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« Notre-Dame de Paris mérite mieux », affirme un chanoine de la cathédrale de Paris

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Depuis sa réouverture en décembre 2024, Notre-Dame traverse une série de turbulences : plomb, amiante, vitraux contestés et climat interne dégradé. Le malaise grandit, et certains appellent désormais à une "visite fraternelle"

Depuis sa réouverture au culte le 8 décembre 2024, la cathédrale Notre-Dame de Paris connaît une série de difficultés préoccupantes : pollution persistante, tensions internes, gouvernance critiquée. À ces défis techniques s’ajoutent de nombreuses controverses en coulisse. Tribune Chrétienne alerte depuis plusieurs semaines sur un climat de plus en plus lourd, et la question d’une intervention extérieure commence à se poser sérieusement.

De son coté, Le Canard Enchaîné évoquait le 17 juin que plusieurs vitraux restaurés dans les années 1960 contiennent du mastic à l’amiante. Tant que les verrières restent intactes, le risque demeure contenu. Mais toute opération de démontage pourrait provoquer la libération de fibres nocives, suscitant l’inquiétude pour la santé des visiteurs comme pour la sécurité du clergé.La cathédrale reste également marquée par la présence de poussières de plomb, résidus de l’incendie de 2019. Deux préfets s’opposent sur la conduite à tenir, les experts temporisent, et les fidèles, eux, continuent de prier dans un environnement dont l’atmosphère reste chargée, au sens propre comme au figuré.

En parallèle, la décision du ministère de la Culture de remplacer les baies sud par des vitraux contemporains a déclenché une forte contestation. Un avis controversé de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) a été présenté comme un consensus. Résultat : une pétition a déjà recueilli près de 300 000 signatures. Pour de nombreux catholiques, cette transformation trahit l’esthétique sacrée de Notre-Dame. « On sacrifie la beauté liturgique sur l’autel de la modernité », estime un fidèle régulier.

Mais le malaise est plus profond encore. Tribune Chrétienne écrivait dès le 17 juin que « le deuxième incendie est plus grave que les flammes ». Des dizaines de témoignages reçus depuis plusieurs mois décrivent une gouvernance jugée incohérente, marquée par des décisions unilatérales et un climat interne irrespirable . Le recteur, Monseigneur Ribadeau Dumas, est au cœur des critiques, notamment pour un manque de transparence dans ses choix.

« Depuis l’affaire de Mgr Aupetit, les prêtres du diocèse de Paris se sentent humiliés », nous confie, sous couvert d’anonymat, un chanoine de la cathédrale. Et d’ajouter avec gravité : « Notre-Dame de Paris mérite mieux. »

Un épisode symbolique reste la nomination en juin 2024 d’un jeune organiste de 21 ans, sans appel à candidatures ni concours. Plusieurs organistes titulaires ont été écartés sans explication. La méthode suscite l’incompréhension et renforce le sentiment d’un pilotage autoritaire, imposé et humiliant pour les organistes d’experience.

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À cela s’ajoutent des rumeurs persistantes sur les mœurs de la gouvernance en place :ces rumeurs reviennent régulièrement dans les échanges que nous avons eu avec des prêtres du diocèse de Paris mais également avec de laïcs qui disent tout en privé mais refusent de parler officiellement: trop peur d’une nouvelle affaire pour l’Eglise…et trop peur pour leur place. Pourtant plusieurs témoignages évoquent des comportements  » contraires à l’enseignement de l’Eglise », et une confusion des rôles .

Tous ces éléments, sans avoir donné lieu à des communications officielles, alimentent un malaise grandissant dans l’entourage pastoral.Monseigneur Ulrich, archevêque de Paris, semble suivre la situation sans encore y apporter de réponse visible.Contacté par téléphone, Monseigneur Patrick Chauvet, ancien recteur de Notre-Dame, déclare simplement : « Je suis très heureux à l’église de la Madeleine », laissant deviner un soulagement d’avoir laissé derrière lieu un panier de crabes…

Dans ce contexte, plusieurs voix s’élèvent pour demander une intervention : certains évoquent une enquête canonique, d’autres appellent à un audit . Mais d’autres encore, dans un esprit plus pastoral, parlent d’une visite fraternelle, pour comprendre ce qui se joue réellement au sein de cette cathédrale emblématique. À vouloir sauver uniquement la pierre, ne risque-t-on pas d’oublier les âmes ? Notre-Dame est debout, majestueuse. Mais la communion ecclésiale, elle, vacille. Jusqu’à quand pourra-t-on ignorer les signaux d’alerte ?

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