Religieux prémontré (+ 1152)
En ce mois de juin où l’Église célèbre la mémoire de saint Gilbert, la figure de ce noble auvergnat devenu abbé prémontré rappelle que la sainteté peut jaillir aussi bien du fracas des batailles que du silence des cloîtres. Né dans la haute noblesse d’Auvergne, Gilbert mena d’abord la vie d’un chevalier, engagé dans les combats du siècle. Il participa à la deuxième croisade (1147-1149), prêchée avec ferveur par saint Bernard à Vézelay et menée par le roi Louis VII. Comme tant d’autres, il fut témoin de l’échec militaire et spirituel de cette expédition.Mais ce revers n’éteignit pas en lui le désir d’héroïsme : il le transforma. Rescapé des désastres d’Orient, Gilbert choisit le combat intérieur de la conversion. Sous l’influence de l’abbé prémontré Ornifiers, il se fit moine à Dilo, avant de fonder en 1150 l’abbaye de Neuffontaines, dans l’actuel département de l’Allier, où il devint le premier abbé.
La sainteté de Gilbert ne fut pas un chemin solitaire : il fut époux de sainte Péronelle, qu’il fit entrer au monastère d’Aubeterre, qu’il avait lui-même fondé pour elle et leur fille, la bienheureuse Poncie, qui succéda à sa mère comme abbesse. Ainsi naquit une lignée de sainteté familiale, unie dans la consécration.Fidèle au charisme de saint Norbert, Gilbert construisit un hôpital à Neuffontaines, où il accueillait malades et pauvres. On rapporte que des guérisons miraculeuses survenaient par son intercession, notamment chez les enfants malades. Pénitent, charitable, infatigable, il mourut le 5 juin 1152, demandant à être inhumé parmi les pauvres.
La ferveur populaire autour de sa tombe n’a jamais faibli. En 1645, ses restes furent retrouvés et la date du 26 octobre, jour de la translation, devint sa fête liturgique. Reconnu par le pape Benoît XIII en 1728, le culte de saint Gilbert demeure vivant, bien que ses reliques aient disparu durant la tourmente révolutionnaire en 1791.Comme le soulignait un internaute historien, saint Gilbert, parfois nommé Gilbert de Neuffonts, fut un homme de cour avant d’être un homme de Dieu, conseiller des rois Louis VI et Louis VII. Mais c’est auprès des lépreux, des moines et des pauvres qu’il a trouvé la paix, en servant Celui qu’il appelait désormais son seul Roi.
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