À peine un mois après son élection, le pape Léon XIV offre une première indication concrète sur la manière dont il entend interpréter la « synodalité », l’un des mots-clés du pontificat de son prédécesseur. Un geste liturgique, apparemment anodin, mais lourd de signification, envoie un signal clair. Le 11 juin, le Bureau des célébrations liturgiques a annoncé que le pape présidera la messe de la solennité des saints apôtres Pierre et Paul, le 29 juin prochain, en la basilique Saint-Pierre. Il y bénira et imposera les palliums aux nouveaux archevêques métropolitains. Une décision qui marque un retour à la pratique instaurée par saint Jean-Paul II, abandonnée en 2015 par le pape François.
Le pallium, bande de laine blanche marquée de croix noires, symbolise l’union de l’archevêque métropolitain avec le successeur de Pierre. À partir de 2015, François avait choisi de ne plus imposer personnellement cet ornement à Rome, laissant cette mission aux nonces apostoliques dans les diocèses d’origine. Une manière, expliquait alors Mgr Guido Marini, de souligner la place de l’Église locale dans une « Église synodale ».
Le cardinal Jean R. Quinn voyait même dans cette réforme « un appel à ouvrir de nouveaux chemins vers une vraie synodalité ». La centralisation romaine laissait place à une mise en valeur de la communion locale.Mais avec Léon XIV, le geste revient à Rome, au cœur de la catholicité. Une inflexion qui n’est pas anodine : « Les papes passent, la Curie reste », affirmait-il dès le 24 mai. Pourtant, ce choix indique que le nouveau pape ne se contente pas de poursuivre fidèlement les gestes préparés pour son prédécesseur.
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Dès le 19 mai, il avait affirmé vouloir « poursuivre l’engagement du pape François pour promouvoir le caractère synodal de l’Église catholique ». Mais sa décision récente suggère une autre lecture de cette synodalité : plus ancrée dans l’universalité romaine que dans la décentralisation locale.
Dans une Curie encore imprégnée de l’ère François, chaque décision du nouveau pape est scrutée. Et alors que les véritables réformes ne sont généralement lancées qu’à l’automne, ce signal envoyé en juin laisse entendre une volonté de réorientation. Le cardinal Robert Prevost, ancien préfet du Dicastère pour les évêques devenu pape Léon XIV, sait parfaitement la portée symbolique d’un tel changement dans le traitement des archevêques.Rendez-vous le 29 juin. L’imposition solennelle des palliums pourrait bien marquer, discrètement mais fermement, le début d’une relecture de la « synodalité » à la lumière de Rome.