Réponse à Alexandra Schwartzbrod de Libération.
C’est avec un certain plaisir que l’on découvre le titre de l’édito d’Alexandra Schwartzbrod dans Libération, publié le 26 août dernier : « Retour de la religion chez les jeunes : le baptême de l’ère ? » Ce jeu de mots bien tourné est le titre d’un article qui forcément s’applique à mal interpréter l’augmentation du nombre de jeunes cherchant à recevoir le sacrement du baptême. Idéologie oblige, une journaliste de Libération ne peut que déplorer que les jeunes se tournent vers la foi chrétienne.
Rappelons les chiffres :
12 160 jeunes et adultes ont été baptisés à Pâques en 2024, soit 3 836 personnes de plus qu’en 2023 selon les chiffres de la Conférence des évêques de France. Entre 2023 et 2024, 36 % des baptisés adultes avaient entre 18 et 25 ans, alors qu’ils ne représentaient que 23 % avant la pandémie du Covid, une progression de plus de 150 % en cinq ans.
Incompréhension du sens des sacrements
Tout d’abord, la journaliste écrit : « C’est une des nombreuses surprises de ces derniers mois : l’Eglise catholique attire de plus en plus de jeunes, si l’on en croit l’explosion des demandes de baptême dans cette frange de la population depuis cinq ans. ». Cette observation semble réduire le baptême à une simple mode ou tendance, à un phénomène du moment qui arrive comme par surprise… Nous dirons que l’Eglise attire plus car les jeunes comprennent mieux le sens fondamental des choses et de la vie, ils sont en quête de Vérité, que cela plaise ou non à certains idéologues qui souhaiteraient que l’idéologie surpasse l’idéal.
Le baptême, en tant que sacrement fondamental, est bien plus qu’un phénomène temporaire. Comme le rappelle Saint Augustin : « Le baptême est le fondement de la vie chrétienne, la première pierre de notre salut, la grâce qui nous purifie et nous introduit dans le Corps du Christ » (Commentaires sur l’Évangile de Jean).
Ensuite, l’éditorialiste avance : « Le monde actuel serait-il donc si déstabilisant et angoissant que la religion apparaisse comme l’ultime refuge des jeunes ? ». Ce passage dénote une méconnaissance de la nature véritable du baptême et de la foi chrétienne. Quand on voit la lumière, quand on s’éclaire à la lueur de la Vérité, évoquer les bas-fonds de certaines idéologies est assez repoussant.
Dérision teintée d’amertume
Saint Thomas d’Aquin enseigne que « le baptême est le sacrement par lequel nous recevons la grâce de la rémission des péchés et la naissance à une nouvelle vie » (Somme Théologique, III, q. 66, a. 1). Cette grâce ne constitue pas une simple évasion des difficultés contemporaines, mais une véritable régénération spirituelle et une participation à la vie divine. Le sacrement du baptême offre une transformation spirituelle et une communion avec Dieu, qui ne peuvent être réduites à un simple refuge face aux troubles du monde. Le baptisé vise autre chose que les réalités de ce monde, mais il ne s’échappe pas pour autant à ce monde, il acquiert une vision qui lui permet de le supporter et d’aller au large ( duc in altum) des rives du désespoir qu’offre souvent le quotidien de la vie moderne.
Enfin, Alexandra Schwartzbrod observe : « Certains ont (re)découvert les plaisirs de la cuisine et pris dix kilos, d’autres ont retapé leur logement de fond en comble au risque de se bloquer le dos, quelques-uns sont allés au plus simple et se sont tournés vers la religion. » Cette comparaison est non seulement réductrice mais aussi irrespectueuse. Cette dérision facile teintée d’une certaine amertume voire d’une certaine jalousie de ne pas avoir découvert soi-même cette joie profonde indique toutes les limites d’un raisonnement qui se limite à sa simple compréhension des choses, pour le moins très limitée. La transcendance est mise de coté, l’on parle religion comme on parle chiffons, bref on ne sait pas de quoi on parle.
Le baptême est un acte sacré de foi, d’amour et de rédemption, bien au-delà d’une simple activité de loisir ou d’un passe-temps. Le sacrement de baptême est une rencontre avec la grâce divine et un engagement profond envers Dieu, comme l’indique Saint Augustin : « Le baptême est le passage du péché à la grâce, du monde à l’Église, de la mort à la vie » (Commentaires sur l’Évangile de Jean).Réduire cette démarche à une simple réponse à un besoin organisationnel constitue une méprise de la spiritualité chrétienne.
L’éditorial démontre donc une grave incompréhension du sacrement du baptême et de la foi chrétienne. La quête spirituelle des jeunes mérite d’être reconnue pour sa sincérité et sa profondeur, non pour être réduite à une simple réaction face à un monde troublé. Le baptême est un don divin et une transformation sacrée, et il doit être respecté comme tel. Cette tendance dérange forcément tous les tristes sire, les anticléricaux, les agnostiques , les athées et autres victimes du mensonge.