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Tous les chrétiens d’Afrique sont-ils désormais sous la menace du djihad ?

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Les événements récents poussent à se demander si l’ensemble du continent africain n’est pas en train de devenir une nouvelle terre de martyre pour les chrétiens : Il ne s’agit pas d’attaques militaires contre des forces armées, mais bien de persécutions religieuses

Le 27 juillet 2025, dans la nuit, l’église catholique de Komanda, dans l’est de la République démocratique du Congo, est devenue le théâtre d’une effusion de sang. Alors que les fidèles étaient réunis pour une veillée de prière, certains s’apprêtant à recevoir la confirmation, les islamistes des ADF (Forces démocratiques alliées) ont lancé un assaut sauvage. Machettes, armes automatiques, incendies, au moins 43 personnes ont été tuées, dont 9 enfants. D’autres ont été grièvement blessées. Les terroristes ont également incendié des maisons et des commerces avant de disparaître dans la nuit.

Ce massacre n’est pas un acte isolé. Il s’inscrit dans une stratégie de terreur méthodique visant les communautés chrétiennes. Les ADF, actifs depuis 1996, ont prêté allégeance à l’État islamique (ISIS) en 2016, avant de rejoindre en 2019 la « Province d’Afrique centrale de l’État islamique » (ISCAP), également active au Mozambique via le groupe Ansar al-Sunna.En février 2025, les ADF ont commis un autre acte d’une cruauté insoutenable dans la province de Nord-Kivu, 70 villageois qui n’avaient pas pu fuir ont été capturés, ligotés dans une église évangélique, puis tués à coups de marteau et de machette, après plusieurs jours de captivité.

Au Mozambique, dans la province de Cabo Delgado, où agit l’autre composante de l’ISCAP, Ansar al-Sunna multiplie également les assauts. En mai 2025, ils ont même attaqué une nacelle océanographique russe en mer. Selon les données disponibles, les victimes de ce groupe ont augmenté de 34 % en 2024 par rapport à l’année précédente, signe d’une violence croissante.La République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Mozambique, mais aussi le Nigeria, la Somalie, le Burkina Faso, le Niger et le Mali sont aujourd’hui touchés par la progression simultanée de groupes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda. En Somalie, les Shebabs viennent de prendre le contrôle de Tardo, un point stratégique du centre du pays, et continuent d’avancer. En Afrique de l’Ouest, Boko Haram et ISWAP poursuivent leurs attaques, notamment au Nigeria.

Dans le Sahel, la situation est devenue critique, au Niger, au Mali et au Burkina Faso, les coups d’État militaires n’ont pas affaibli les djihadistes, leurs attaques se sont multipliées, parfois triplées, et les groupes armés ont élargi leur contrôle sur de nouveaux territoires. Le groupe JNIM, affilié à Al-Qaïda, poursuit son projet d’extension vers l’océan Atlantique en s’infiltrant dans le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire.

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Les événements récents montrent que ce sont des églises qui sont visées, des lieux de prière, des chrétiens rassemblés pour les sacrements, les veillées ou les fêtes liturgiques. Il ne s’agit pas d’attaques militaires contre des forces armées, mais bien de persécutions religieuses. Le silence international est assourdissant. Combien de fois faudra-t-il voir des enfants massacrés dans une église pour que l’Occident chrétien se réveille ? Que penser du fait que ces attaques visent presque exclusivement des fidèles sans défense, dans des zones que l’on croyait sécurisées ? Comme le rappellent des témoins locaux, l’église de Komanda se trouvait dans un quartier central, entouré de forces de sécurité.

À travers ces violences se dessine une offensive idéologique, imposer la loi islamique, créer des zones sous domination djihadiste, éradiquer le christianisme, perçu comme un obstacle culturel et spirituel à leur projet politique. En Afrique subsaharienne, le christianisme est majoritaire dans de nombreux pays. Le djihad cherche à y imposer une inversion démographique et religieuse par la terreur.Dès lors, une question dérangeante surgit, les chrétiens d’Afrique sont-ils en train d’être livrés à la barbarie dans l’indifférence générale ? Quand un chrétien est massacré en Orient, la presse s’émeut. Mais lorsqu’ils tombent par dizaines dans une église congolaise, c’est à peine si l’information franchit les frontières. Cette asymétrie médiatique est à la mesure d’une insensibilité croissante à l’égard des martyrs de la foi.

Face à cette expansion du djihadisme, l’Église doit parler d’une seule voix, dénoncer le mal, protéger ses fidèles, et supplier les nations occidentales de cesser leur silence complice. Si des dizaines de chrétiens peuvent être massacrés sans réaction, alors ce n’est pas seulement l’Afrique qui est en danger, c’est la conscience même du monde chrétien.Le sang des martyrs africains crie vers le ciel, mais il attend aussi une réponse des hommes, une réponse de foi, de charité et de vérité. Il est grand temps que la communauté internationale exprime la même indignation qu’elle réserve à d’autres théâtres de guerre, où certains adoptent avec empressement une posture indignée dès lors que des intérêts idéologiques, économiques ou stratégiques sont en jeu.

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