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La basilique Saint Pierre plus proche des fidèles ?

Parmi les nouveautés, une entrée pour ceux qui veulent prier.

Nos confrères d‘Avvenire ont interviewé le cardinal Mauro Gambetti, frère mineur conventuel franciscain, aujourd’hui archiprêtre de la basilique Saint-Pierre après avoir été le gardien du sacré couvent d’Assise pendant des années.

Le projet s’inscrit dans une démarche visant à rendre la basilique vaticane plus « sanctuaire » et moins « musée » et ainsi donner « plus de lumière au visage de l’Église ».

Votre Eminence, quelle est la signification de cette initiative ?

Faire plus clairement de la Basilique Saint-Pierre un lieu révélateur qui puisse transmettre aux personnes les significations qu’elle porte, liées au charisme de Pierre et de ses successeurs. Donc, d’une part, on essaie de faire de plus en plus de ce lieu un sanctuaire, avec le culte, avec l’accueil des pèlerins, avec une pastorale adéquate. D’autre part, il est nécessaire de raconter ces significations à travers d’autres langues et de les communiquer au plus grand nombre.

C’est un désir de l’archiprêtre mais j’imagine aussi celui du Pape…

Bien sûr. C’est une des choses qu’il m’a demandé quand il m’a mentionné. Mon prédécesseur, le cardinal Angelo Comastri – avec ses grandes qualités pastorales, avec son art oratoire, avec sa profonde spiritualité – a déjà apporté une vague dans ce sens. Maintenant, le pape veut que nous insistions pour promouvoir Saint-Pierre comme un sanctuaire, en évitant le risque qu’il devienne un musée.

Que voulez-vous dire ?

Ici prédomine la présence de touristes attirés, mais aussi distraits, par la monumentalité de la Basilique. Il y a 40/50 mille personnes par jour, souvent accompagnées de guides. Cela crée inévitablement une atmosphère presque muséale. Avec de sérieux problèmes pour ceux qui veulent accéder, venir prier ou participer aux liturgies. Et que, par exemple, ils ne peuvent pas faire la queue pour entrer et doivent peut-être faire plus d’une heure d’affilée.

Comment surmonter ce problème ?

Nous tentons progressivement de rendre la Basilique plus facilement utilisable par les fidèles qui viennent prier avec des couloirs préférentiels distincts des touristes. Et puis avec de nouvelles propositions de dévotion et de spiritualité. Par exemple, nous étudions un moment de prière au moins à midi dans l’Autel de la Confession de Pierre, pour maintenir vivante la perception que nous sommes à l’intérieur de l’église qui abrite le tombeau du Prince des Apôtres. Le vidéomapping “Suivez-moi” s’inscrit également dans ce contexte.

C’est-à-dire ?

La vie de Pierre projetée sur la façade illumine la Basilique. D’autre part, c’est la Basilique qui illumine Pierre et sa vie. Je crois que cet entrelacement peut éclairer davantage le visage de l’Église, car nous avons besoin de redécouvrir cet homme, son histoire à la suite de Jésus, son charisme qui s’est ensuite transmis à ses successeurs, jusqu’à aujourd’hui.

Cette initiative aura-t-elle une suite ?

Bien sûr. Également dans d’autres domaines, tels que les domaines scripturaire et théologique, historique et littéraire. En effet, en collaboration avec le Cardinal Gianfranco Ravasi, nous aurons une Lectio Petri qui, à partir du 25 octobre, approfondira chaque mois la vie de Pierre et son ministère. Pas seulement. Avec le Cardinal Vicaire de Rome, Angelo De Donatis, nous préparons un itinéraire pétrinien dans la ville pour redécouvrir ces lieux, nous avons identifié sept de la Ville Éternelle qui sont liés à la vie terrestre de Pierre. Un itinéraire qui se terminera le soir du 28 juin prochain, veille de la solennité des saints Pierre et Paul, par une veillée ici, sur l’ancienne colline du Vatican, lieu du martyre du premier des apôtres.

Vous êtes archiprêtre de la Basilique vaticane, mais aussi président de la Fabbrica di San Pietro. A ce titre, il lance une initiative concrète, comme une école des arts et métiers. Comment est-il né ?

La spiritualité, lorsqu’elle est authentique, est très concrète. Elle touche notre chair et nos actions, notre expérience, même économique. Ainsi, dans la Basilique, nous vivons la dimension cultuelle et pastorale, tandis que la Fabbrica traite de l’aspect matériel, avec une charge de tradition et d’expérience que nous aimerions développer également à travers cette école.

Déjà au XVIIIe siècle, il y en avait un …

Oui, avec des aspects intéressants dans le domaine du droit du travail. Ceux qui travaillaient pour l’usine bénéficiaient à l’époque d’un système de protection sociale à la pointe de la technologie. Et le traitement économique des travailleuses était le même que celui des hommes.

Quel est le but de cette école ?

En attendant, former des jeunes capables de donner une continuité aux métiers manuels – en voie de disparition – dont la Fabrique a besoin. Mais aussi pour préparer des garçons et des filles de pays défavorisés qui pourront ensuite pratiquer ces arts dans leur pays d’origine.

Cardinal Mauro Gambetti

Combien seront les premiers élèves ?

Nous commençons avec de petits effectifs, il y en aura 20, que nous garantirons gratuitement pour tout le parcours pédagogique, ainsi que la nourriture et l’hébergement. Dans trois secteurs : marbriers et tailleurs de pierre ; maçons, plâtriers et décorateurs ; charpentiers.

Parallèlement à ces initiatives concernant la Basilique et la Fabbrica, la Fondation Fratelli Tutti est également née. Quel est le sens de cette initiative ?

Nous avons ressenti le besoin de quelqu’un qui était, pour ainsi dire, “sur le seuil”. Pour rencontrer le monde. Qu’il y avait quelque chose qui incarnait d’une certaine manière la Colonnade du Bernin, quelque chose d’accueillant, mais en même temps tendant la main à ceux qui sont à l’extérieur.

Bref, un lieu qui permet aux personnes de toute croyance ou religion de se rencontrer et de se parler avec l’encyclique Fratelli tutti comme horizon. Parce que l’Église est vraiment la championne d’une fraternité universelle. Car la fraternité est une valeur délicieusement humaine, mais il faut un principe transcendant, une lumière d’en haut pour qu’elle soit possible à vivre. Sinon, malgré les bonnes intentions, il se tord souvent dans son exact opposé.

Dimanche soir, sur la façade de la basilique Saint-Pierre de Rome, sera projeté un vidéomapping racontant la vie du pêcheur de Galilée. Le chanteur Andrea Bocelli inaugurera la soirée tandis que l’acteur Flavio Insinna sera le narrateur de l’Apôtre. Des images tirées des répertoires iconographiques les plus importants de la Basilique et des Musées du Vatican alterneront. C’est un projet né grâce à la collaboration du Chapitre, de la paroisse, de la Fabbrica di San Pietro et de la Fondation Fratelli tutti

Source avvenire.it

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