C’est en dénonçant » le temps de la pulsion de mort » que Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers a désigné le drame de l’avortement. De son coté Monseigneur Olivier Germay a mis en garde contre sa banalisation , enfin Monseigneur Matthieu Rougé , évêque de Nanterre a répété que » la Constitution est faite pour protéger la vie de tous et de chacun !” » .
Ces trois évêques sont montés au créneau pour exprimer toute l’insatisfaction de l’Eglise face à la probable inscription du droit à l’avortement dans la constitution de la république française.Parallèlement les évêques de France ont, dans leur ensemble, exprimé » leur tristesse » affirmant que l’avortement, en tant qu’atteinte à la vie humaine dès son commencement, ne doit pas être uniquement considéré du point de vue des droits des femmes.
La réunion du Congrès ce lundi 4 mars à Versailles ne changera rien à la position de l’Eglise qui, depuis des années, a toujours fermement condamné l’IVG.
Nous revenons sur ces 3 précieux témoignages:
Monseigneur de Germay évêque de Lyon,
Dans un communiqué diffusé sur le site du diocèse de Lyon avant les discussions au Sénat le 27 février 2024, Monseigneur de Germay a souligné que depuis l’adoption de la loi Veil en 1975, qui a légalisé l’avortement en France, « tout semble avoir été fait pour faciliter et banaliser l’IVG ».
Il exprime le regret que les lois sociétales en France se concentrent principalement sur les droits individuels, sans toujours considérer pleinement leurs implications sociales. Il soulève ainsi la question de la contradiction entre la reconnaissance de « l’égale dignité de toute vie humaine » en tant que principe constitutionnel et la liberté d’accès à l’avortement.
Le prélat lyonnais insiste sur le fait que la question de l’IVG concerne l’ensemble de la société, et non seulement les femmes enceintes. Il remet en question le débat sur l’avortement, qu’il considère comme un « angle mort de notre conscience collective », critiquant ainsi l’idée de figer les choses dans la Constitution pour anticiper toute évolution future, ce qu’il considère comme un possible déni de démocratie.
Il convient de noter que ces préoccupations ne sont pas nouvelles pour Mgr de Germay, qui avait déjà exprimé des inquiétudes similaires l’année précédente sur un autre sujet sociétal en débat, à savoir la fin de vie, où il avait mis en garde contre la menace que représentait « l’interdit de tuer » en France.
Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre
Dans une déclaration reprise sur le site du diocése, l’évêque de Nanterre, exprime son point de vue concernant la constitutionnalisation du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il exprime une grande tristesse et une profonde inquiétude face au vote des sénateurs, qui ont adopté un projet similaire à celui des députés, ouvrant ainsi la voie à un vote définitif du Congrès prochainement.
Monseigneur Rougé précise que cette disposition n’était pas justifiée, comme l’avait souligné clairement le rapport de la sénatrice chargée du débat au Sénat. Il souligne également l’évolution de la loi depuis 1975, où ce qui était initialement une mesure d’urgence s’est transformé en un prétendu droit fondamental, ce qu’il considère comme une inversion des valeurs dangereuse. Il appelle à se souvenir de cela lors du débat sur la fin de vie.
Il reconnaît que de nombreux parlementaires, bien que initialement interrogatifs voire réservés sur cette constitutionnalisation, ont cédé aux pressions du politiquement correct. Cependant, il salue le courage de ceux qui ont résisté et les encourage à maintenir leur position lors du vote au Congrès, soulignant que voter massivement en faveur de cette constitutionnalisation ne serait pas honorable pour le Parlement français.
L’évêque de Nanterre met en garde contre le risque que cette constitutionnalisation fragilise le droit des médecins à l’objection de conscience, notant qu’un amendement visant à le protéger a été repoussé au Sénat. Il appelle à une vigilance particulière sur ce point à l’avenir, tant en ce qui concerne l’IVG que l’euthanasie.
Il conclut en soulignant que la Constitution est censée établir les fondements de la vie en société, et qu’une société qui constitutionnalise la culture de mort se fragilise profondément. Il critique également l’absence d’enracinement de nombreux politiques, soulignant que le respect de la vie, tant dans les paroles que dans les actes, ne se démode jamais.
Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers,
« Voici le temps de la pulsion de mort », déclare l’ archevêque de Poitiers, dans une réflexion poignante sur les défis actuels de notre société.
« Tout semble aller dans le même sens : no future ! L’élan vital a déserté notre époque, singulièrement les Français », observe-t-il avec une certaine amertume. Il souligne la baisse continue de la natalité et le nombre élevé d’avortements malgré la disponibilité des moyens contraceptifs.
Il exprime également sa préoccupation quant à la possible inscription dans la Constitution du droit à l’avortement, qualifiant cela de « prétendu droit fondamental ». Il met en garde contre une inversion des valeurs où « la mort semble plus protégée que la vie n’est encouragée ».
l’archevêque évoque les deux choix prioritaires qui se présentent à nous : soit chercher à survivre dans un monde en déclin, soit accepter la fin prochaine de toute chose. Cependant, il affirme fermement que le seul choix viable est celui de l’espérance et de l’engagement.
« L’espérance est une vertu, une détermination héroïque de l’âme », rappelle-t-il, citant Georges Bernanos.
Il souligne que l’espérance n’est pas un sentiment naturel, mais une décision courageuse de croire en un avenir meilleur.
En conclusion, Monseigneur Wintzer appelle à résister à la pulsion de mort qui semble imprégner nos lois, en cultivant l’espérance et en s’engageant pour un avenir plus prometteur.
Intégralité de Monseigneur Matthieu Rougé