Stupeur et incompréhension après la nomination de Cristiana Perrella à la Maison pontificale : le Saint-Père était-il pleinement informé ?
Cristiana Perrella - DR
Le Saint-Père a-t-il été mal influencé ? A-t-il pleinement conscience du courant idéologique qui inspire cette nomination
Le samedi 6 septembre 2025, le saint père a nommé Cristiana Perrella, directrice artistique du Musée d’art contemporain de Rome (MACRO), présidente de l’Académie pontificale des Beaux-Arts et des Lettres des Virtuoses du Panthéon. Elle succède à l’architecte Pio Baldi.Cette nomination, annoncée dans le bulletin officiel du Saint-Siège, a surpris et troublé de nombreux fidèles. L’Académie, fondée au XVIe siècle, avait pour but « d’encourager l’étude, l’exercice et le perfectionnement des Lettres et des Beaux-Arts et de promouvoir l’élévation spirituelle des artistes ». Reconnue par le pape Paul III le 5 octobre 1543, elle est la plus ancienne association artistique nationale italienne encore existante.
Elle est composée aujourd’hui d’une cinquantaine d’académiciens ordinaires nommés par le pape,répartis en cinq catégories : architectes, peintres et cinéastes, sculpteurs, musiciens et amateurs d’art, écrivains et poètes , ainsi que de 49 académiciens honoraires. L’Accademia dei Virtuosi al Pantheon est l’une des sept académies vaticanes coordonnées par le Dicastère pour la culture et l’éducation.
Née à Rome en 1965, Cristiana Perrella est commissaire d’exposition, critique d’art et enseignante en management et économie des arts à l’Université San Raffaele de Milan. Elle a dirigé le Centre Pecci de Prato jusqu’en 2021, organisé la manifestation Panorama à L’Aquila en 2023, et pris en charge en 2024 le nouvel espace Conciliazione 5. Elle a collaboré avec le MAXXI, la Biennale de Valence, l’IKSV d’Istanbul et la Fondation Prada.Cristiana Perrella s’est fait connaître en particulier par une exposition consacrée au photographe chinois Ren Hang (1987–2017). Sa présentation officielle parlait d’œuvres « souvent provocantes dans l’exposition d’organes sexuels et dans les poses, qui renvoient parfois au sadomasochisme et au fétichisme », tout en affirmant que ces images « semblent vouloir briser les tabous entourant le corps nu, défiant la morale traditionnelle qui gouverne encore la société chinoise ».
Ce rappel « entre sadomasochisme, fétichisme et défi à la morale traditionnelle » , heurte d’autant plus lorsqu’il s’agit aujourd’hui d’une figure appelée à présider une Académie placée sous l’autorité du Saint-Siège.Les déclarations de Perrella : féminisme, culture queer et postcolonialisme. Dans une interview accordée à Medium, Mme Perrella déclarait :
« […] Nous devrions reprendre le concept de Rosi Braidotti et parler de sujet nomade, d’un sujet en réalité multiple, un sujet qui explore aussi sa propre sexualité de manière très ouverte. Je suis en réalité intéressée par les thématiques liées au féminin et au féminisme, mais aussi à la culture queer et, en général, à tout ce qui échappe à la simplification et au schématisme ,le cadre que l’on met autour des choses et des personnes, cadre qui empêche souvent justement le mouvement , et il m’importe d’apporter ici au musée cette multiplicité de discours, y compris critiques. Il y a beaucoup d’artistes que j’aimerais inviter ici : je m’intéresse aussi beaucoup au moment où le discours postcolonial s’imbrique avec celui du genre , je considère qu’aujourd’hui il y a beaucoup à dire dans ce sens et qu’en Italie, sur ce sujet, on a encore dit très peu de choses. »
Ces propos, qui revendiquent l’ouverture à la culture queer et à une déconstruction des repères anthropologiques, soulèvent une question : comment concilier une telle vision avec la mission spirituelle d’une Académie pontificale ?
En invoquant la philosophe postmoderne Rosi Braidotti, figure du féminisme radical et du post-humanisme, Mme Perrella s’inscrit dans une vision du monde où l’homme cesse d’être une personne créée à l’image de Dieu pour devenir un « sujet nomade », instable, multiple, livré à l’exploration de sa propre sexualité sans finalité ni orientation. C’est là une anthropologie qui s’oppose frontalement à la conception chrétienne de la personne humaine, une et indivisible, appelée à la sainteté et à l’unité intérieure.L’éloge qu’elle fait du féminisme militant, de la culture queer et du postcolonialisme révèle un programme idéologique bien plus qu’artistique. Tout y respire la déconstruction : déconstruction du corps, de l’identité, de la tradition. Or l’Église ne peut confondre l’art authentique, qui est recherche de vérité et de beauté, avec un militantisme qui brouille volontairement les repères fondamentaux de l’anthropologie chrétienne.
Faut-il rappeler que l’Académie fut l’œuvre de peintres, de sculpteurs, de musiciens et d’architectes qui plaçaient leur génie au service de Dieu. La nomination d’une personnalité qui revendique au contraire la remise en cause des cadres moraux et la dissolution des repères anthropologiques apparaît donc comme une rupture brutale avec l’esprit même de cette institution vénérable.
Comment ne pas s’inquiéter de voir la Maison pontificale des Beaux-Arts transformée en tribune idéologique pour des courants de pensée hostiles à la tradition chrétienne ? Les fidèles s’interrogent : le pape Léon XIV a-t-il été pleinement informé des positions publiques de Mme Perrella ? Ou bien certains conseillers ont-ils fait le choix d’orienter le Saint-Père dans une direction qui semble si éloignée de l’Évangile ?