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[ Euthanasie ] Le cri d’alarme !

Nous nous opposons à une société des puissants qui se permettent de supprimer les plus fragiles.” Dans une tribune publiée par Le Figaro, 110 personnes touchées par le handicap, la maladie ou la vieillesse s’opposent à la légalisation de l’euthanasie. Elles affirment : “Nous voulons que notre droit de vivre soit entendu et respecté, de vivre jusqu’au bout à vos côtés.”

“Nous demandons à être pris en compte”

Dans le débat actuel sur la fin de vie, la voix des soignants (comme en témoignent les 800 000 soignants opposés à l’euthanasie) et celle des personnes “en bonne santé” ont été entendues, mais pas celle des plus vulnérables, des personnes fragiles qui sont directement concernées. Elles n’ont jamais été sollicitées pour témoigner ou donner leur avis lors de la convention citoyenne (comme le souligne la manipulation de la convention sur la fin de vie) ni lors de la mission d’information parlementaire (comme l’arrêt de la mission parlementaire d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti).

“Nous demandons à être pris en compte et à être entendus lors des débats sur les lois qui nous toucheront en premier”, clament les signataires de la tribune.

Dans le “manifeste des 109” publié il y a quelques mois dans L’Obs, 109 personnes “en bonne santé” demandaient la légalisation du droit de mourir. Il est plus facile de parler de la fin de vie quand on est “en bonne santé” et “puissant”.

“Nous accueillons avec beaucoup de violence cette revendication qui n’est pas la nôtre”, affirment les signataires, qui demandent à être “considérés, accompagnés et encouragés” (voir Fin de vie : attention au message envoyé aux personnes vulnérables). Ils insistent : “Face aux limites imposées par notre corps, nous avons besoin de soutien, d’être vus dans toute notre richesse humaine.”

“Nous sommes vivants ici et maintenant”

“Il est temps de nous approcher”, “prenez le temps de vous asseoir avec nous”, les invitent-ils. “Vous apprendrez à quel point nous sommes pleinement vivants en ce moment même”. Prenons le temps, laissons-nous toucher par leur fragilité, écoutons-les. Changeons notre regard. Aidons-les à être pleinement vivants, à être dans la vie.

“Vous évaluez souvent la qualité de notre vie et vous la jugez mal”, dénoncent les signataires de la tribune. Le manque de connaissances sur la fin de vie et la fragilité pèse lourdement dans le débat. Nous avons tous une histoire unique, nos perceptions peuvent évoluer, mais tant qu’il y a de la vie, il y a des possibilités (voir “La lourdeur du jour, comme la joie des petites choses”).

La dignité ne se perd jamais, elle est inconditionnelle et ne se limite pas à nos capacités, à nos aptitudes (voir La dignité est “inconditionnelle”).

La fin de vie fait toujours partie de la vie. “Laissez-nous le temps d’exister”, “laissez-nous aussi le temps d’apprendre à mourir”, exhortent les signataires. “C’est un processus difficile, un véritable métier d’humanité, qui peut sembler long, mais qui est essentiel.” Ils ajoutent : “Pour nous, tout comme pour vous, laissez-nous vivre pleinement cette expérience.”

La question de la mort est une question qui concerne l’ensemble de la société. Pensons à ceux qui partent, mais également à l’avenir de ceux qui restent.

“Rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous”, demandent les 110 personnes vulnérables. “Nous avons besoin d’être soutenus, soulagés et accompagnés, mais pas de nous voir privés de vie.” Ils insistent sur l’importance d’une prise en charge appropriée et sécurisée. “Nous avons besoin de pouvoir nous appuyer en toute confiance sur nos soignants, sachant qu’ils seront présents à nos côtés, attentifs et créatifs, sans pour autant suggérer un acte fatal, sans faire de la mort une alternative aux soins”, ajoutent-ils.

Le soin est une alliance, un dialogue qui ne doit pas être faussé. Légaliser l’euthanasie aurait des conséquences profondes sur la pratique médicale (voir Fin de vie : “c’est le soin qui doit s’exprimer en premier”).

“Il ne faut pas accepter la mort simplement parce que, parfois, épuisés et souffrants, nous la demandons, comme si nos vies étaient insignifiantes”, insistent les signataires. Celui qui demande la mort ne la désire pas nécessairement. Les sentiments des mourants sont ambivalents.

Au contraire, ils demandent : “Rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous”. “Dites-nous que vous comprenez notre angoisse, notre peur qui nous envahit.” La souffrance peut être traversée si elle est accompagnée (voir Une société véritablement fraternelle : le “modèle français” de la fin de vie). Lorsqu’ils sont soutenus et écoutés, la majorité des demandes d’euthanasie disparaissent.

“L’euthanasie ne combat pas une “mauvaise mort”, elle la confirme”, affirment-ils. Quelle société souhaitons-nous vraiment ? “Nous refusons une civilisation qui autorise les puissants à éliminer les plus fragiles, les plus faibles”, disent les signataires. “Nous voulons que notre droit de vivre, de vivre jusqu’au bout à vos côtés, soit respecté”, exhortent-ils (voir Pour une fin de vie respectueuse de la dignité humaine). La fraternité ne fait-elle pas partie des fondements de notre devise républicaine ? Apprenons à aider à vivre plutôt qu’à mourir. Valorisons l’accompagnement, les soins, la bienveillance et la solidarité (voir “L’urgence et la fraternité résident dans le droit effectif de tous à être soignés et accompagnés dignement”).

L’euthanasie n’est pas la solution (voir “La mort ne sera jamais la solution. La solution, c’est la relation”). “L’euthanasie est une façon de détourner votre regard de nous, alors que nous avons besoin de l’affection qui se lit dans vos yeux”.

Adapté de genethique.org

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