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Le gouvernement syrien a t-il été complice du massacre de l’église Saint-Élie ?

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25 morts et 63 blessés dans un attentat-suicide dimanche 22 juin à l’église orthodoxe Saint-Élie à Damas. Les gardes du gouvernement ont-ils permis aux terroristes d’entrer dans l'église ?

Alors que le pape Léon XIV présidait dimanche 22 juin la procession du Corpus Domini à Rome, une terrible nouvelle est tombée en plein direct : une église orthodoxe a été frappée par un attentat en Syrie. Trois terroristes se sont introduits pendant la messe dans l’église Saint-Élie, dans le quartier Dwela de Damas, et ont ouvert le feu sur les fidèles. L’un d’eux, équipé d’une ceinture explosive, s’est fait exploser au milieu de la nef.

Le bilan est lourd : 25 morts et 63 blessés et une église totalement détruite. Les hôpitaux de Damas sont débordés et appellent aux dons de sang. À l’hôpital français, une fillette rescapée nommée Tekla Beshara a été retrouvée sans sa famille. Un appel à témoins a été lancé sur les réseaux sociaux.Les premières vidéos, insoutenables, montrent des flaques de sang parmi les gravats de l’église, où quelques instants plus tôt les fidèles priaient pour la Fête-Dieu. Le contraste avec le corps eucharistique du Christ, célébré ce jour-là à travers le monde, est bouleversant.Une semaine après le massacre de 200 chrétiens au Nigeria, cet attentat, revendiqué par l’État islamique, frappe la Syrie dirigée depuis décembre par Hayat Tahrir al-Cham (HTS). Le gouvernement du président Ahmed al Sharaa nie toute responsabilité, mais les soupçons sont nombreux. Le ministre de l’Intérieur, Anas Khattab, s’est contenté de publier un message de condoléances, sans condamner explicitement l’attaque. Il a annoncé l’ouverture d’une enquête.

Or, de nombreux éléments contredisent la version officielle. Des témoins affirment que des gardes armés postés devant l’église pendant la messe n’ont pas réagi à l’arrivée des terroristes. Un enregistrement sonore laisse entendre une voix masculine désemparée demandant pourquoi personne n’est intervenu. De quoi soupçonner non seulement de la négligence, mais une possible complicité des autorités.

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Dès leur arrivée au pouvoir, les chefs de HTS avaient promis la protection des minorités religieuses. Mais dès mars 2025, les violences contre les communautés chrétiennes, druzes et alaouites se sont multipliées, souvent dans un silence assourdissant. Certains médias, dont La Bussola , avaient déjà alerté sur la résurgence du djihadisme en Syrie et sur les dangers qu’il fait peser sur les minorités religieuses dans tout le Moyen-Orient.L’inquiétude grandit aussi face aux menaces diffusées via Telegram : un communiqué explicite vise les chrétiens du gouvernorat de Hama. Sur une image montrant les drapeaux de l’État islamique et de la « nouvelle Syrie », on peut lire :
« Vous qui mangez du porc dans le gouvernorat de Hama, attendez dimanche prochain. »
La date du 29 juin 2025 est mentionnée, accompagnée de la liste de cinq églises :

  • Église de l’Annonciation à Hama
  • Église Saint-Élie à Kafrbo
  • Église Sainte-Sophie à Squaylabiyhah
  • Église de la Dormition à Mhardeh
  • Monastère de Saint-Kafrbohm

Dans ce climat d’hostilité, aller à la messe devient un acte de courage. Et l’Occident, malgré les alertes de plusieurs médias, continue de détourner les yeux.Le drame de Damas nous rappelle que pour des millions de chrétiens à travers le monde, participer à l’Eucharistie n’est pas un droit acquis… mais un risque de martyr.

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