Depuis mai 2024, le diocèse de Bayonne-Lescar-Oloron est sous le regard du Vatican, qui a dépêché Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon, pour mener une « visite fraternelle ». Cette intervention, rare et significative, fait suite à des plaintes concernant la gouvernance de Mgr Marc Aillet, évêque du diocèse depuis depuis 2008. Bien que les conclusions soient attendues début 2025 ( initialement annoncées avant) , cette mission révèle les tensions persistantes au sein d’un diocèse à la croisée des chemins.
Les origines de la visite fraternelle : tensions et incompréhensions
De 1998 à 2005, Mgr Aillet est curé des paroisses de Saint-Raphaël. En 2002, Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, fait de lui son vicaire général. Nommé évêque par le pape Benoît XVI en 2008, Monseigneur Marc Aillet,ancien membre de la communauté Saint-Martin, s’est distingué par son attachement aux traditions liturgiques et sa fidélité au magistère de l’Eglise.
Il est membre de l’Alliance des coeurs unis et c’est l’un des points abordés lors de la visite fraternelle . Mgr Antoine Hérouard a précisé qu’il n’était pas là pour évaluer l’Alliance elle-même, mais « pour comprendre comment l’évêque a géré cette question ». Bien que Mgr Aillet rejette tout lien entre la visite et cette association, Mgr Hérouard a indiqué qu’il pourrait s’y intéresser si elle avait un impact sur la gouvernance diocésaine.
Rappelons que sous son épiscopat, le diocèse a vu émerger des vocations, un soutien accru aux familles et un renforcement des initiatives évangéliques.
En 2016, une fronde d’une soixantaine de prêtres avait déjà mis en lumière des tensions internes. Entre menaces de révélations et vraie-fausses déclarations, l’affaire a donné lieu à des signalements à la cellule de lutte contre les dérives sectaires de l’Église catholique et a été portée devant la commission doctrinale des évêques. L’évêque de Bayonne est également pointé du doigt pour connaitre des milieux catholiques conservateurs aux États-Unis… où est le problème dirons nous ?
Ce contexte, exacerbé par des plaintes récurrentes des fidèles a conduit Rome à mandater une visite fraternelle pour évaluer la situation.
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Une mission d’écoute et de diagnostic
La visite fraternelle, menée en deux phases durant l’été 2024, avait pour objectif d’écouter les membres des prêtres, des laïcs engagés et des paroissiens. Selon des propos rapportés par La République des Pyrénées, Mgr Hérouard a reconnu l’ampleur des difficultés : « Il y a des divisions profondes dans le diocèse. Il est essentiel de reconstruire la confiance. »
Parmi les critiques soulevées figurent des griefs sur le manque de concertation, des décisions perçues comme autoritaires et une gouvernance jugée éloignée des besoins spécifiques d’une région marquée par une identité culturelle forte. Malgré ces critiques, la mission a également relevé des signes positifs, notamment l’engagement des fidèles et des prêtres pour maintenir une vie pastorale dynamique.
Certains fidèles espèrent une mise sous tutelle ou la nomination d’un évêque coadjuteur pour accompagner Monseigneur Aillet dans sa mission. D’autres, en revanche, saluent son action, notamment son attachement à une foi structurée et à la promotion des vocations. Ces divergences traduisent la complexité d’un diocèse où coexistent des attentes très différentes.
Interrogé sur la situation, Monseigneur Aillet a toujours affiché sa sérénité. « Je reste paisible. Mon objectif a toujours été de servir l’Église et le Christ avec fidélité », a-t-il déclaré. Cette posture témoigne de son engagement à poursuivre sa mission malgré les difficultés rencontrées.
Les conclusions de la visite fraternelle ont été transmises au Vatican à la fin de l’été 2024. Les décisions qui en découleront, attendues début 2025, devront répondre aux attentes des fidèles tout en préservant l’engagement d’un évêque dont le parcours a marqué la vie du diocèse.Les décisions de Rome, éclairées par la mission de Monseigneur Hérouard, pourraient ainsi marquer le début d’une nouvelle page pour ce diocèse.