Ce dimanche 22 juin 2025, jour de la solennité du Corps et du Sang du Christ, le pape Léon XIV présidera une messe solennelle sur le parvis de la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome à 17h. Cette célébration sera suivie d’une procession eucharistique en direction de la basilique Sainte-Marie-Majeure, selon une tradition pluriséculaire. À l’issue de cette marche solennelle le long de la via Merulana, le Souverain Pontife bénira les fidèles avec le Saint-Sacrement. Cette liturgie marquera également la clôture du Jubilé des Gouvernants, pèlerinage organisé dans le cadre de l’Année Sainte.
La Fête-Dieu, ou Fête du Saint-Sacrement, fut instituée au XIIIe siècle à la suite des révélations reçues par sainte Julienne de Cornillon. En 1264, le pape Urbain IV en fit une solennité pour l’Église universelle à travers la bulle Transiturus de hoc mundo. Cependant, il fallut attendre le pontificat de Jean XXII pour que la procession eucharistique devienne une pratique généralisée, en 1318. Depuis, cette fête s’est répandue dans tout l’Occident, avec des processions solennelles où l’ostensoir contenant le Corps du Christ est porté sous un dais, entre draperies et pétales de fleurs. Le Concile de Trente (1545-1563) a confirmé la légitimité de cette manifestation publique de foi, soulignant la présence réelle du Christ dans l’eucharistie.
La Fête-Dieu est centrée sur l’adoration de Jésus-Christ réellement présent sous les espèces du pain et du vin. Comme l’a écrit saint Thomas d’Aquin, docteur de l’Église et auteur des hymnes liturgiques de la Fête-Dieu, « ce sacrement est la mémoire de la Passion du Christ, la plénitude de la vie spirituelle, le gage de la gloire future » (Summa Theologiae, IIIa q. 73, a. 4). Saint Jean Chrysostome, quant à lui, rappelait avec force : « Lorsque tu vois le Seigneur sacrifié et posé sur l’autel, et le prêtre se penchant sur le sacrifice et priant, penses-tu encore être parmi les hommes et demeurer sur la terre ? N’es-tu pas aussitôt transporté dans le ciel ? » (Homélie 3 sur Isaïe).
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La solennité du Corps et du Sang du Christ invite ainsi chaque fidèle à approfondir le mystère de l’eucharistie, non seulement comme acte liturgique, mais comme nourriture de vie éternelle, donnée gratuitement par le Seigneur. Cette fête est la célébration du Dieu d’amour qui se donne à nous en nourriture : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jean 6, 54). Elle prolonge le mystère du Jeudi saint dans une dimension d’adoration publique et de témoignage collectif de foi.Dans plusieurs pays, comme la France, la procession de la Fête-Dieu a pratiquement disparu, reléguée à quelques villages fidèles à la tradition, notamment au Pays basque. Cependant, dans d’autres régions comme l’Espagne, la Pologne ou l’Italie, elle reste un événement religieux et populaire de grande ampleur. Depuis le concile Vatican II, la liturgie met davantage l’accent sur le lien entre cette fête et l’institution de l’eucharistie, soulignant son rôle de nourriture et de communion, notamment par la distribution du Corps et du Sang lors de la messe. Mais le sens profond reste inchangé : « L’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie chrétienne » (Concile Vatican II, Lumen Gentium, n°11).
En marchant à la suite du Saint-Sacrement ce dimanche dans les rues de Rome, le pape Léon XIV ne fera pas qu’honorer une tradition : il rappellera au monde, par la prière et la procession, que le Christ est toujours vivant et réellement présent au milieu de son peuple.