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[ Edito ] Une église sans Dieu est-elle encore une église ?

nef de la cathédrale Notre Dame de Paris @tribunechretienne
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Il n'est pas trop tard. Les pierres ont besoin de prêtres et les hommes ont besoin de Dieu

L’intention est louable. D’anciens paroissiens, désireux de ne pas voir leur église tomber en ruine, s’organisent pour en « faire un lieu de vie ». La formule est récurrente et semble rassurante : théâtre, concerts, conférences, tout y passe. L’église se remplit, les portes restent ouvertes, l’on y entre sans gêne, parfois pour admirer un plafond restauré ou une fresque ancienne révélée par les derniers travaux. L’enthousiasme est sincère.

Mais où est Dieu dans tout cela ?

La vérité est brutale : une église qui n’est plus consacrée à Dieu est une coquille vide. C’est un lieu désacralisé où l’homme occupe la place du Seigneur. Pourtant, ce qui distingue l’église des autres monuments historiques, c’est précisément sa fonction spirituelle. Elle n’est pas un simple vestige du passé, elle est la maison de Dieu, le lieu de la rencontre entre le ciel et la terre. Lorsqu’une messe y est célébrée, elle s’anime d’une présence réelle : celle du Christ Lui-même dans l’Eucharistie.

Sans messe, sans adoration, sans prière, une église devient un tombeau. L’abbé Henri Huvelin disait : « Ce qui fait l’Église, ce n’est pas la pierre, mais la prière qui l’habite ». Peut-on croire qu’un concert de musique sacrée puisse remplacer une seule hostie consacrée sur l’autel ? Peut-on prétendre qu’une exposition de photographies compense une confession offerte à une âme en peine ?Le drame de notre société est là : ayant tourné le dos à Dieu, elle tente de sauver ce qui lui rappelle sa propre origine, mais sans jamais s’y engager pleinement.

On veut garder l’église, mais pas la foi. On préserve l’édifice, mais on répudie le mystère qu’il contient. On entretient les pierres mais on laisse mourir les âmes.

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Ce n’est pas l’église qui revit dans ces « réhabilitations », c’est un certain orgueil humain qui refuse d’avouer la désertion spirituelle dont nous sommes collectivement responsables. Une église sans sacrements n’est plus qu’un monument. Or, si nous nous émouvons tant à la vue d’une église menacée d’abandon, c’est bien parce que nous sentons qu’elle n’est pas un lieu comme les autres.

Que valent toutes les manifestations culturelles face au sacrifice réel du Christ renouvelé sur l’autel ? Qu’est-ce qu’un concert face à une seule messe offerte pour les vivants et les morts ? Rien ne pourra jamais remplacer la présence réelle de Dieu dans le tabernacle. Et c’est pourquoi, tant que les églises resteront sans messe, elles seront mortes. Peu importe combien de spectacles viendront meubler leur silence.

Si ne restent que les pierres, elles demeurent pourtant porteuses de la mémoire des lieux. Mais les hommes en sont les dépositaires et ne peuvent la profaner au nom de l’utilitarisme et d’une simple logique économique. Car une église n’est pas un bien comme un autre : elle est pour toujours un signe, une présence, un héritage vivant. La réduire à sa seule valeur matérielle, c’est nier son âme et trahir ceux qui l’ont édifiée pour la gloire de Dieu.

Il n’est pas trop tard. Les pierres ont besoin de prêtres et les hommes ont besoin de Dieu. L’avenir d’une église ne se trouve pas dans l’agenda culturel, mais dans le retour à la foi. Ce n’est qu’ainsi que ces lieux cesseront d’être des tombeaux pour redevenir ce qu’ils sont : des maisons de prière, des portes ouvertes sur l’éternité.

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