La situation entourant l’ex-prêtre jésuite Marko Ivan Rupnik et son lien avec le cardinal Angelo De Donatis continue de susciter des interrogations au sein de l’Église. ( cf article https://tribunechretienne.com/scandale-entre-abus-manipulations-et-silence-complice-ou-comment-le-cardinal-de-donatis-protege-rupnik/).
En dépit des nombreuses accusations portées contre Rupnik, qui incluent des abus spirituels à caractère sexuel, un jugement officiel de l’Église reste pour l’instant en suspens. La question qui se pose désormais est celle de la responsabilité du cardinal De Donatis, qui semble avoir facilité le parcours de Rupnik au sein de l’Église, malgré les accusations graves qui pèsent sur lui.
Rupnik, durant des décennies, a été une figure influente dans l’Église, particulièrement auprès des prêtres et laïcs, qu’il a formés en tant que maître. Selon plusieurs témoignages, Rupnik a utilisé sa position pour établir une influence considérable, exploitant une théologie déviante et des méthodes manipulatrices pour contrôler ses disciples. Des accusations précises, notamment de « abus spirituels à connotation sexuelle », ont été rapportées par plusieurs témoins, dont des religieuses telles que Gloria Branciani, qui ont eu le courage de rendre publiques leurs expériences. Malgré cela, une partie de l’Église semble encore défendre Rupnik, en rejetant les accusations portées contre lui.
Dans ce contexte, le cardinal Angelo De Donatis, actuel vicaire de Rome, a joué un rôle crucial dans la promotion de Rupnik au sein de l’Église. Il a confié à Rupnik de nombreuses responsabilités, telles que des prédications et des retraites spirituelles. De plus, il semble que De Donatis ait facilité l’intégration de certains proches de Rupnik dans des diocèses, malgré l’absence d’obligation de résider sur place. Par exemple, « Rupnik a été accueilli à Capodistria par Mgr Jurij Bizjak, dont les hésitations ont été surmontées par les pressions du Nuncio apostolique en Slovénie, Mgr Jean-Antoine Speich ». Ce dernier est un ami de Rupnik et un ancien collaborateur du Centre Aletti, un centre fondé par Rupnik.
Le rôle de De Donatis va au-delà de simples protections. Il a également utilisé sa position pour nommer Rupnik à la tête de nouvelles communautés, comme celle qui réside actuellement au couvent de Montefiolo, propriété des Sœurs Bénédictines de Priscilla. Cette communauté, composée d’ex-jésuites proches de Rupnik, a été placée sous la tutelle de De Donatis, qui a été nommé commissaire pontifical des moniales par le Saint-Siège. Ce rôle lui confère des pouvoirs étendus sur la gestion des biens de la communauté, ce qui empêche les religieuses de disposer librement de leurs possessions. De Donatis semble avoir étendu sa bienveillance aux ex-jésuites, les accueillant au sein de cette nouvelle communauté.
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Ce soutien constant à Rupnik et à ses compagnons soulève des questions sérieuses sur l’intégrité des actions de De Donatis, surtout quand on considère les accusations graves qui pèsent sur Rupnik. Si De Donatis continue de protéger Rupnik malgré ces allégations, cela pourrait causer des dommages irréparables à la réputation de l’Église. « Le cardinal salentin s’est fait nommer Commissaire Pontifical des moniales, une nomination qui lui confère des pouvoirs pontificaux (délégués) dans la gestion de la communauté », souligne une source. Cette situation empêche le vicaire de Rome, Mgr Sabina-Poggio Mirteto, de jouer son rôle et de prendre des décisions indépendantes concernant le départ des religieuses.
Il est urgent que le Saint-Siège prenne la situation en main et convoque la supérieure des Sœurs Bénédictines de Priscilla pour clarifier la gestion de De Donatis et vérifier si celle-ci ne nuit pas à la communauté. Les accusations graves contre Rupnik, couplées à la protection manifeste dont il bénéficie, doivent être examinées attentivement, tant pour la justice que pour la vérité. Il est impératif que l’Église réagisse rapidement et prenne des mesures appropriées pour assurer une gestion transparente et responsable de ses communautés, en particulier lorsqu’elles sont confrontées à des situations aussi délicates.
Enfin, il est essentiel que le Saint-Siège enquête sur le rôle de De Donatis dans l’accueil des ex-jésuites à Montefiolo, afin de déterminer si cet acte ne constitue pas une ingérence dans les affaires internes de l’Église, et si ce soutien apporté à Rupnik et à ses disciples ne constitue pas un manquement aux principes fondamentaux de l’Église catholique. Il semble plus que justifié de demander des clarifications sur les actions de De Donatis, en particulier dans le cadre de sa responsabilité en tant que commissaire.