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Vendredi Saint : le mystère de la Croix au cœur de la foi chrétienne

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« Le Vendredi Saint est le jour du silence, un silence plein de douleur et de compassion, mais aussi d’espérance, car en cette Croix brille déjà la lumière de la Résurrection ».

Le Vendredi Saint, célébré deux jours avant la fête de Pâques, est l’un des moments les plus solennels de l’année liturgique catholique. Ce jour, l’Église commémore la Passion et la mort de Jésus-Christ sur la Croix, événement central de la foi chrétienne. Contrairement aux autres jours saints, la liturgie du Vendredi Saint se distingue par son dépouillement : aucun sacrifice eucharistique n’est célébré, les autels sont nus, et le silence domine.

Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) rappelle que « la mort du Christ est à la fois le sacrifice pascal qui accomplit la rédemption définitive des hommes » (§ 613). En offrant sa vie, Jésus est l’Agneau de Dieu, celui que Jean-Baptiste annonçait en disant : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Par sa Passion, Jésus ne subit pas simplement l’injustice des hommes ; il s’offre volontairement en sacrifice, accomplissant la volonté du Père pour le salut du monde.

Saint Thomas d’Aquin, dans la Somme théologique (IIIa pars, q. 48, a. 1), souligne que « par sa Passion, le Christ a satisfait pour le péché du genre humain et a ainsi mérité notre salut ». Ce sacrifice est unique et parfait. Il ne s’agit pas d’une punition infligée par un Dieu sévère, mais d’un acte d’amour suprême, dans lequel le Fils s’abaisse jusqu’à mourir pour sauver ceux qu’il aime.

Le Vendredi Saint, les fidèles se rassemblent pour la célébration de la Passion du Seigneur, qui comprend trois moments : la liturgie de la Parole avec le récit de la Passion selon saint Jean, la grande prière universelle, et l’adoration de la Croix. La communion eucharistique est distribuée à partir des hosties consacrées la veille, lors de la Messe de la Cène du Seigneur.

Ce jour-là, comme l’enseigne le CEC au § 619, « par son amour jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1), le Christ a manifesté l’amour de Dieu qui veut sauver tous les hommes ». La Croix n’est donc pas un échec, mais le trône d’où le Christ règne. Comme l’écrivait saint Léon le Grand : « Le triomphe de la Croix est notre victoire, le bois sur lequel le Christ fut suspendu est devenu le signe du salut » (Sermon 8 sur la Passion).

L’Église demande aux fidèles de vivre ce jour dans le jeûne et l’abstinence, en signe de pénitence et de participation spirituelle à la souffrance du Christ. Ce jeûne ne se réduit pas à une privation corporelle, mais il est une manière de s’unir plus profondément au Seigneur crucifié, dans un esprit de conversion. Le CEC (§ 1434) indique que « l’aumône, la prière et le jeûne expriment la conversion par rapport à soi-même, à Dieu et aux autres ».Comme le rappelait le pape Benoît XVI dans une homélie du Vendredi Saint 2006 :

« Le Vendredi Saint est le jour du silence, un silence plein de douleur et de compassion, mais aussi d’espérance, car en cette Croix brille déjà la lumière de la Résurrection ».

Pour les premiers chrétiens, la Croix était un scandale. Saint Paul écrit : « Nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Co 1, 23). Et pourtant, c’est précisément sur ce gibet d’infamie que le Fils de Dieu a manifesté sa gloire. Hans Urs von Balthasar, grand théologien du XXe siècle, a montré combien la Croix est la révélation ultime de l’amour trinitaire : « Dans l’abandon du Fils, c’est le cœur même de Dieu qui est mis à nu » (La Gloire et la Croix, t. VI).

Le Vendredi Saint n’est donc pas une fin, mais une ouverture : celle d’un chemin vers la Vie. C’est la porte étroite par laquelle passe la lumière de Pâques. Et si l’Église contemple le Crucifié avec gravité, c’est pour mieux accueillir la joie de la Résurrection.Ainsi, en ce jour, les chrétiens du monde entier s’unissent dans la prière, le jeûne et le silence, pour vénérer Celui qui a aimé jusqu’au bout. La Croix, loin d’être un symbole de mort, devient pour eux l’arbre de Vie.

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