinquante réactions de lecteurs rapportées », majoritairement admiratives, enthousiastes, bouleversées par cette « belle personne ». Une pluie de louanges, de remerciements, d’encouragements. La Croix nous les aligne comme un chapelet de perles, et pas un seul grain de sable ne vient troubler la douceur du récit.
On y lit par exemple, « Bravo à Marine Rosset pour son courage, sa lucidité, sa bienveillance et son attachement au mouvement scout », ou encore, « Quel dommage pour ces SGDF d’être privés d’une aussi belle personne… Merci pour ce bel exemple d’ouverture ». Et l’inévitable touche d’émotion, « Magnifique. Merci infiniment, Marine Rosset, pour ces propos pleins de bon sens. Une parole engagée dans l’Église qui fait tant de bien. Triste de cette démission ».
Et pourtant… À Tribune Chrétienne, nous avons reçu des dizaines de messages de fidèles blessés, tristes, en colère. Des chefs scouts déconcertés, des parents choqués, des paroissiens qui s’interrogent sur la cohérence des prises de position de Madame Rosset : défense de l’avortement, revendication exacerbée de son homosexualité et de sa vie en couple avec une femme, militantisme politique dont les positions sont clairement en contradiction avec la doctrine catholique. Cherchez l’erreur ! Où était la cohérence ? Sinon dans le seul but de noyauter le mouvement scout, ce dont nous ne sommes toujours pas à l’abri avec son nouveau président, Pierre Monéger, fidèle parmi les fidèles de Rosset. Mais les évêques veillent ? Eh bien non. Ils ne veillent pas du tout. Ils se laissent porter par cette inertie qui caractérise certains hommes d’Église. En tout cas, du côté du père Lagadec, en charge du scoutisme, on reste muet.
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Mais de ces voix-là, La Croix ne parle qu’à la marge, en les diluant. On y trouve bien une Josyane Chatelain qui concède, « Je respecte totalement les choix de vie de Madame Rosset, mais je pense très sincèrement qu’ils ne sont pas compatibles avec le poste de présidente des SGDF ». Ou encore une Élisabeth B. qui note que « la charge d’un engagement politique quel qu’il soit ne paraissait pas compatible avec le scoutisme qui se veut apolitique ». Mais ces remarques sont bien vite englouties par un flot de commentaires éplorés sur « l’hypocrisie de l’Église » ou le « Moyen Âge », tel Jacques Dousteyssier qui déplore, « Sa démission illustre parfaitement le fait que l’Église catholique reste… une institution du Moyen Âge qui évolue peu, toujours trop tard ». Jacques Cordier, lui, conclut, « La réponse est dans nos églises qui se vident de plus en plus… ».
Ainsi, le lecteur naïf ressort de l’article persuadé que l’affaire Rosset n’est qu’une histoire de beaux sentiments contrariés par quelques « pharisiens » grincheux. On glisse au passage une leçon de morale sur « l’accueil de la différence » et « l’ouverture prônée par le pape François », tout en oubliant de rappeler ce que dit aussi l’Église : la vérité et la charité ne s’opposent pas, et l’exemple donné aux jeunes compte autant que la chaleur du sourire.
Bref pas un mot sur la nécessité, pour un mouvement catholique, de choisir des dirigeants dont la vie et les engagements soient en cohérence avec la foi qu’ils sont censés transmettre. Pas un mot sur le devoir de prudence des responsables et la cohérence de leurs engagements . Pas un mot sur les parents qui, eux, se posent encore la question de ce que leurs enfants apprennent en camp et de leur peur de voir leur enfant intoxiqué par un mélange d’idéologie woke, exposé au lobby lgbt…Mais voilà on préfère caresser ses certitudes, s’applaudir entre soi et dénoncer l’obscurantisme des autres,qui chez nous, est une position purement doctrinale et n’a rien de politique ! . Le scoutisme catholique, lui, attend toujours qu’on le défende au nom de sa mission qui est de former des saints ( la sainteté est en tous) , pas des militants qui eux sont de vrais pharisiens et clouent au pilori ceux qui ne pensent pas comme eux.