Monseigneur Jordi Bertomeu Farnós, membre du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF), a été nommé par le Pape François commissaire apostolique pour superviser le processus de dissolution de cette société de vie apostolique, dont l’existence a été ternie par des accusations graves d’abus sexuels et de pouvoirs abusifs. Le processus de dissolution devrait commencer dans les jours à venir, marquant un tournant décisif dans l’histoire de cette organisation religieuse péruvienne.
Un missionnaire de l’enquête Apostolique
La nomination de Mgr Bertomeu à ce rôle clé n’est pas un hasard. L’évêque espagnol est un membre reconnu du DDF et a déjà été impliqué dans des missions délicates au sein de l’Église. En 2023, il a participé à une mission apostolique en Amérique du Sud, dirigée par Mgr Charles Scicluna, secrétaire adjoint du DDF, envoyée au Pérou pour enquêter sur les accusations de graves abus commis par des membres du Sodalicio. Cette mission a permis de recueillir des preuves substantielles concernant les abus sexuels et l’abus de pouvoir au sein de cette organisation.
Ces enquêtes ont mené à des décisions lourdes de conséquences : en août 2024, le Pape François ordonnait l’expulsion du fondateur du Sodalicio, Luis Fernando Figari, un homme déjà sanctionné par le Vatican en 2017 pour des accusations d’abus sexuels. Quelques mois plus tard, la Santa Sede annonçait la séparation de 14 autres membres du Sodalicio, bien que les raisons exactes de ces sanctions demeurent, dans certains cas, floues. Cette série d’événements a mené à la dissolution inévitable du Sodalicio de Vida Cristiana.
Il sera chargé de superviser la dissolution de l’ensemble de la société, y compris des autres groupes fondés par Figari, tels que le Mouvement de Vie Chrétienne, les Servantes du Plan de Dieu et la Fraternité Mariana de la Réconciliation. Cette mesure fait suite à un discernement approfondi mené par le Pape François, qui, après une longue réflexion, a conclu qu’il « n’y avait pas de charisme fondateur » au sein du Sodalicio et que Figari « n’avait pas reçu une grâce spéciale » pour établir une œuvre pérenne.
Dans un communiqué publié par le SCV, l’institution a exprimé sa pleine adhésion aux décisions du Saint-Père, affirmant son intention de coopérer « de la meilleure manière possible » pour que le processus se déroule dans la plus grande transparence et en pleine conformité avec les décisions papales. Par ailleurs, l’organisation s’est clairement dissociée de toute publication ou manifestation publique qui irait à l’encontre des décisions du Saint-Père ou des délégués nommés par la Sainte-Église.
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Le Contexte : Une Institution ébranlée par les abus
Le Sodalicio de Vida Cristiana a été fondé dans les années 1970 par Luis Fernando Figari dans le but de promouvoir une vie chrétienne active et apostolique. Cependant, au fil des décennies, des accusations d’abus sexuels, d’abus de pouvoir et de manipulation psychologique ont ébranlé cette organisation. Les révélations sur les abus de Figari et d’autres membres ont mis en lumière des pratiques profondes et douloureuses qui ont affecté des centaines de victimes, principalement des jeunes hommes et des séminaristes.
Le Pape François a suivi de près cette situation et a agi avec fermeté, prenant des mesures drastiques pour purifier l’institution et en dissoudre les structures fondées sur des principes viciés. Le rapport de la mission apostolique, dirigée par Mgr Scicluna et Mgr Bertomeu, a été déterminant dans l’initiative papale de mettre un terme à la société de vie apostolique du Sodalicio.
Originaire de Barcelone, Monseigneur Bertomeu a fait ses études en théologie et a été ordonné prêtre pour le diocèse de Barcelone avant d’être nommé à des fonctions importantes au sein du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Reconnu pour son sérieux, sa rigueur et son engagement dans la défense de la doctrine de l’Église, Mgr Bertomeu a été appelé à prendre la relève dans des missions de grande envergure, marquées par leur complexité et leur impact potentiel sur l’Église universelle.
Son rôle dans la mission d’enquête au Pérou a été décisif, et sa nomination en tant que commissaire apostolique pour la dissolution du Sodalicio témoigne de la confiance du Pape François en ses capacités à gérer des situations difficiles et à apporter des solutions conformes à la vérité et à la justice chrétienne.
Le processus de dissolution du Sodalicio de Vida Cristiana est un geste fort pour l’Église, mais il laisse également une question en suspens : que deviendront les membres du Sodalicio, dont beaucoup ont été affectés par les abus, et qui se trouvent aujourd’hui dans un contexte de déstabilisation spirituelle et institutionnelle ? Le Pape François a exprimé sa volonté de suivre de près la situation et de soutenir ceux qui cherchent à réparer leur vie spirituelle tout en se distanciant des abus.Le processus de dissolution pourrait prendre plusieurs mois, et son impact sera sans doute profond pour les fidèles du Sodalicio, comme pour l’Église péruvienne et au-delà.
