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EXCLUSIVITÉ « il s’agissait d’une attaque idéologique » : la réaction de Christian Espeso après le jugement qui annule sa suspension

Christian Espeso - DR
Christian Espeso - DR
Dans cet entretien exclusif accordé à Tribune Chrétienne , Monsieur Christian Espeso revient sur ce qu’il considère comme un combat gagné pour la liberté de l’enseignement, et exprime sa gratitude envers les nombreuses familles qui l’ont soutenu

Tribune Chrétienne s’est procurée l’intégralité du jugement du tribunal administratif de Pau, qui a annulé vendredi 20 juin 2025 la suspension de Christian Espeso, directeur de l’établissement catholique de l’Immaculée Conception à Pau.Dans cet entretien exclusif, il revient sur ce qu’il considère comme un combat gagné pour la liberté de l’enseignement, et exprime sa gratitude envers les nombreuses familles qui l’ont soutenu.

La décision du tribunal est tombée vendredi après-midi. Que retenez-vous de ce jugement ?

Christian Espeso : La décision me donne raison sur l’ensemble des points, à l’exception d’un seul, relatif au non-rattrapage d’un cours lors d’une marche vers Lourdes. Mais c’est tellement anecdotique… Ce jugement est avant tout une reconnaissance forte, et surtout, une victoire pour la liberté de l’enseignement dans notre pays.

Quel a été votre premier sentiment à l’annonce du jugement ?

C’est un soulagement, bien sûr. Mais surtout, je ressens que ce n’est pas une victoire personnelle, ma personne n’est pas l’enjeu principal. Ce qui s’est joué ici, c’est la possibilité pour les établissements catholiques d’exercer librement leur mission. Et sur ce point, le tribunal a été très clair. La liberté de l’enseignement, c’est un pilier essentiel de notre République.

Souhaitez-vous réagir à l’attitude du rectorat de Bordeaux dans cette affaire ?

Je me garderai bien de tout commentaire à l’égard du rectorat. Le tribunal a tranché.

Et à titre personnel, que ressentez-vous aujourd’hui ?

C’est la reconnaissance de ce que je clame depuis le début : il s’agissait d’une attaque idéologique, sans fondement. Dès novembre 2024, le juge des référés m’a donné raison. Puis le rapporteur public indépendant nous a soutenus sur tous les griefs. La vérité a triomphé, et cela me satisfait profondément.

Vous avez été vivement critiqué dans certains médias…

Oui, certains propos relayés étaient mensongers, sibyllins, voire diffamatoires. Mon honneur a été atteint, mais ceux qui me connaissent n’ont jamais douté. C’est ce qui a donné naissance à ce comité de soutien. Les parents et les élèves ne se sont pas laissé abuser. Je me souviens du chant qu’ils ont écrit en mon honneur après ma suspension… Cela m’a profondément ému. Je n’ai pas pleuré, parce que je suis un homme, mais j’ai été bouleversé.

Justement, que souhaitez-vous dire aujourd’hui à ces 300 familles qui vous ont soutenu ?

Ce ne sont pas simplement des parents d’élèves. J’éprouve pour eux une amitié sincère, authentique. Ce sont eux qui, dans la tourmente, ont agi avec une loyauté et une fidélité que l’enseignement catholique aurait dû montrer. Dans ces moments où les balles sifflent, comme on dit, on voit vraiment qui est là. Je leur suis infiniment reconnaissant.

Cette épreuve changera-t-elle votre manière d’exercer votre métier ?

Pas une seconde. Je n’ai rien à changer. J’exerce ma mission en lien avec ma foi, et je cherche sans cesse de nouvelles manières de transmettre les connaissances et les valeurs. Je continuerai à affirmer que l’excellence se conjugue avec la démocratie, et que cela constitue le véritable élitisme républicain. C’est cela, le fond du combat que nous avons mené, une certaine vision de l’école. Et je continuerai à la défendre, sans relâche.

Pensez-vous que cette décision de justice puisse faire jurisprudence ?

Sur certains aspects, oui. Notamment sur les questions liées aux faits religieux et à la catéchèse. Le jugement apporte des clarifications : qu’est-ce qui relève du fait religieux ? Qu’est-ce qui relève de l’enseignement confessionnel ? Des réponses ont été apportées, et elles sont importantes pour l’ensemble des établissements catholiques.

Le rectorat de l’Académie de Bordeaux dispose désormais d’un délai de deux mois pour faire appel de cette décision.Mais quelle que soit la suite, Christian Espeso se tient aujourd’hui comme un homme droit, sincère, honnête dans sa foi comme dans sa parole de responsable d’établissement

Propos recueillis par Philippe Marie

Intégralité du Jugement du tribunal administratif

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