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Un deuxième génocide peut-il être évité ?

Le génocide des Arméniens, qui a eu lieu entre 1915 et 1916 au sein de l’Empire Ottoman et a causé la mort de 1,3 million de personnes, reste une page sombre de l’histoire mondiale. Bien que reconnu au niveau international, les responsables de ces atrocités n’ont jamais été sanctionnés. Une question brûlante se pose alors : sommes-nous en train de nous diriger vers un deuxième génocide, cette fois sous la forme d’un nettoyage ethnique ?

Selon Tigrane, expert sur la question, l’impunité qui a entouré le génocide de 1915-1916 semble avoir encouragé les Azéris à perpétrer de nouvelles violences contre les Arméniens en 1918. Cette impunité apparente continue de préoccuper, d’autant plus que les actes de violence actuels sont souvent perpétrés sous le couvert d’une tactique appelée “l’ingénierie démographique”, qui comprend des massacres ciblés et des exactions visant à déplacer les populations.

L’arménophobie, la haine envers les Arméniens, est devenue un instrument de légitimation du nationalisme, réprimant ainsi de nombreuses oppositions démocratiques. Les minorités, telles que les Lezghiens et les Talishs en Azerbaïdjan, sont également victimes de ces tensions ethniques grandissantes.

Sur le terrain, l’Église arménienne est aux côtés du peuple arménien, apportant un soutien aux civils. Des aumôniers militaires sont déployés sur le terrain, et le diocèse du Haut-Karabakh, qui avait été pratiquement effacé à l’époque soviétique, a été ressuscité en 1988 pour œuvrer en faveur de la population locale. Le primat du diocèse, un ancien aumônier en chef des armées, coordonne un réseau de prêtres engagés dans des actions humanitaires.

Du point de vue diplomatique, la position du Vatican suscite des interrogations. Le pape François, bien qu’ayant exprimé sa préoccupation face au conflit, n’a pas désigné l’Azerbaïdjan comme l’agresseur.

Cette attitude déçoit de nombreux Arméniens qui se souviennent des liens que le pape avait avec la communauté arménienne lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, en Argentine. Ils espèrent une prise de position plus ferme, à l’instar de celle du pape envers Daech ou l’Ukraine.

Cependant, les récents liens établis entre le Vatican et la fondation Heydar Aliyev dans le cadre de la restauration de sites archéologiques sèment le doute quant à la politique étrangère du Saint-Siège.

En France, la Conférence des évêques de France (CEF) a comparé la situation arménienne à celle de l’Ukraine, soulignant la gravité de la situation. L’Œuvre d’Orient, par le biais de son directeur Monseigneur Pascal Gollnisch, soutient le droit à l’autodétermination des Arméniens du Haut-Karabakh. Mgr Gollnisch, dans un communiqué de septembre 2023, a déploré le sort des Arméniens et la persistance des génocidaires de 1915, appelant à une action internationale plus ferme pour mettre fin à ces atrocités.

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