À Maumusson, commune déléguée de Vallons-de-l’Erdre en Loire-Atlantique, le clocher de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul ne s’est pas effondré. Et ce n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’un engagement local résolu. Face à la dégradation inquiétante de l’édifice, les habitants se sont mobilisés dès 2021, avec la volonté de rendre à leur église toute sa place dans la vie du village.
Le Figaro précise que trois ans plus tard, cette mobilisation a reçu les honneurs d’une visite ministérielle : Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité, est venue officialiser le lancement des travaux: « Je vais saluer cette réussite qui est exemplaire. C’est symbolique de ce que la ruralité peut avoir de meilleur », a-t-elle déclaré.
Construite en 1614, l’église romane ne comportait à l’origine qu’une nef centrale, un transept, un chœur à fond plat et un clocher carré. Richement décorée au fil des siècles, elle abrite notamment trois autels en tuffeau ornés de retables sculptés, classés à l’inventaire des monuments historiques, ainsi que des boiseries, une chaire en bois et des stalles remarquables. Le maître-autel fut autrefois surmonté d’un tableau offert en 1661 par les mousquetaires du roi, remplacé à la Révolution par une représentation du martyre de l’abbé Bouvier, massacré en 1794.
L’édifice a connu plusieurs agrandissements : en 1824, deux travées latérales sont ajoutées, les bas-côtés achevés entre 1843 et 1845, et la sacristie construite à la fin du XIXe siècle. Mais ces ajouts n’ont pas résisté au temps : depuis plusieurs années, les murs latéraux s’écartent, des pierres menacent de tomber, et les arches de voûte sont fragilisées. En 2017 puis en 2019, des étaiements d’urgence ont été posés au sud puis au nord, condamnant une grande partie de l’espace intérieur.
Pourtant, la messe continue d’y être célébrée. « Oui, je crois que l’église est encore un repère », confie le père Jean-Marc Houssais, curé de la paroisse de la Nouvelle-Alliance-Hauts-de-l’Erdre. Il célèbre à Maumusson une fois toutes les sept semaines, et note que l’édifice reste essentiel pour les sépultures, désormais plus fréquentes que les mariages. « Je suis tout seul pour neuf églises », précise-t-il, ajoutant que la paroisse prévoit de renouveler l’orgue et de terminer la sonorisation.
C’est à l’initiative de l’association Maumussonnais d’ici et d’ailleurs, créée en mars 2022, que le projet a véritablement pris forme. « Chronologiquement, nos premières discussions remontent à novembre 2021 », explique Gaëtan Chauviré, président de l’association. Une cagnotte est lancée dès décembre 2022, relayée par des événements locaux, des rencontres intergénérationnelles ou encore une fête de la bière. Environ 130 000 euros ont été collectés, complétés par 30 000 euros de la Fondation du patrimoine et 75 000 euros attribués par l’État dans le cadre du plan national de restauration des églises.
« Si c’est allé aussi vite, c’est grâce à l’énergie des habitants », souligne Gaëtan Chauviré. La commune, impressionnée par cet élan, a finalement débloqué 360 000 euros supplémentaires pour participer aux travaux, qui débutent fin 2024. « Si les habitants ne s’étaient pas mobilisés, il aurait été plus difficile de convaincre le conseil municipal », reconnaît Olivier Bézie, maire délégué de Maumusson. Il salue aussi le nombre exceptionnel d’adhérents à l’association, « y compris des personnes n’ayant jamais vécu ici mais venues pour des obsèques ».
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Le projet prévoit non seulement la consolidation des structures, mais aussi la réouverture complète de l’église au public. Objectif : redonner à l’édifice sa pleine capacité d’accueil et permettre la tenue de cérémonies religieuses, de concerts, d’expositions et d’événements culturels respectueux du lieu.
L’Eglise doit donc rester au centre du village et la ministre de préciser « un clocher, ça symbolise un attachement à un territoire », Françoise Gatel, ministre déléguée chargée de la Ruralité résume avec ses mots : « L’église est un peu la mémoire, à la fois de la vie personnelle des gens et de la communauté. »
Si des dispositifs fiscaux spécifiques et des aides pérennes étaient mis en place pour soutenir ce type d’initiatives locales à travers la France — qu’il s’agisse d’associations paroissiales, de confréries ou de fraternités de laïcs —, il ne fait aucun doute que de nombreux projets semblables verraient le jour. Et les ministres, parcourant les campagnes, pourraient dire, comme à Maumusson : « Ça ne rigole pas ».
Mais au-delà des élus et de l’Etat, c’est à chaque chrétien qu’il revient d’agir. Il est du devoir de tout baptisé de témoigner de sa foi non seulement par la prière, mais aussi par des gestes concrets en faveur de la sauvegarde des églises, de leur sacralité et de leur usage liturgique. Contribuer à la restauration d’un clocher, d’un autel ou d’un vitrail, c’est bien plus que préserver des pierres : c’est offrir à Dieu un lieu où sa gloire continue d’être célébrée au cœur des villages de France.
Aujourd’hui, un chrétien de France ne peut avoir la conscience tranquille s’il n’assume pas cette responsabilité, selon ses moyens, par un don financier, un engagement bénévole, ou toute action concrète participant à de tels projets. Restaurer une église, c’est restaurer un témoignage vivant de l’Évangile dans le monde.L’Église de France, par la voix de ses prêtres, doit rappeler dans ses homélies que ces engagements font partie des plus beaux témoignages de foi que l’on puisse offrir. Ils sont le signe visible d’un peuple fidèle, attaché à ses racines chrétiennes, et résolu à transmettre aux générations futures des lieux saints encore vivants, ouverts à la prière, à la beauté et à la vérité.