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[ Conclave 2025 ] Un collège électoral universel, mais quelle unité pour l’Église de demain ?

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Plus que les chiffres, c’est la composition même du collège électoral qui interpelle.Le choix du futur pontife reposera très largement sur des cardinaux façonnés par l’esprit du pontificat actuel

Le 7 mai s’ouvrira à Rome le conclave destiné à élire le 267e successeur de saint Pierre. Composé de 135 cardinaux électeurs issus des cinq continents, ce conclave s’annonce comme le plus universel de l’histoire récente de l’Église. Mais derrière cette diversité géographique, c’est aussi une certaine ligne théologique et pastorale,façonnée à 80 % par le pape François ,qui pèsera sur le choix du futur pontife.

Le 7 mai 2025, le Collège cardinalice se réunira en conclave pour élire un nouveau pape. Officiellement, 135 cardinaux ont le droit de vote. Deux d’entre eux ont cependant annoncé qu’ils ne participeront pas en raison de problèmes de santé. Ils seront donc 133 à entrer en clôture dans la chapelle Sixtine.L’Europe demeure majoritaire avec 53 électeurs (39 % du total), mais sa domination n’est plus ce qu’elle était : elle représentait 50 % en 2005, puis 52 % en 2013. Le poids croissant de l’Asie (23 électeurs), de l’Afrique (18), de l’Amérique du Sud (17), de l’Amérique du Nord (16) et de l’Océanie (4) traduit une réalité nouvelle : le centre de gravité de l’Église se déplace vers le Sud et l’Est. L’Italie reste le pays le plus représenté (17 cardinaux), suivie des États-Unis (10) et du Brésil (7).

Plus que les chiffres, c’est la composition même du collège électoral qui interpelle

108 des 135 cardinaux électeurs ont été créés par le pape François. À peine 22 ont été nommés par Benoît XVI et seulement 5 par saint Jean-Paul II. Cela signifie que le choix du futur pontife reposera très largement sur des cardinaux façonnés par l’esprit du pontificat actuel : accent mis sur les périphéries, dialogue interreligieux, option préférentielle pour les migrants et les exclus, mais aussi relativisation de la doctrine au profit d’une pastorale dite « d’accompagnement ».

Cette évolution inquiète beaucoup de fidèles , qui craignent qu’un successeur choisi dans la stricte continuité bergoglienne n’aggrave encore certaines confusions doctrinales et disciplines fragilisées, notamment dans les domaines de la liturgie, de la morale familiale, ou de la place des prêtres dans l’Église.

Notons que la diversité du collège cardinalice reflète l’universalité de l’Église : des grandes capitales aux diocèses plus marginaux, les électeurs viendront de 66 pays différents. Le cardinal le plus éloigné géographiquement réside à Melbourne, en Australie. Des pays d’ancienne chrétienté comme la Belgique, la Croatie, les Pays-Bas ou la Suède seront représentés par un seul cardinal chacun. En Afrique, la répartition est équilibrée, tandis qu’en Asie, l’Inde et les Philippines dominent.

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Mais cette universalité, bien qu’en elle-même un signe de catholicité, ne saurait suffire. La question est de savoir si cette Église multiple et mondialisée est encore unie par une foi commune, un langage doctrinal clair, une discipline respectée. L’ouverture au monde, si elle n’est pas enracinée dans la fidélité à l’Évangile, peut devenir dispersion. Une Église « polyphonique » ne peut survivre sans une vérité qui fasse autorité.

Ce conclave s’ouvre dans un climat mondial troublé, entre crises géopolitiques, insécurité culturelle, sécularisation galopante et interrogations internes à l’Église. Le prochain pape devra répondre à une question cruciale : l’Église catholique est-elle encore le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5,13-14) ou se contente-t-elle de devenir un acteur humanitaire parmi d’autres, diluant sa mission dans les discours de tolérance et de coexistence ?

La réponse à cette question dépendra beaucoup de l’homme qui sera choisi. Un pasteur certes universel, mais surtout fidèle à l’héritage reçu. Un pape capable de renouer avec la clarté doctrinale de Benoît XVI, et le courage prophétique de Jean-Paul II, qui n’a jamais confondu ouverture au monde et reniement de la vérité. Car, comme l’écrivait saint Paul : « Prêche la parole, insiste à temps et à contretemps, reprends, menace, exhorte » (2 Tm 4,2).

Ce conclave sera donc bien plus qu’un exercice de représentation géographique. Il sera une bataille silencieuse entre différentes visions de l’Église. Que l’Esprit Saint éclaire les cardinaux électeurs. Qu’il leur inspire un choix qui ne s’inscrive pas dans une continuité purement bergoglienne, celle d’une “vraie-fausse ouverture” qui se ferme à la vérité, mais dans une logique de charité authentique, où toute âme est accueillie… à condition qu’elle accepte de se convertir à la lumière du Christ.

L’avenir de l’Église ne dépend pas de son aptitude à séduire les médias ou les membres de l’ONU. Il dépend de sa fidélité au Christ, son unique Époux et Seigneur.

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