Jeudi 28 novembre le tribunal administratif de Pau a suspendu la décision de la rectrice de Bordeaux, qui avait interdit à Christian Espeso d’exercer son poste de directeur de l’établissement scolaire de l’Immaculée Conception. Après plus de deux mois d’incertitude, cette décision permet à Christian Espeso, en poste depuis 11ans de reprendre ses fonctions, dans l’attente du jugement sur le fond de l’affaire.
Retour sur un dossier qui divise et fait écho à la question plus large de la laïcité et de la gestion de l’enseignement catholique en France.
En avril dernier, une inspection a eu lieu à l’Immaculée Conception, un groupe scolaire privé sous contrat à Pau. Le rapport qui en a découlé a évoqué « des forces mais aussi des manquements » dans la gestion de l’établissement. Le 26 juin, le rapport a été remis à la rectrice de Bordeaux, Anne Bisagni-Faure, qui a ensuite convoqué Christian Espeso. Le 11 septembre, la décision de suspendre le directeur pendant trois ans a été prononcée. Les accusations portées à son encontre incluaient des atteintes à la laïcité, des violations de la liberté pédagogique, et une gestion managériale jugée inappropriée.
Cette sanction a fait l’effet d’un coup de tonnerre au sein de l’enseignement catholique, le personnel et les parents d’élèves se mobilisant massivement en faveur de Christian Espeso. « La sanction était disproportionnée », ont estimé plusieurs observateurs, qui soulignent le manque d’antécédents disciplinaires du directeur, en poste depuis plusieurs années sans incidents majeurs.
Les avocats de Christian Espeso ont rapidement introduit une procédure en référé devant le tribunal administratif. Le 26 novembre, après une audience, le juge a suspendu la décision de la rectrice, estimant que « le caractère disproportionné de la sanction était de nature à créer un doute sérieux sur sa légalité ». De plus, il a pris en compte « l’urgence » de la situation, soulignant les impacts de la décision sur la carrière et la réputation du directeur.
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Les réactions à la décision judiciaire ont été variées. Les trois avocats de Christian Espeso ont salué cette « décision courageuse », soulignant qu’elle représente « un premier pas vers la réhabilitation » pour un homme qu’ils jugent injustement accusé. « Je suis extrêmement contente », a exprimé une mère d’élève, se réjouissant de ce revirement judiciaire. De leur côté, des figures de l’enseignement catholique, comme Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique, ont tempéré leur enthousiasme, rappelant que la procédure judiciaire est loin d’être terminée. « C’est une première étape, mais ce n’est qu’une étape », a-t-il déclaré.
Le diocèse de Pau a également exprimé un souhait de « calme et de paix », espérant que l’établissement puisse poursuivre son fonctionnement normal. Vincent Destais, directeur diocésain, a souligné que la situation devait désormais évoluer vers une normalisation, en attendant la décision finale sur le fond de l’affaire.
En réaction à cette décision, la rectrice Anne Bisagni-Faure a précisé qu’elle « prend acte » de la suspension, mais a souligné que le suivi et l’accompagnement de l’établissement pour garantir sa conformité avec les exigences laïques demeuraient une priorité. La décision de fond, quant à elle, ne sera rendue que dans plusieurs mois, prolongeant ainsi l’incertitude autour de l’avenir de Christian Espeso.
Ainsi, bien que le directeur de l’Immaculée Conception ait retrouvé son poste pour l’instant, cette affaire reste un point de friction majeur entre les autorités publiques et l’enseignement catholique, notamment en ce qui concerne l’application de la laïcité et la gestion des écoles privées sous contrat. Une question qui semble destinée à alimenter la polémique dans les mois à venir.