Le 22 novembre dernier dans une tribune publiée sur le site de la revue First Things, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dénonce les dangers d’une réinterprétation de l’Église sous des auspices progressistes, qualifiant cela de « péché contre l’Esprit Saint ». À travers sept aspects théologiques, il met en lumière les dérives qui, selon lui, menacent l’intégrité doctrinale et l’unité de l’Église.
Le prélat allemand commence par rappeler une citation biblique souvent utilisée pour justifier un modèle de « l’Église synodale » : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2, 11). Cependant, il avertit que ce passage est souvent manipulé pour promouvoir une vision de l’Église qui va à l’encontre de la compréhension catholique traditionnelle. Pour lui, l’appel à une synodalité plus ouverte devient un prétexte pour inverser la doctrine, la liturgie et la morale de l’Église, et ainsi adapter l’Église catholique à une idéologie progressiste, voire à une idéologie néo-gnostique.
L’une des critiques majeures du cardinal réside dans l’utilisation des inspirations du Saint-Esprit pour justifier des concessions doctrinales arbitraires, telles que le mariage pour tous ou l’ordination des femmes diacres. Ces initiatives, selon lui, sont une tentative d’imposer un relativisme qui cherche à effacer les vérités révélées, et ce, sous le masque d’une nouvelle compréhension de l’Esprit Saint.
Le cardinal Muller dénonce également la tentation de réinterpréter la révélation chrétienne comme un processus évolutif, comme si l’enseignement de Jésus-Christ pouvait être modifié ou perfectionné au gré des époques. Il rappelle que la vérité révélée en Jésus-Christ est « la pleine vérité de Dieu », et que toute tentative de modification ou d’adaptation est une erreur théologique majeure. Comme l’affirme saint Irénée de Lyon, cette erreur se situe dans la distorsion des Écritures et dans l’imposition de dogmes qui ne sont pas conformes à la vérité éternelle du Christ.
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Un autre point central de la critique est l’idée que la décentralisation, sous prétexte d’une meilleure écoute des Églises locales, constitue une menace à l’unité de l’Église.Le cardinal Müller insiste sur le fait que l’unité doctrinale de l’Église, fondée sur la foi en Jésus-Christ et l’enseignement des apôtres, doit être préservée contre toute tendance à diluer la vérité en fonction des aspirations politiques locales.
Le prélat rappelle également que le Saint-Esprit a donné aux évêques et aux prêtres la charge de guider l’Église et que tout abus de pouvoir ou changement arbitraire dans la sélection des clercs est une offense grave contre l’Esprit Saint. Il plaide pour un respect scrupuleux des critères objectifs dans la désignation des pasteurs de l’Église.
Le cardinal Müller conclut en réaffirmant que, face à l’instrumentalisation de l’Église à des fins politiques, qu’elles soient écologiques ou sociales, le seul fondement véritable de la foi chrétienne demeure la vérité révélée par Jésus-Christ. Il cite la promesse du Christ : « Ceux qui m’aiment garderont ma parole, et mon Père les aimera, et nous viendrons à eux et ferons notre demeure chez eux » (Jean 14, 23-26).
Ainsi, dans ce contexte troublé, le cardinal rappelle l’urgence de défendre l’authenticité de l’Église catholique contre toute forme de relativisme qui cherche à dénaturer son message. Une position résolue contre la modernité idéologique, fidèle à la vérité immuable de la foi chrétienne.