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Tribune Chrétienne

Depuis 2000 ans

Le plus ancien monastère d’occident

C’est à l’emplacement du martyre de Saint Maurice que l’abbaye de Saint Maurice a été construite.Avec plus de 1 500 ans d’histoire, ce monastère situé dans la région du Valais en Suisse, est le monastère le plus ancien de l’Occident à être resté en activité continue depuis sa fondation en 515.

Les chroniques nous en disent peu sur saint Maurice et ses compagnons, qui ont été tués vers l’an 300. “Nous savons qu’ils sont morts ici, que selon la tradition ils étaient membres de la Légion de Thèbes, c’est-à-dire originaires d’Afrique, et qu’ils ont été martyrisés pour avoir refusé d’obéir aux ordres impies de l’empereur”, a expliqué l’archiviste et bibliothécaire Canon Olivier Roduit à l’agence cna.

Un texte datant de l’an 430, intitulé “La Passion des Martyrs d’Agaune”, écrit par l’évêque Eucher de Lyon, a eu une influence majeure, contribuant à répandre le culte de ces martyrs dans toute l’Europe et le reste du monde. De nombreux villages en Suisse, en France et en Italie portent le nom de saint Maurice, et il existe plus de 1 000 lieux dédiés au saint dans le monde entier.

Vers l’an 380, Théodule, le premier évêque connu de la région du Valais, trouva les reliques des martyrs sous la falaise et construisit la première église en leur honneur, comme l’indique le site web. Le roi Sigismond fonda ensuite l’abbaye en 515, instituant la prière perpétuelle sur le site.

“Saint-Maurice est avant tout un lieu de passage”, explique Roduit. “Il est situé sur une route internationale importante, la Via Francigena, qui va de Canterbury à Rome”. L’influence de l’abbaye était particulièrement forte aux XIIe et XIIIe siècles. Rois et princes offraient des dons, qui constituent aujourd’hui un précieux “trésor” jalousement gardé par les chanoines.

En 1262, le roi Saint Louis IX offrit à l’abbaye une épine de la couronne du Christ.

“Le roi voulait répandre l’idéal du saint militaire dans son royaume”, explique Roduit. “L’abbaye lui a donné des reliques de saint Maurice et en échange, le roi a offert une petite épine de la couronne du Christ.”

Malgré la Révolution française, les incendies et les chutes de rochers, l’abbaye a été reconstruite mais n’a jamais été interrompue. Depuis 1128, l’abbaye est dirigée par des chanoines qui suivent la Règle de saint Augustin. “Notre principale mission est de rendre un culte au Seigneur sur la tombe des martyrs, fidèlement depuis le début des temps”, insiste l’archiviste.

À un kilomètre de l’abbaye se trouve la Chapelle du Martyre. Construite au XVIIIe siècle et rénovée au XXe siècle, elle se trouve exactement à l’endroit du martyre. Son autel rouge sang porte une inscription tirée de la Passion des Martyrs d’Agaune d’Eucher :

“Nous sommes tes soldats, ô Empereur, mais avant tout serviteurs de Dieu. Nous te devons obéissance militaire, nous lui devons innocence”.

Selon l’histoire, Maurice ajouta :

“Nous préférons mourir innocents que de vivre coupables”.

Mission des chanoines Aujourd’hui, il y a 27 chanoines dans l’ensemble de la congrégation, dont 22 vivent à Saint-Maurice, originaires de plusieurs endroits : Valais, Suisse alémanique, France et Bavière. Les jeunes en formation sont d’origine sicilienne, béninoise, togolaise, burkinabè et kazakhe.

Les chanoines ont trois missions principales, commençant par l’éducation. Ils enseignent au Lycée-Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice, un établissement de 1 200 élèves fondé en 1806 en vertu d’un accord avec l’État du Valais.

Ils exercent également leur ministère dans les paroisses voisines et, surtout au cours du dernier siècle, compte tenu de la diminution des ressources de nos jours, ils accomplissent un travail missionnaire, notamment en Inde, au Pérou, au Kazakhstan et en République démocratique du Congo. Jusqu’à la fin du XXe siècle, ils ont mené la célèbre mission du Sikkim, dans le diocèse de Darjeeling, dans le nord-est de l’Inde, entre le Népal et le Bhoutan.

Influence de l’abbaye Avant la pandémie de COVID-19, environ 100 000 personnes visitaient l’abbaye chaque année. Et environ 15 000 visiteurs venaient voir le Musée du Trésor. La réputation internationale de l’abbaye ne cesse de croître, car les audioguides sont maintenant traduits en ukrainien et en russe.

Les Archives de Saint-Maurice abritent une vaste collection médiévale, le premier document datant de 984. Leurs collections ont été entièrement numérisées et mises à disposition des chercheurs sur Internet.

Les chanoines dirigent également un projet de développement de la culture de l’orgue en Suisse francophone, avec une école d’orgue, une saison musicale et un concours international d’orgue. Saint-Maurice est également le lieu du plus grand carillon de Suisse (un ensemble de cloches en bronze jouées avec un clavier), qui fêtera son 20e anniversaire en 2024.

Les chanoines dirigent une brasserie, la Brasserie de l’Abbaye de Saint-Maurice, et entretiennent un vignoble de 6 hectares, avec lequel ils inaugureront bientôt la Cuvée de Noé, un vin doux de dessert.

Chaque 22 septembre, la fête de saint Maurice est un temps fort de la région. Les chanoines organisent une procession avec les reliques du saint dans les rues de la ville et un Monastic Market de trois jours, auquel participent environ 30 communautés religieuses de France, de Suisse et d’Italie.

L’abbaye est actuellement sous l’autorité du Prieur Roland Jacquenoud, depuis que le Père Abbé de Saint-Maurice, Monseigneur Jean Scarcella, élu en 2015, a démissionné en attendant la fin d’une enquête demandée par Rome suite à des allégations d’abus sexuels et de dissimulation visant divers membres de la Conférence des évêques suisses.

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