Vendredi 14 mars, le Vatican, par l’intermédiaire de son service officiel d’information, a relayé la condamnation énergique de la Conférence épiscopale du Mexique (CEM) suite à la macabre découverte d’un « camp d’extermination » à Teuchitlán, dans l’État mexicain de Jalisco. Ce lieu, où des crématoriums clandestins auraient été installés par le Cártel Jalisco Nueva Generación, constitue l’une des « expressions les plus cruelles de la méchanceté et de la misère humaine » que le pays ait connues.
Dans un communiqué daté du 12 mars et signé par Monseigneur Ramón Castro Castro, président de la CEM et évêque de Cuernavaca, ainsi que par Héctor M. Pérez Villarreal, évêque auxiliaire de Mexico et secrétaire général, les évêques ont exprimé leur « douleur et indignation » face à cette tragédie. Vatican News précise que la CEM a souligné l’existence probable de nombreux autres lieux similaires dans le pays, où des « crimes parmi les plus graves contre l’humanité » sont commis.
Les prélats dénoncent la « violence qui porte directement atteinte à la dignité sacrée de la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu ». Ils critiquent également « l’omission irresponsable » des autorités face à l’augmentation de 40 % des disparitions forcées, alors que les homicides volontaires enregistreraient une baisse de 15 %. Selon eux, cette contradiction révèle « une politique de dissimulation » et un manque de volonté gouvernementale pour affronter la crise qui touche principalement les jeunes.
Les évêques ont salué le courage et la ténacité des mères et des collectifs citoyens, à l’image de l’association « Familias Unidas por Nuestros Desaparecidos Jalisco » (Familles unies pour nos disparus Jalisco), qui multiplient les initiatives pour retrouver leurs proches.Notons que c’est le collectif « Guerreros buscadores », composé de proches des disparus, qui a permis la découverte de ce site, où ont été retrouvés des restes humains, des chaussures, des chemises et d’autres objets appartenant aux victimes.
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Dans leur message, les prélats exhortent les autorités à « enquêter de manière transparente et efficace », à « renforcer d’urgence les mécanismes de recherche et d’identification » et à « mettre en place des politiques efficaces pour prévenir ces crimes atroces ». Ils appellent également à « rompre définitivement avec les alliances entre le crime organisé et certains cercles politiques ».
La CEM a réaffirmé son engagement à « être la voix des sans-voix » et à « offrir sa participation à des espaces de dialogue et de collaboration pour répondre à cette crise humanitaire, accompagner les victimes et contribuer à la reconstruction du tissu social si endommagé par ces actes d’extrême violence ».
En cette période de Carême, les évêques invitent les fidèles à intensifier leurs prières pour les disparus et à faire preuve d’une solidarité active. Une messe sera célébrée à cet effet ce samedi 15 mars à 15 heures dans la cathédrale métropolitaine de Mexico, sous la présidence de l’évêque auxiliaire Javier Acero Pérez.
Dans le même esprit, l’association « Familias Unidas » appelle à une manifestation pacifique le même jour à 18 heures au rond-point des disparus, demandant à chacun de venir avec une bougie et une paire de chaussures en hommage aux victimes. « Soyons la voix de ceux qui ont été réduits au silence », peut-on lire dans leur appel.Face à cette tragédie, l’Église catholique du Mexique affirme son engagement indéfectible à soutenir les victimes et à promouvoir la justice et la vérité. « En tant que société et en tant que nation, nous devons nous engager à ne plus jamais recommencer », conclut le message de la CEM.