Le 11 décembre 2024, le ministère de la Santé canadien a publié son rapport annuel sur l’assistance médicale au suicide, qui révèle une réalité alarmante : 15 343 personnes sont mortes par euthanasie en 2023, représentant 4,7 % de tous les décès dans le pays. Cette statistique, en hausse constante depuis l’introduction de la loi sur l’euthanasie en 2016, met en lumière une tendance inquiétante où la maladie n’est plus l’unique facteur déterminant, mais bien la perception erronée que la vie, lorsqu’elle perd sa « qualité », n’est plus digne d’être vécue. Un phénomène qui, hélas, pourrait se propager en France si des garde-fous ne sont pas mis en place.
Le Canada, un pays qui se revendique de la défense des droits de l’homme, se retrouve aujourd’hui avec un triste bilan. Non seulement les patients en fin de vie peuvent demander l’euthanasie, mais depuis 2021, cette possibilité s’est étendue à ceux qui ne sont même pas en phase terminale. Toute personne souffrant d’une maladie grave ou d’un handicap, avec des perspectives de vie jugées insatisfaisantes, peut désormais demander la mort. Le critère de la souffrance physique ou mentale insupportable est devenu central, mais derrière ce terme se cache souvent une vision déformée de la vie, où celle-ci est jugée « non digne » en raison de la perte de certaines capacités, comme la mobilité, l’audition, ou même la mémoire.
Un signe avant-coureur pour la France ?
Ce qui se passe actuellement au Canada devrait être un cri d’alarme pour la France. En 2023, 4,7 % des décès au Canada sont survenus par euthanasie, une proportion qui ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. En 2022, l’augmentation avait atteint 15,8 % par rapport à l’année précédente. Cette évolution rapide, où l’euthanasie devient une option de plus en plus courante, nous rappelle la fragilité de la situation dans les pays qui légalisent de telles pratiques. De telles tendances risquent de se produire en France si les principes moraux et éthiques qui défendent la dignité de la vie humaine ne sont pas fermement ancrés dans la législation.
Au Canada, un nombre croissant de personnes, y compris des patients non terminales et des personnes âgées ou handicapées, choisissent de mourir. Parmi les demandes acceptées, 95,9 % proviennent de patients en phase terminale, mais une proportion inquiétante de 4,1 % concerne des individus qui ne sont pas en fin de vie, souvent des personnes âgées, handicapées ou atteintes de démence. Ces choix sont motivés par la perte d’autonomie, le sentiment d’être un fardeau pour les proches, ou encore par la solitude et la dépression. Une situation qui pourrait facilement se retrouver en France si une telle législation était introduite ici.
Une société qui oublie la dignité humaine
Les raisons invoquées par les personnes demandant l’euthanasie sont tragiques et témoignent d’une vision dégradée de la dignité humaine. La majorité cite la « perte de la capacité de s’engager dans des activités significatives » et la « perte d’indépendance », des facteurs qui devraient être précisément ceux qui nous incitent à offrir plus de soins et de soutien aux plus vulnérables. La moitié des demandes d’euthanasie concernent des patients en souffrance physique, malgré l’accès aux soins palliatifs, soulignant une grave insuffisance dans l’accompagnement de la douleur et une gestion défaillante des soins.
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La situation devient encore plus dramatique lorsque l’on considère les patients atteints de démence. Environ 76 % des patients terminales ayant demandé l’euthanasie souffraient de démence, une maladie qui, bien que douloureuse et difficile à vivre, ne justifie en aucun cas la fin de la vie. Il est profondément inquiétant de constater que, dans ces cas, le consentement libre et éclairé des patients est souvent réduit à une formalité administrative, quand bien même la capacité de décision est gravement altérée.
Le risque d’une dérive euthanasique en France
Le Canada, comme les Pays-Bas et la Belgique, représente un laboratoire pour des pratiques qui, hélas, pourraient se diffuser en Europe. L’assistance médicale au suicide se transforme progressivement en un droit, un droit dont la portée ne cesse de s’étendre, touchant aujourd’hui des personnes qui ne sont pas en phase terminale. Et ce n’est qu’une question de temps avant que cette logique ne touche d’autres pays comme la France, où les débats sur l’euthanasie ne cessent d’être récurrents.
Ce que l’on oublie souvent dans ces débats, c’est que la souffrance humaine, aussi grande soit-elle, ne doit pas être la seule mesure de la valeur d’une vie. La société doit se rappeler que la dignité humaine réside dans la capacité à soutenir les souffrants, à offrir des soins palliatifs de qualité, et à garantir que personne ne se sente abandonné, quel que soit son état de santé.
Si la France succombe à cette dérive, elle risquerait de voir une augmentation des demandes d’euthanasie, non pas par nécessité médicale, mais par une perception erronée de la vie comme étant « invivable » en raison de la maladie ou du vieillissement. L’État doit être le garant de la vie, non pas en l’offrant comme une option à la carte, mais en l’accompagnant jusqu’au bout, dans le respect absolu de la dignité humaine.
Ce qui se passe au Canada devrait être un avertissement pour la France. Nous devons nous unir pour préserver une vision sacrée de la vie humaine, et refuser qu’elle soit réduite à un calcul de qualité. Il est urgent de redoubler d’efforts pour offrir des soins de qualité et éviter toute forme de dérive euthanasique. Le combat pour la dignité de la vie humaine est plus que jamais d’actualité et doit guider nos choix législatifs, aujourd’hui et demain.