La plus grande cathédrale néo-gothique de la Chine et du sud-est asiatique accueille tous les dimanches des fidèles du monde entier pour la Sainte Messe en anglais, à laquelle s’ajoutent les Messes dominicales et en semaine, en cantonais, mandarin et coréen.
Pourtant, c’est après 25 ans de travaux (interrompus en 1869 par l’ordre du nouveau vice-roi et repris ultérieurement) que la « Cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus » de Canton sera consacrée.
La mission du Kouang-tong et du Kouang-si « comptait alors 2 000 chrétiens ressemblant bien plus à des païens qu’à des adorateurs du vrai Dieu, trois ou quatre chapelles, et deux écoles », écrit Mgr Philippe Zéphirin François Guillemin sur l’état de la population chrétienne chinoise lors de son arrivée en
août, 1848.
Après une période de dix ans de lutte pour la conservation et le renforcement de la présence de l’Eglise catholique sur les territoires qui lui ont été confiés, Mgr Guillemin reçut les fonds nécessaires pour commencer les travaux de l’église. Il s’agit de 500 000 francs donnés par Napoléon III, issus de ses deniers personnels. Plus tard, en 1873, le Gouvernement français soutiendra également la construction de la Cathédrale, par un financement de 75 000 francs.
Selon les plans de l’architecte français, Léon Vautrin, la Cathédrale appartiendra au style néo-gothique et sera bâtie en granit.
Les fondations ont été mises sur le site de l’ancien prétoire du vice-roi, au centre de Canton, aujourd’hui au 56 Yide Lu. C’est pour la compensation des chapelles catholiques détruites que le Gouvernement chinois a offert à Mgr Guillemin la possibilité d’édifier la Cathédrale en ce lieu d’une grande importance historique. C’est ainsi qu’à la date de 18 juin 1863 ont été posées les fondations de la cathédrale. Les travaux ont commencé le 26 août.
Deux pierres des catacombes de Rome ont été choisies pour débuter cette grande œuvre, étant nommées « Jérusalem 1863 » et « Roma 1863 ». Au-dessous de chacune, on a placé un peu de terre venant des villes respectives. La cérémonie d’inauguration a eu lieu le 8 décembre 1863, pour la Fête de l’Immaculée Conception.
Mgr Guillemin n’aura malheureusement pas la joie de voir la Cathédrale achevée. Retiré en France les dernières années de sa vie, le missionnaire français mourut à l’âge de 72 ans, à Besançon, le 5 avril 1886.
La responsabilité des travaux reviendra alors au successeur de Mgr Guillemin, l’Evêque Augustin Chausse.
La consécration de la « Cathédrale du Cœur Sacré de Jésus » eût lieu en 1888, après 25 années de travail. Sa façade a été inspirée par celle de la Basilique « Sainte-Clotilde » de Paris. La nef et le chœur rappellent de l’architecture de la Cathédrale « Saint-Etienne » de Toul. La Cathédrale du Sacré-Cœur renvoie dans son ensemble, à la grandeur de Dieu.
Elle reste un véritable témoignage du dévouement de Mgr Guillemin à la mission qui lui a été confiée par l’Eglise. C’est de ce même dévouement du préfet apostolique et de ses prêtres que témoignent le développement de la Mission. Celle-ci a passé de deux à 60 écoles et deux grands orphelinats, de deux ou trois chapelles à plus de 100 et, en fin, de 2000 chrétiens, en 1848, à 21882, en 1881.
Mais, au de-là de toutes ces bonnes œuvres, l’essentiel est compris dans le nom même de la cathédrale. Elle doit rester, avant tout, le symbole de la volonté de Notre Seigneur que Son Cœur Sacré et donc, Son Amour parfait, règnent dans le monde et dans l’âme de chacun de ses fils.
« En vous montrant Mon côté ouvert sur la croix, Je voulus que vous aperceviez le secret de Mon Cœur afin que vous voyiez que j’aimais beaucoup plus que je ne pouvais le montrer avec Ma souffrance finie. »
dit Notre Seigneur à Sainte Catherine de Sienne.
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