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Saint Ephrem le Syrien

Issu d’une famille païenne, il fut chassé de la maison paternelle en raison de sa fréquentation des chrétiens

Diacre et Docteur de l’Église (+373)

Né vers 306 à Nisibe, dans l’actuelle Turquie, saint Ephrem le Syrien est une figure lumineuse de l’Église des premiers siècles. Sa vie, toute empreinte de service, d’humilité et de feu théologique, a profondément marqué la tradition syriaque et l’Église universelle. Il fut appelé à juste titre la cithare du Saint-Esprit, tant ses hymnes ont su faire résonner la louange de Dieu dans les cœurs.Issu d’une famille païenne, il fut chassé de la maison paternelle en raison de sa fréquentation des chrétiens. Recueilli par l’évêque de Nisibe, il fut baptisé à l’âge de 18 ans et devint rapidement l’un des piliers spirituels de la communauté. Il ne cherchera jamais à gravir les échelons hiérarchiques : ordonné diacre, il refusa d’être prêtre, préférant rester humble serviteur de l’autel, au service de la Parole et des pauvres.

Théologien ardent, saint Ephrem fonda à Nisibe une école réputée, avant de fuir l’invasion perse pour rejoindre Édesse, où il poursuivit son œuvre catéchétique. Il y établit une nouvelle école théologique et se livra à une activité intellectuelle et spirituelle intense. Par ses écrits – commentaires bibliques, traités, homélies et surtout hymnes –, il fut un redoutable défenseur de l’orthodoxie face aux hérésies, et l’un des premiers à employer la musique et la poésie comme armes de vérité.

Chaque dimanche et lors des grandes fêtes, il se tenait parmi les vierges, chantant avec sa harpe les louanges du Christ, remplaçant les chants profanes et les fausses doctrines par des poèmes de feu. « Toute la ville alors se réunissait autour de lui », témoigne un contemporain. Ses hymnes, riches en images et en paradoxes, sont considérés comme les prémices du chant liturgique en langue syriaque.

Son œuvre colossale, d’une rare profondeur spirituelle, impressionna jusqu’aux Papes de notre temps. Benoît XVI, lors d’une catéchèse en 2007, le désigna comme le plus grand poète de l’époque patristique. Il salua chez lui « une théologie de l’image et du symbole », où le monde et l’Écriture se répondent comme deux livres ouverts sur la gloire de Dieu.

Profondément marqué par le mystère de l’Incarnation, Ephrem n’a cessé de chanter la grandeur du Christ et la dignité de la Vierge Marie. « Il n’y a pas de rédemption sans Jésus et pas d’incarnation sans Marie », affirmait-il. La tendresse de son regard envers la femme s’allie à une rigueur doctrinale exemplaire, faisant de lui un modèle pour les chrétiens d’Orient et d’Occident.

Mort en 373, il laisse derrière lui une œuvre immense, imprégnée de l’esprit de service et de contemplation. Sa prière de Carême, toujours récitée dans les Églises d’Orient, exprime toute sa profondeur spirituelle :

Seigneur et maître de ma vie, ne m’abandonne pas à l’esprit d’oisiveté, d’abattement, de domination et de vaines paroles. Mais accorde-moi l’esprit d’intégrité, d’humilité, de patience et d’amour, à moi ton serviteur. Oui, Seigneur Roi, donne-moi de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère, car Tu es béni dans les siècles des siècles. Amen.

Saint Ephrem demeure une figure essentielle pour comprendre l’enracinement de la foi dans la culture orientale et l’union entre beauté, vérité et humilité. Que son exemple inspire encore aujourd’hui les catéchètes, les diacres et les poètes de Dieu.

Avec Nominis

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