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Le Vatican a t-il rendu service au régime d’Ortega ?

La libération de l’évêque de Matagalpa et de 18 autres religieux nicaraguayens accueillis à Rome est une nouvelle qui suscite des sentiments contrastés. C’est à la fois une bonne nouvelle pour ces personnes libérées et une source de préoccupation quant aux implications futures. En effet, cela ouvre la possibilité pour le régime de s’entendre avec la Sainte Siège pour se débarrasser du clergé encombrant.

Le 14 janvier, Monseigneur Rolando Álvarez et les 18 religieux ont été libérés et envoyés en exil à Rome, provoquant une grande joie parmi ceux qui soutiennent la liberté religieuse et la justice. Le gouvernement nicaraguayen, dirigé par la dictature d’Ortega & Murillo, a confirmé cette libération le 15 janvier et a exprimé sa gratitude envers le Pape François et le cardinal Parolin pour leur action diplomatique prudente.

Cependant, cette libération ne doit pas être vue uniquement sous un jour positif. En effet, elle crée un précédent dangereux qui pourrait permettre au régime de s’entendre avec le Vatican pour expulser le clergé catholique du pays et exercer un contrôle sur les séminaires, les religieux et les évêques. Ce geste semble être en accord avec l’appel du Pape au dialogue avec le régime d’Ortega le 1er janvier, mais il comporte le risque de faciliter l’expulsion des défenseurs de la foi du Nicaragua et de supprimer toute forme de dissidence.

Le dictateur nicaraguayen a exprimé sa gratitude pour la ” coordination très respectueuse et discrète ” qui a permis le voyage de ces religieux à Rome, soulignant la possibilité d’un “dialogue franc, direct, prudent et sérieux”.

Cependant, il est crucial de se demander quelle sera la véritable portée de cette libération. Va-t-elle permettre à Monseigneur Rolando Álvarez de plaider avec force pour la libération de son peuple du joug de la tyrannie, ou bien sera-t-il relégué à l’obscurité des couloirs du Vatican ?

Il est également important de noter que Monseigneur Álvarez avait déjà refusé à deux reprises l’ordre d’exil imposé par le régime, affirmant qu’il ne quitterait le pays que sur l’ordre direct du Saint-Père. Cette fois-ci, l’ordre du Pape est clair, ce qui a obligé Monseigneur Álvarez, symbole de l’innocence au Nicaragua et défenseur acharné de la foi et de l’indépendance de l’Église catholique, à quitter son pays et son diocèse.

La libération de Monseigneur Álvarez est certes une bonne nouvelle pour lui et pour tous ceux qui ont plaidé en sa faveur, mais elle ne doit pas occulter la réalité de l’expulsion de centaines de religieux et religieuses depuis 2018 jusqu’en janvier 2024, ainsi que les attaques répétées contre l’Église au Nicaragua.

Le cadeau du Vatican à Ortega soulève de nombreuses questions sur le rôle de l’Église catholique dans les régimes communistes, que ce soit à Pékin, à Managua ou ailleurs. Les implications de cette libération pourraient s’étendre au-delà des frontières du Nicaragua, et il est essentiel de rester vigilant quant à la défense de la liberté religieuse et des droits de l’homme dans le monde entier.

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