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Monseigneur Iannone nommé préfet du Dicastère pour les Évêques : Monseigneur Aveline a-t-il été victime de sa gestion des affaires marseillaises ?

Monseigneur Iannone , le Pape Léon XIV - DR
Monseigneur Iannone , le Pape Léon XIV - DR
Beaucoup le pressentaient comme futur préfet du Dicastère pour les Évêques, mais c’est Mgr Filippo Iannone que le pape Léon XIV a choisi. Les révélations de Paris Match et la demande de démission d’un collectif marseillais auraient-elles pesé dans la décision ?

C’est la première nomination majeure de Curie faite par le pape Léon XIV depuis son élection. Vendredi 26 septembre, la salle de presse du Saint-Siège a confirmé que Mgr Filippo Iannone, archevêque italien de 67 ans et carme, devient le nouveau préfet du Dicastère pour les Évêques. Il succède ainsi à Robert Francis Prevost, devenu pape en mai dernier après avoir lui-même dirigé ce dicastère durant deux ans. La portée symbolique est forte : un canoniste religieux succède à un canoniste religieux, Iannone étant carme et Léon XIV augustinien.

Le pape connaît bien Mgr Iannone, qu’il a côtoyé alors qu’il était cardinal et membre du Dicastère pour les Textes législatifs, dirigé par le prélat napolitain depuis 2018. Cette proximité et cette confiance expliquent en partie pourquoi Léon XIV a choisi de confier un poste aussi stratégique à un homme discret, rigoureux et réputé pour sa sobriété. Le nouveau préfet prendra ses fonctions le 15 octobre prochain. En parallèle, il assumera aussi la présidence de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, ce qui élargit encore son rôle au-delà des nominations épiscopales.

Le pape a confirmé dans leurs fonctions les principaux collaborateurs du dicastère : Mgr Ilson de Jesus Montanari, archevêque brésilien, reste secrétaire, et Mgr Ivan Kovač, originaire de Bosnie-Herzégovine, conserve le poste de sous-secrétaire.

Né à Naples en 1957, entré chez les Carmes en 1976 et ordonné prêtre en 1982, Monseigneur Iannone a suivi une brillante formation juridique et théologique. Avocat rotal ( tribunal suprême du Saint-Siège) , docteur en droit civil et canonique, professeur de droit canonique à Naples, il s’est imposé comme une référence académique et un gouvernant discret.Nommé évêque auxiliaire de Naples en 2001 par Jean-Paul II, il devient alors le plus jeune évêque d’Italie. Benoît XVI le nomme ensuite à la tête du diocèse de Sora-Aquino-Pontecorvo, puis vice-gérant de Rome auprès du cardinal Agostino Vallini. Il a également été membre de la Signature apostolique, consultor de plusieurs dicastères et du Conseil pour les affaires juridiques de la Conférence épiscopale italienne.

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Depuis 2018, il était préfet du Dicastère pour les Textes législatifs, où il s’est distingué par son engagement dans la réforme de la justice ecclésiale. Il a contribué à l’actualisation de Vos estis lux mundi et à l’extension du système pénal canonique aux laïcs, un pas décisif dans la lutte contre les abus.

Cet aspect de son parcours donne à sa nomination une résonance particulière, dans un contexte où l’Église cherche à renforcer sa crédibilité morale.

Monseigneur Aveline

Cette nomination met en lumière un grand absent : Monseigneur Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, longtemps pressenti pour ce poste. Jeud18 septembre encore, il avait été reçu en audience privée par le pape Léon XIV, un rendez-vous qui aurait pu sceller son avenir à Rome. Mais les récentes polémiques ont pesé lourd : les révélations de Paris Match et la demande de démission formulée par un collectif marseillais ont fragilisé sa candidature.Pour de nombreux observateurs, Rome a préféré écarter un profil prometteur mais exposé, au profit d’un canoniste expérimenté et sans controverse.

Le choix de Léon XIV est perçu comme un signal adressé à l’épiscopat français : le pape privilégie la stabilité et la compétence technique à la prise de risque politique. En laissant de côté le cardinal Aveline, il prive la France d’une influence directe sur l’un des dicastères les plus puissants de la Curie.Monseigneur Filippo Iannone, discret mais solide, incarne désormais la continuité d’une ligne canonique et juridiquement sûre dans les nominations épiscopales, une orientation qui pourrait marquer durablement le pontificat de Léon XIV.

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