En 2014, l’Institut des relations entre juifs et catholiques de l’Université Saint Joseph de Philadelphie fait une découverte sensationnelle : les notes personnelles inédites de Jules Isaac. Ce trésor historique, publié pour la première fois en 1946 puis en 1959, révèle comment cet historien au discours radicalement anti-chrétien a bouleversé les relations entre le judaïsme et le christianisme.
Jules Isaac était un historien et pédagogue français né le 19 septembre 1877 à Rennes et décédé le 6 septembre 1963 à Aix-en-Provence. Il est principalement connu pour ses travaux sur les relations entre le judaïsme et le christianisme.
Après avoir été enseignant, Jules Isaac occupa le poste d’inspecteur général de l’Instruction publique en France. Sa vie et son travail prirent un tournant tragique pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque sa femme et sa fille furent déportées et trouvèrent la mort.
Suite à cette tragédie personnelle, Jules Isaac décida de se consacrer à l’étude critique des relations entre le judaïsme et le christianisme. Il se pencha sur les enseignements et les dogmes de l’Église catholique, qu’il considérait comme étant à l’origine de l’antisémitisme. Dans ses ouvrages, notamment « Jésus et Israël » et « Genèse de l’Antisémitisme », il dénonça l’idée que le peuple juif serait responsable de la mort de Jésus-Christ.
L’une de ses contributions majeures fut sa participation à la Conférence internationale de Seelisberg en 1947. Il y présenta les « Dix points de Seelisberg », des recommandations visant à purifier l’enseignement religieux sur les Juifs dans les Églises chrétiennes. Ces points soulignaient l’importance de rejeter tout enseignement de mépris envers les Juifs et de promouvoir une compréhension mutuelle et respectueuse entre les deux religions.
Jules Isaac a fondé la première Association d’amitié judéo-chrétienne, avec l’aide du Grand Rabbin de France et d’éminentes personnalités juives et catholiques. Leur but : exclure toute tentative de conversion réciproque entre membres de l’association.
Le moment crucial survient en 1960, lorsqu’il rencontre le pape Jean XXIII. Dans un récit fascinant de leur échange, Jules Isaac parvient à persuader le pape d’envisager une déclaration sur les relations entre l’Église catholique et les Juifs.
En 1965, deux ans après sa mort, le Concile Vatican II adopta la déclaration « Nostra Aetate », qui marqua un tournant majeur dans les relations entre l’Église catholique et le judaïsme en rejetant toute forme d’hostilité envers les Juifs et en affirmant l’importance de l’héritage spirituel partagé entre les deux religions.