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Eglise Saint Etienne - Brie-Comte-Robert 77
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[ Euthanasie ] La Mort vous regarde…

Le président de la République Emmanuel Macron a accordé un entretien exclusif à La Croix et Libération, révélant ainsi le projet de loi sur la fin de vie qui sera débattu avant cet été 2024.

« Les mots ont de l’importance et il faut essayer de bien nommer le réel sans créer d’ambiguïtés. Cette loi, nous l’avons pensée comme une loi de fraternité, une loi qui concilie l’autonomie de l’individu et la solidarité de la nation. En cela, elle ne crée, à proprement parler, ni un droit nouveau ni une liberté, mais elle trace un chemin qui n’existait pas jusqu’alors et qui ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes », déclare Emmanuel Macron.

Le président détaille ainsi le projet de loi, soulignant qu’il ne fera référence ni à l’euthanasie ni au suicide assisté, préférant le terme d’aide à mourir, « parce qu’il est simple et humain et qu’il définit bien ce dont il s’agit ».

Concernant les conditions d’accès à cette aide à mourir, Emmanuel Macron précise : « Cet accompagnement sera réservé aux personnes majeures, comme la Convention citoyenne l’avait recommandé. Deuxième condition : les personnes devront être capables d’un discernement plein et entier, ce qui signifie que l’on exclut de cette aide à mourir les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer.

Ensuite, il faut avoir une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme. Enfin, le quatrième critère est celui de souffrances – physiques ou psychologiques, les deux vont souvent ensemble – réfractaires, c’est-à-dire que l’on ne peut pas soulager. Si tous ces critères sont réunis, s’ouvre alors la possibilité pour la personne de demander à pouvoir être aidée afin de mourir. Ensuite, il revient à une équipe médicale de décider, collégialement et en transparence, quelle suite elle donne à cette demande. »

Sur la question de savoir si le patient effectuera lui-même le geste final, le président Macron cite le projet de loi : « L’administration de la substance létale est effectuée par la personne elle-même ou, lorsque celle-ci n’est pas en mesure d’y procéder physiquement, à sa demande, soit par une personne volontaire qu’elle désigne lorsque aucune contrainte d’ordre technique n’y fait obstacle, soit par le médecin ou l’infirmier qui l’accompagne. »


Le projet de loi envisage que les frais relatifs à l’« aide à mourir » soient couverts par l’assurance maladie. « C’est effectivement ce que prévoit le projet de loi, car du diagnostic jusqu’à la fin de vie, cela témoigne de la manière dont la société accompagne la personne malade et fragile, en reconnaissant la totalité de la vie jusqu’au dernier instant », explique Emmanuel Macron lors de l’entretien. Cette mesure serait ainsi intégrée dans le Code de la sécurité sociale afin d’être remboursée.

Emmanuel Macron sur la fin de vie : « Avec ce texte, on regarde la mort en face »

Les mots du Président sont forts et l’idée qu’il se fait de la fin de vie et de l’aide à mourir sont en tout point opposées à la conception et au respect de la Vie exprimés par le Pape François qui rappelons-le précise que

“L’euthanasie est un crime contre la vie. Incurable ne signifie pas irrémédiable.”

“Samaritanus bonus”, c’est la lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi approuvée par le Pape qui réaffirme la condamnation de toute forme d’euthanasie et de suicide assisté, en tenant compte des cas des dernières années.

“Incurable n’est jamais synonyme d’irréparable” : ceux qui souffrent d’une maladie en phase terminale, tout comme ceux qui naissent avec une espérance de survie limitée, ont le droit d’être accueillis, soignés, entourés d’affection.

L’Église est opposée à l’acharnement thérapeutique, mais réaffirme comme un “enseignement définitif” que “l’euthanasie est un crime contre la vie humaine”. Et que “toute coopération formelle ou matérielle immédiate à un tel acte est un péché grave” que “aucune autorité ne peut légitimement” imposer ou permettre.

C’est ce qu’on lit dans “Samaritanus bonus”, lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi “sur la prise en charge des personnes aux phases critiques et terminales de la vie”, approuvée par le Pape François en juin dernier et publiée aujourd’hui, le 22 septembre 2020.

Le texte, qui réaffirme la position déjà plusieurs fois exprimée par l’Église sur le sujet, est devenu nécessaire en raison de la multiplication des cas médiatisés et de l’avancée de législations dans un nombre toujours croissant de pays autorisant l’euthanasie et le suicide assisté des personnes gravement malades mais aussi seules ou avec des problèmes psychologiques.

L’objectif de la lettre est de fournir des indications concrètes pour actualiser le message du Bon Samaritain. Même lorsque “la guérison est impossible ou improbable, l’accompagnement médico-infirmier, psychologique et spirituel est un devoir incontournable, car le contraire constituerait un abandon inhumain du malade”.

“Guérir si possible, prendre soin toujours”.

Ces paroles de Jean-Paul II expliquent que l’incurable n’est jamais synonyme d’irréparable. Les soins jusqu’au bout, le “être avec” le malade, l’accompagner en l’écoutant, en lui faisant sentir aimé et désiré, voilà ce qui peut éviter la solitude, la peur de la souffrance et de la mort, et le désespoir qui en découle : des éléments qui sont aujourd’hui parmi les principales causes des demandes d’euthanasie ou de suicide assisté.

En même temps, il est souligné que “les abus signalés par les médecins eux-mêmes pour la suppression de la vie de personnes qui n’auraient jamais souhaité l’application de l’euthanasie” sont fréquents. Tout le document est centré sur le sens de la douleur et de la souffrance à la lumière de l’Évangile et du sacrifice de Jésus : “la douleur est supportable existentiellement seulement là où il y a de l’espoir” et l’espoir que le Christ transmet au souffrant est “celui de sa présence, de sa réelle proximité”. Les soins palliatifs ne suffisent pas “s’il n’y a personne pour ‘être’ aux côtés du malade et lui témoigner sa valeur unique et irremplaçable”.

La valeur inviolable de la vie “La valeur inviolable de la vie est une vérité fondamentale de la loi morale naturelle et un fondement essentiel de l’ordre juridique”, affirme la lettre. “Tout comme on ne peut accepter qu’un autre homme soit notre esclave, même s’il le demandait, de même on ne peut choisir directement de porter atteinte à la vie d’un être humain, même s’il le demande”.

Supprimer un malade qui demande l’euthanasie ne signifie pas “reconnaître son autonomie et la valoriser”, mais au contraire signifie “méconnaître la valeur de sa liberté, fortement conditionnée par la maladie et la douleur, et la valeur de sa vie”.

Ainsi, on “décide à la place de Dieu du moment de la mort”. Pour cette raison, “l’avortement, l’euthanasie et le suicide volontaire corrompent la civilisation humaine, déshonorent ceux qui se comportent ainsi encore plus que ceux qui les subissent et portent gravement atteinte à l’honneur du Créateur”.

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