La capitale du Timor oriental, Dili, a été le théâtre d’une affluence exceptionnelle ce mardi. Quelque 600 000 fidèles ont assisté à la messe présidée par le pape François, soit près de la moitié de la population du petit pays d’Asie du Sud-Est. Après des visites en Indonésie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Saint-Père a été accueilli avec une ferveur inédite dans ce pays à 98 % catholique.
Dès le petit matin, des dizaines de milliers de personnes convergeaient déjà vers l’esplanade de Taci Tolu, une vaste zone côtière en périphérie de Dili, afin d’assister à la célébration.
A titre de comparaison, environ un million de personnes avaient assisté à la messe du pape François à Kinshasa en 2023, tandis que le record est détenu par Manille, aux Philippines, avec six millions de fidèles en 2015.
Dans son homélie, le pape François a médité sur la première lecture, où le prophète Isaïe annonce « un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». Il a également insisté sur la beauté de la naissance d’un enfant. « Devant un nouveau-né, même le cœur le plus dur est ému et se remplit de tendresse ; celui qui est découragé trouve de l’espoir, celui qui est résigné recommence à rêver et à croire en la possibilité d’une vie meilleure (…) C’est merveilleux ce qui se passe quand un bébé naît ! »
Le pontife a pointé une époque contemporaine marquée par une « grande décadence morale », où le pouvoir et la richesse aveuglent les dirigeants et a encouragé chacun à ne pas craindre de « se faire petit devant Dieu et les autres », à donner de son temps et à renoncer à ce qui est nécessaire pour le bien-être d’autrui.
Se faire petit devant Dieu
Le Saint-Père a pris la Vierge Marie comme exemple de « petitesse », précisant qu’elle est devenue « de plus en plus petite, servant, priant, disparaissant pour faire place à Jésus ». « N’ayons pas peur de nous faire petits devant Dieu et les uns devant les autres ; de perdre notre vie, de donner notre temps, de réexaminer nos programmes en renonçant à ce qui est nécessaire pour qu’un frère ou une sœur s’améliore et soit heureux », a-t-il exhorté.
En clôturant son homélie, le pape François a évoqué le Kaibauk et le Belak, deux métaux précieux typiques de la région, symboles de « la force et la tendresse du Père et de la Mère » et a invité tous les fidèles présents à prier ensemble, en tant qu’hommes et femmes, en tant qu’Église et société, pour refléter dans le monde « la lumière puissante et tendre du Dieu de l’amour ».
La venue de François est historique pour le Timor oriental et marque la première venue d’un Pape depuis l’indépendance du pays en 2002 après vingt-quatre ans d’occupation indonésienne. Lors d’une cérémonie de bienvenue, le pape François a salué l’« ère de paix et de liberté » qui s’est « enfin levée » et a également exhorté les dirigeants à « agir de manière responsable pour prévenir tout type d’abus » contre les « enfants et adolescents », alors que l’Église locale fait face à un scandale de pédocriminalité impliquant Mgr Belo.
Cette visite au Timor oriental constitue la troisième étape du voyage du Pape en Asie-Pacifique, le plus long et lointain de son pontificat, qui se conclura demain, à Singapour.
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