Ancien archevêque de La Plata et voix influente du catholicisme argentin, Monseigneur Héctor Aguer dénonce les dérives progressistes qui minent la doctrine et la liturgie de l’Église sous le pape François. Selon lui, le prochain pontificat devra « rétablir la vérité doctrinale et restaurer la tradition liturgique mise à mal par des réformes autoritaires. »
Monseigneur Héctor Rubén Aguer est né le 24 mai 1943 à Buenos Aires. Ordonné prêtre en 1972, il s’est distingué très tôt par son engagement intellectuel et théologique. En 1992, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires, puis en 1998, il devient archevêque coadjuteur de La Plata avant d’être pleinement investi comme archevêque métropolitain en 2000.
Dans LifeSiteNews, l’évéque dresse un constat sans appel :
« Il est nécessaire d’affirmer la vérité de la doctrine catholique authentique, de surmonter les mythes progressistes qui l’ébranlent, et que l’actuel pontife a placés au centre de son programme. »
Monseigneur Aguer estime que l’Église traverse une crise profonde causée par une fuite en avant idéologique qui s’éloigne des fondements de la foi.
Tout au long de son épiscopat, il s’est affirmé comme l’un des défenseurs de la Tradition, s’opposant fermement aux tentatives de dilution doctrinale et aux attaques contre l’enseignement moral de l’Église. En 2018, alors que le pape François tente de remodeler l’épiscopat argentin dans un sens plus progressiste, Mgr Aguer est poussé à la retraite, mais il demeure une voix critique incontournable.
Pour le prélat argentin, le progressisme est la grande maladie qui gangrène aujourd’hui l’Église. Il accuse François d’avoir placé au cœur de son pontificat une série de « mythes progressistes » qui sapent la doctrine et désorientent les fidèles.S’appuyant sur l’exhortation de saint Paul à Timothée (2 Tim 4, 1-4), il rappelle le devoir inaliénable de l’Église d’enseigner la vérité sans compromis face aux errances du monde :« Prêche la Parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, menace, exhorte, avec une entière patience et une parfaite doctrine. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais, au gré de leurs caprices, avec une démangeaison d’entendre du nouveau, ils se donneront maîtres sur maîtres. »
Ce temps est arrivé, affirme l’archevêque, et la crise actuelle du catholicisme résulte précisément de cette fuite en avant vers une modernisation déconnectée de la Tradition.L’un des points les plus virulents de la critique de Mgr Aguer concerne la destruction de la liturgie traditionnelle sous François. Il voit dans le Motu Proprio Traditionis Custodes une attaque frontale contre l’héritage de Benoît XVI et contre la spiritualité authentique de la messe tridentine :
« Traditionis Custodes impose arbitrairement le contraire de ce que Benoît XVI avait voulu rétablir avec Summorum Pontificum. Il faut restaurer la dimension mystique et esthétique de la liturgie, essentielle à la foi catholique. »
Son analyse, relayée par LifeSiteNews précise que la nouvelle messe, selon lui, a été vidée de sa sacralité, cédant aux influences du monde moderne et affaiblissant le sens du mystère eucharistique. Il appelle de ses vœux un retour à une liturgie digne, solennelle et fidèle à la Tradition.De même, il dénonce l’abandon progressif de la doctrine morale, notamment sur des questions aussi fondamentales que la famille et la dignité de la vie humaine. Il estime que l’Église a trahi l’enseignement de Paul VI dans Humanae Vitae, ouvrant la voie à un relativisme destructeur :
« Au lieu de convertir le monde à la vérité du Christ, l’Église s’est convertie au monde, perdant ainsi son identité. »
Pour lui, le futur pontife devra rétablir la théologie morale en réaffirmant sans ambiguïté les vérités catholiques sur le mariage, la procréation et la nature de l’homme et de la femme.
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Revenant sur l’héritage du Concile Vatican II, Mgr Aguer critique une ouverture au monde qui s’est retournée contre l’Église elle-même. Il cite notamment Karl Rahner et Pierre Teilhard de Chardin comme les penseurs ayant semé la confusion avec des concepts comme le « chrétien anonyme » et l’évolutionnisme spiritualisé.Il rappelle également l’épisode troublant du Concile Vatican II, où Jean XXIII avait accepté la présence d’observateurs orthodoxes russes à la condition expresse de ne pas condamner le communisme.
« Cet épisode montre bien l’esprit dans lequel le Concile a abordé la question des relations entre l’Église et le monde. L’optimisme naïf qui a dominé cette époque a conduit aux illusions actuelles. »Ainsi, Mgr Aguer considère que la crise actuelle est le fruit d’un aggiornamento mal compris, qui a affaibli l’Église plutôt que de la renforcer.
L’archevêque de La Plata estime que le prochain pape devra impérativement restaurer l’Église en cinq axes majeurs :
Réaffirmer la vérité doctrinale contre les errances progressistes, restaurer la liturgie dans sa sacralité et sa beauté originelles, refonder la formation des prêtres en revenant à l’enseignement traditionnel, clarifier l’enseignement moral de l’Église sur la famille, la vie et le mariage et enfin rompre avec l’illusion d’un dialogue mondialiste qui dénature l’identité catholique.
« Ces défis sont essentiels pour libérer l’Église du fléau mortel du progressisme. L’intercession de Marie, « celle qui défait les nœuds », sera essentielle dans cette mission. » conclut le prélat argentin.