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Tribune Chrétienne

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Le cardinal Zen en 2014 © Iris Tong/Wikicommons
Le cardinal Zen en 2014 © Iris Tong/Wikicommons

A Hong Kong, il y a un avant et un après l’arrestation du Cardinal Zen

Le cardinal Joseph Zen, nonagénaire évêque émérite de Hong Kong, a été arrêté puis libéré sous caution le 11 mai 2022.

Sa mise en cause par la justice locale pour « collusion avec une puissance étrangère » suscite une vive « inquiétude » du côté du Vatican, qui avait auparavant effectué un véritable rapprochement avec les autorités communistes, sacrifiant l’Église clandestine au passage.

Le communiqué du Saint-Siège, publié quelques heures après l’annonce de l’arrestation du cardinal Zen, soulignait que le Saint-Siège suivait « de très près » l’évolution de l’affaire, mais se gardait de tout commentaire. Du côté du diocèse de Hong Kong, dirigé depuis décembre 2020 par Mgr Stephen Chow, jésuite de 62 ans, il aura fallu plus de vingt heures pour que soit publiée une réaction officielle, ce qui prouve combien délicate est cette affaire lorsqu’on se trouve sur place. Tout en se disant « extrêmement préoccupé », le diocèse a insisté sur l’importance de gérer cet « incident » en conjuguant le « respect de la loi » et le maintien de la liberté religieuse dans la « Loi fondamentale ». Un véritable slalom diplomatique.

Suite à cette arrestation, comme à plusieurs reprises ces dernières années, le manque de courage de l’Église catholique face à Pékin sur la question hong-kongaise a été pointée du doigt par plusieurs militants locaux. L’occasion de rappeler que Carrie Lam, actuel chef de l’exécutif hong-kongais, et son successeur John Lee Ka-chiu, sont tous deux catholiques romains.

Le récent rapprochement du Vatican avec la Chine communiste – qui s’opère sur des bases similaires à celles adoptées ces dernières années avec le Vietnam – est perçue par le cardinal Zen comme un affaiblissement du soutien du Saint-Siège aux opposants à Pékin,

notamment à Taïwan et Hong Kong, mais aussi à ceux de l’« Église souterraine », frange clandestine et historiquement martyre de l’Église catholique qui s’oppose à l’Église “patriotique”, grotesque émanation du Parti communiste.

La signature en 2018 d’accords “pastoraux” – qui restent encore aujourd’hui secrets – entre le gouvernement de Xi Jinping et le Saint-Siège sur la nomination des évêques avait provoqué la fureur du haut prélat hong-kongais, qui a vécu ce rapprochement comme une « trahison » et une « compromission ».

Hong Kong joue un rôle clé pour le Saint-Siège, qui y a installé sa « base » diplomatique pour discuter discrètement avec Pékin.

Réagissant à l’arrestation du Cardinal Zen, le sinologue italien Francesco Cisci a pour sa part considéré qu’il s’agissait d’une grande erreur commise par Pékin :

« il n’était peut-être pas le plus sage d’arrêter un homme de 90 ans qui, quel que soit son état, ne peut pas être trop dangereux et qui ne le devient qu’après cette arrestation ».

Selon lui, le gouvernement chinois risque d’enflammer encore plus la situation à Hong Kong après cette arrestation, ce qui placerait le Saint-Siège – seule entité à même de persévérer dans le dialogue en toutes circonstances – dans une position favorable pour reprendre les discussions.

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