Dans son message, publié juste avant que les électeurs ne se rendent aux urnes le 9 juin prochain, le Pape François nous offre une comparaison étonnante : les migrants d’aujourd’hui sont comme le peuple d’Israël fuyant l’Égypte. Vraiment ?
Nous savons que tout est dans la main de Dieu mais nous nous interrogeons sur les propos de Sa Sainteté le Pape François. Peut-on vraiment comparer le peuple élu d’Israël, choisi par Dieu pour recevoir sa Parole et conclure la première Alliance, avec des migrants fuyant leurs pays victimes de la guerre ou de dérèglements climatiques ?
Le peuple d’Israël a fui l’Égypte, guidé par la main de Dieu, pour échapper à l’esclavage imposé par la dureté de Pharaon, afin d’accomplir la promesse divine de la Terre promise. Mais en quoi l’Europe serait-elle la terre promise par Dieu ?
De plus, les migrants fuient leur propre pays et bien qu’ils ne soient pas réduits à l’esclavage au sens strict, ils sont souvent opprimés, que ce soit par leurs propres dirigeants ou par des conflits locaux. Leur fuite est donc uniquement motivée par la nécessité de trouver un travail ou des conditions de vie matériellement plus favorables, et non pas de témoigner de leur fidélité à Dieu.
La traversée de la Méditerranée serait-elle la traversée du désert du Sinaï ?
C’est dans ce désert que, selon le récit de l’Exode, Moïse a établi les fondements du culte voué à Dieu par le peuple d’Israël. À ce jour, la Méditerranée n’est qu’une frontière maritime pour dissuader les migrants de rejoindre l’Occident. Y a-t-il une dimension cultuelle et spirituelle ? Certainement, par une allégorie très poussée.
Peut-on se demander si ces migrants ,alors qu’ils croient en un « autre dieu » et renoncent, pour la plupart à la Révélation du Livre , sont eux-aussi guidés par la main de Dieu ?
Écoutons donc attentivement le Pape.
«Il est possible de voir dans les migrants de notre époque, comme dans ceux de tous les temps, une image vivante du peuple de Dieu en marche vers la patrie éternelle»: le Pape François s’inspire des conclusions du rapport de synthèse de la première session du dernier synode pour établir un parallèle entre la nature itinérante de l’Église en tant que peuple de Dieu en marche dans l’histoire et celle des migrants. Il compare ainsi plus précisément le voyage «d’espérance» des migrants avec l’Exode des Hébreux.
«Comme le peuple d’Israël au temps de Moïse, les migrants fuient souvent des situations d’oppression et d’abus, d’insécurité et de discrimination, d’absence de perspectives de développement», écrit François. Ainsi, «les migrants rencontrent de nombreux obstacles sur leur chemin» comme le peuple de Moïse. «Ils sont éprouvés par la soif et la faim; ils sont épuisés par les peines et les maladies; ils sont tentés par le désespoir».
Malgré ces épreuves, «la réalité de l’exode» est que «Dieu précède et accompagne la marche de son peuple et de tous ses enfants, en tout temps et en tout lieu», rappelle le Pape. «La présence de Dieu au milieu du peuple est une certitude de l’histoire du salut». Pour preuve, l’arche de l’alliance est gardé dans une tente pendant l’Exode, et «sous le règne de David, Dieu refuse d’être enfermé dans un temple pour continuer à habiter dans une tente et pouvoir ainsi marcher avec son peuple».
Rencontrer Dieu au travers des migrants
Mais «Dieu ne marche pas seulement avec son peuple, mais aussi dans son peuple» ajoute le Saint-Père dans son message. «Il s’identifie aux hommes et aux femmes qui cheminent dans l’histoire –en particulier aux derniers, aux pauvres, aux marginalisés– comme s’il prolongeait le mystère de l’Incarnation» précise-t-il. D’où le fait que la rencontre avec le migrant soit aussi «une rencontre avec le Christ», «une occasion de salut». «En ce sens, explique François, les pauvres nous sauvent parce qu’ils nous permettent de rencontrer le visage du Seigneur».
Le Pape appelle enfin à sentir que nous cheminons avec les migrants et les réfugiés, à faire ensemble «synode» et à les confier à l’intercession de Marie, «signe d’espérance sûre et de consolation sur le chemin du peuple fidèle de Dieu».
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