Les Foyers de Charité, fondés en 1936 sous l’impulsion de Marthe Robin et du père Georges Finet, traversent une crise profonde liée à de nombreux abus spirituels et sexuels. Si une nouvelle commission d’étude pluridisciplinaire a été annoncée le 14 janvier 2025 pour faire toute la lumière sur ces dérives, les critiques sur la gestion passée et les défis actuels restent vifs.
Depuis les premières révélations en 2020 concernant les abus du père Michel Tierny, le scandale a pris une ampleur considérable. 90 victimes recensées à Tressaint par Mediapart, plus de 200 dossiers évoqués par Mgr Michel Dubost, ancien délégué pontifical : les chiffres sont édifiants. Ces abus, souvent perpétrés dans des cadres sacralisés comme la confession, révèlent un problème systémique au sein des Foyers.
La récente annonce de Laurent Landete et Christine Foulon, co-délégués pontificaux, marque une étape importante. Ils se disent « déterminés à faire la vérité » grâce à une commission composée d’experts en histoire, droit, sociologie et théologie. Son mandat couvre les abus survenus depuis la fondation des Foyers jusqu’aux années 2000 et vise à comprendre les racines des dérives et à identifier des solutions concrètes pour y remédier.
Bien que la commission soit présentée comme indépendante, son financement par la Fondation des Foyers suscite des interrogations. Laurent Landete insiste sur l’ouverture totale des archives, une exigence essentielle pour garantir la crédibilité des travaux. L’aboutissement de ce projet, prévu pour 2026, devra démontrer si cette initiative permet de rompre avec le passé ou si elle se limite à une opération de communication.
Lire aussi
La crise a mis en lumière des failles majeures dans la gouvernance des Foyers, notamment une formation quasi inexistante des membres. Pour remédier à cela, un programme global de formation a été lancé, intégrant des aspects spirituels, humains et organisationnels. Ce chantier ambitieux vise à prévenir les abus et à renforcer la transparence.
Cependant, la question des œuvres du père Finet, accusé d’abus sexuels, reste délicate. Si son rôle fondateur est indéniable, les révélations jettent une ombre sur son héritage. En parallèle, le procès en canonisation de Marthe Robin, elle-même accusée de « fraude mystique » en 2020, est suspendu.
Un avenir incertain
Avec près de 900 membres répartis dans 68 foyers, l’œuvre est confrontée à des défis structurels. Une hémorragie importante a eu lieu entre 2016 et 2022, avec 103 départs et des fermetures probables de foyers en France. Pour autant, les délégués pontificaux souhaitent impliquer les membres dans un processus de renouveau collectif, préparant une assemblée générale prévue au plus tôt en 2026.
En parallèle, la cellule d’écoute, ouverte en 2017, et l’adhésion des Foyers à la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR), ont permis d’avancer sur une vingtaine de dossiers. Toutefois, pour de nombreuses victimes d’abus spirituels ou psychologiques, le chemin reste semé d’obstacles.