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Photo by Christine Roy

La Finance Chrétienne : La Nouvelle Révolution Éthique de l’Investissement en France ?

En 1928, aux États-Unis, l’investisseur Philip L. Carret a établi a créé le tout premier fonds d’investissement orienté vers la responsabilité sociale, baptisé le Pioneer Fund. Plus tard, en France, la religieuse catholique Nicole Reille s’est également illustrée en fondant l’association Éthique et Investissement en 1983.

La finance chrétienne gagne en popularité en France ces dernières années, attirant de plus en plus d’adeptes. Même si le mouvement n’a pas encore atteint une échelle massive, des investisseurs comme Jean-François Gapp, un catholique pratiquant, voient en elle une opportunité d’investir tout en respectant leurs valeurs.”C’est un investissement qui correspond à mes valeurs”, déclare Jean-François Gapp, qui a investi 3 000 euros dans Kaori.vie, une assurance-vie proposée par le Secours Catholique.

Son choix s’explique par son désir de ne pas soutenir des entreprises impliquées dans des pratiques contraires à ses convictions, telles que la fabrication de pesticides interdits en Europe ou l’imposition de conditions de travail inhumaines à leurs employés.

Moins médiatisée que la finance islamique, la finance chrétienne se distingue par son engagement en faveur de l’investissement social et éthique. Elle vise à placer de l’argent dans des secteurs et des entreprises compatibles avec la Doctrine sociale de l’Église (DSE), en utilisant des fonds ou des assurances-vie spécialisés.

Concrètement, la finance chrétienne promet aux investisseurs privés et institutionnels, tels que les congrégations religieuses et les diocèses, que leurs fonds seront gérés en accord avec les principes de “la protection de la vie et des plus faibles”, tout en excluant les activités jugées immorales, telles que la pornographie, l’alcool et la vente d’armes.

Antoine Cuny de la Verryère, auteur de “Finance chrétienne” (Editions Larcier), précise que ce mouvement existe depuis un certain temps, mais sa croissance s’est accélérée ces dernières années, notamment en réponse aux scandales moraux révélés lors de la crise des “subprime” en 2008.

Des produits financiers chrétiens comme Kaori.vie mettent également l’accent sur les critères extrafinanciers, tels que l’égalité salariale, la représentation des femmes aux postes de direction, ainsi que les pratiques éthiques à l’égard des sous-traitants, des employés et des consommateurs. De plus, ils excluent certaines industries, alignées sur les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ou ISR (Investissement Socialement Responsable), telles que le tabac, les énergies fossiles, l’armement et les jeux d’argent. De manière encore plus stricte, ils évitent également de financer les laboratoires produisant des contraceptifs ou des pilules abortives.

Il est toutefois difficile d’évaluer précisément l’ampleur de la finance chrétienne en France, car elle préfère souvent utiliser des termes tels que “fraternelle” ou “éthique”, au lieu de se déclarer ouvertement comme telle, compte tenu de l’identité laïque du pays. En 2021, l’Observatoire des fonds d’éthique chrétienne a recensé 13 fonds d’investissement d’au moins 20 millions d’euros d’actifs qui se réfèrent à l’éthique chrétienne. Cependant, cela ne représente qu’une partie visible de l’ensemble, car l’observatoire ne tient compte que des fonds ouverts au public, laissant de côté d’autres supports financiers tels que les produits d’assurance et les SCPI, ainsi que les fonds gérés pour les institutions chrétiennes.

Malgré son essor, la finance chrétienne reste un marché relativement restreint en comparaison avec la finance islamique, qui représente des actifs considérables dans le monde. En outre, la déchristianisation croissante de la société et les différences de valeurs entre les générations compliquent la diffusion de cette approche auprès des jeunes. Cependant, pour ceux qui partagent ces valeurs, la finance chrétienne représente une manière de concilier leurs croyances religieuses avec leurs choix financiers, même si elle n’est pas exempte de défis et de compromis.

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