Le Président de la République du Sénégal, Macky Sall, en fonction depuis 2012 et de confession musulmane, a reçu, ce jeudi 18 janvier 2024, les membres de la Conférence épiscopale du Sénégal lors d’une audience au Palais de la République. Conduits par Monseigneur Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, les évêques ont échangé avec le Chef de l’État sur des questions d’intérêt national et ecclésiastique, témoignant d’un dialogue serein entre l’Église et les autorités.
Lors de cette rencontre, les évêques ont abordé plusieurs sujets, notamment l’évolution du projet de l’unité universitaire de Ziguinchor prévue à Coubalan. Monseigneur Benjamin Ndiaye a précisé :
« Il semble qu’il y ait des frémissements de solution aujourd’hui, et nous souhaiterions être accompagnés dans ce sens.« Autre point évoqué, la prochaine assemblée générale des évêques d’Afrique de l’Ouest, prévue au Sénégal en mai 2025. « Cet événement pourrait se tenir si nous recevons l’accompagnement nécessaire », a souligné l’archevêque de Dakar.
Dans un registre plus spirituel, l’audience a été l’occasion d’évoquer l’Année sainte 2025, proclamée par l’Église universelle, avec un appel au pèlerinage à Rome. « Si certains ne peuvent se rendre à Rome, des pèlerinages locaux seront organisés pour marquer cette année spéciale », a précisé Monseigneur Ndiaye.
Enfin, la Conférence épiscopale a présenté ses vœux au Chef de l’État pour la nouvelle année. « Nous lui avons souhaité une bonne année en évoquant la bénédiction du Seigneur sur son ministère au service des populations sénégalaises. Ces vœux ont été étendus à son gouvernement, ses collaborateurs, ainsi qu’à sa famille », a-t-il ajouté.
L’archidiocèse de Dakar joue un rôle central dans l’organisation de l’Église catholique au Sénégal. Érigé en diocèse en 1936, puis élevé au rang d’archidiocèse en 1955 par le pape Pie XII, il est aujourd’hui dirigé par Monseigneur Benjamin Ndiaye. Son territoire couvre une superficie de 4 803 km² et regroupe plus de 334 000 fidèles répartis dans 57 paroisses.
L’archidiocèse de Dakar comprend plusieurs diocèses suffragants, parmi lesquels Kaolack, Kolda, Saint-Louis du Sénégal, Tambacounda, Thiès et Ziguinchor. La cathédrale Notre-Dame-des-Victoires de Dakar est le siège principal de l’archidiocèse, tandis que le sanctuaire Notre-Dame-de-la-Délivrande de Popenguine, reconnu sanctuaire national, accueille chaque année des pèlerinages mariaux de grande ampleur.
Le catholicisme progresse dans certaines régions du pays, notamment en Casamance, où la minorité chrétienne atteint environ 17 %. Toutefois, la communauté chrétienne, bien qu’intégrée, fait face à des défis persistants. Le manque de vocations sacerdotales peine à suivre la croissance du nombre de fidèles, et certaines tensions occasionnelles rappellent la nécessité d’un dialogue interreligieux constant. L’Église continue d’affirmer sa présence à travers l’éducation et les œuvres sociales, contribuant ainsi à renforcer son rôle dans la société sénégalaise.
Un dialogue ancré dans la tradition sénégalaise
La rencontre entre le Président de la République et la Conférence épiscopale témoigne de cette tradition de dialogue et de respect mutuel entre l’État et l’Église. Elle rappelle que l’Église catholique, malgré sa minorité, demeure un interlocuteur de premier plan pour les autorités sénégalaises sur les questions sociales et éducatives.
Cette audience a permis de mettre en avant les défis et attentes de l’Église dans un pays où la diversité religieuse est perçue comme une richesse. Elle illustre également la volonté des autorités de préserver un climat de paix et de dialogue entre les différentes communautés religieuses du pays.
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Aujourd’hui, les chrétiens représentent environ 5% de la population sénégalaise, majoritairement musulmane. Si le pays est reconnu pour sa tolérance et son dialogue interreligieux, des défis subsistent pour la communauté chrétienne. En février, une déclaration télévisée d’un imam affirmant que les catholiques ne sont « pas croyants » a suscité une vive réaction et a conduit à des excuses publiques ainsi qu’à un engagement de la chaîne de télévision à éviter de tels propos à l’avenir.
De plus, les catholiques, bien qu’acteurs sociaux majeurs, expriment parfois des préoccupations sur leur place dans l’espace public et la reconnaissance de leurs initiatives éducatives et sociales. Malgré cette minorité numérique, l’Église catholique est un acteur important de la société sénégalaise, notamment par ses œuvres éducatives et sociales.
Le Sénégal se distingue par son attachement au principe de laïcité, inscrit dans l’article premier de sa Constitution : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de religion. » Cette laïcité, loin d’exclure la religion de l’espace public, garantit une cohabitation pacifique entre les différentes confessions. Le dialogue interreligieux est une réalité forte au Sénégal, favorisant une harmonie sociale reconnue dans toute l’Afrique de l’Ouest.
La rencontre entre le Président de la République et la Conférence épiscopale témoigne de cette tradition de dialogue et de respect mutuel entre l’État et l’Église. Elle rappelle que l’Église catholique, malgré sa minorité, demeure un interlocuteur de premier plan pour les autorités sénégalaises sur les questions sociales et éducatives.
Source rts.sn