L’archevêque de San Francisco, Mgr Salvatore Cordileone, connu pour sa défense sans compromis de la doctrine catholique, a récemment accordé une interview à La Bussola. Dans cet entretien, il revient sur des enjeux cruciaux qui touchent non seulement l’Église, mais aussi la société dans son ensemble. Des idéologies modernes aux persécutions religieuses en passant par le rapport entre science et foi, Mgr Cordileone offre une analyse profonde, enracinée dans la vérité de l’Évangile et les enseignements de l’Église.
Monseigneur Salvatore Joseph Cordileone, né le 5 juin 1956 à San Diego, en Californie, est un prélat américain issu d’une famille d’origine italienne. Ordonné prêtre en 1982 pour le diocèse de San Diego, il a poursuivi ses études de droit canonique à l’Université pontificale grégorienne à Rome. En 2002, il est nommé évêque auxiliaire de San Diego avant de devenir, en 2009, évêque d’Oakland. En 2012, il est nommé archevêque de San Francisco, une nomination qui a fait grand bruit en raison de ses positions fermes sur des sujets tels que la défense du mariage traditionnel et l’éthique catholique. À 68 ans, il demeure une figure clé de l’Église américaine, alliant rigueur doctrinale et engagement pour la vérité évangélique.
Depuis sa nomination en 2012 à la tête de l’archidiocèse de San Francisco, ville souvent perçue comme un bastion de l’activisme progressiste et du lobby LGBT , Monseigneur Cordileone n’a cessé de susciter des débats. Sa prise de position ferme sur des questions morales telles que le mariage traditionnel ou le respect de la vie a fait de lui une figure controversée, mais aussi un pilier pour de nombreux catholiques. À titre d’exemple, il a révisé les contrats des enseignants des écoles catholiques de son diocèse pour y inclure des clauses engageant au respect de la morale de l’Église, notamment sur des sujets sensibles comme les cellules souches embryonnaires ou la sexualité. Cette décision a provoqué un tollé local, jusqu’à une tentative de pétition demandant au Pape de le démettre, une initiative qui s’est finalement soldée par un échec.
Dans son entretien, Mgr Cordileone évoque les récents Jeux olympiques de Paris, qu’il qualifie de moment symbolique révélant la puissance des idéologies contemporaines. Il dénonce avec vigueur la cérémonie d’ouverture, qu’il juge blasphématoire et grotesque, notamment à travers une parodie de la Cène, symbole central de la foi chrétienne. Il y voit une tentative d’effacer l’éthique judéo-chrétienne au profit d’une culture du pouvoir.
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Comparant les révolutions française et américaine, il souligne que là où la première a cherché à éliminer ses opposants par la violence, la seconde a reconnu l’importance de la liberté religieuse comme socle d’une société vertueuse. Pour lui, une société qui renonce à cet héritage spirituel perd sa capacité à corriger ses propres maux, sombrant dans une quête de domination et de contrôle :
« La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques a été blasphématoire et grotesque. La Révolution française décapitait Marie-Antoinette et, sous les applaudissements de la foule, également de nombreux prêtres et religieuses. Est-ce cela que devrait représenter la devise Liberté, Égalité, Fraternité ? Est-ce cette lumière des Lumières ? »
Il compare ensuite cette révolution à la Révolution américaine :
« Si la Révolution française a enseigné que les opposants doivent être éliminés, la Révolution américaine a reconnu la nécessité d’une liberté religieuse robuste, voyant la religion comme un moyen d’instiller des vertus. »
L’évêque se penche également sur les persécutions religieuses actuelles, notamment au Nicaragua, où le régime de Daniel Ortega réprime sévèrement l’Église. Il déplore que l’Église ait parfois hésité à dénoncer le communisme, en raison d’une volonté de dialogue encouragée depuis le Concile Vatican II. Ce silence stratégique n’a pas porté ses fruits, affirme-t-il, rappelant les paroles du pape François qui, en 2023, avait comparé la dictature nicaraguayenne aux régimes totalitaires du début du XXe siècle. Le prélat met en garde contre l’idée que le communisme serait une réalité révolue, soulignant que ses principes continuent d’influencer les jeunes générations, souvent victimes d’enseignements idéologiques aliénants.
À l’autre bout du monde, en Chine, l’oppression religieuse prend une autre forme. Mgr Cordileone exprime son soutien au cardinal Joseph Zen et à Jimmy Lai, deux figures emblématiques de la résistance au régime communiste chinois. Tout en reconnaissant que les détails de l’accord entre le Vatican et Pékin sur la nomination des évêques restent obscurs, il insiste sur la nécessité de prier et de soutenir activement ceux qui luttent pour leur foi dans des contextes hostiles. À San Francisco, des heures d’adoration eucharistique sont organisées pour eux, témoignant de la solidarité universelle de l’Église.
La question des pressions idéologiques exercées par l’Occident, notamment en Afrique, est également abordée. Plusieurs évêques africains ont dénoncé l’utilisation des ONG pour promouvoir des agendas contraires à la doctrine catholique, tels que l’avortement ou les idéologies LGBT. Mgr Cordileone condamne ces pratiques, qu’il qualifie d’aberrantes, et appelle l’Occident à cesser d’imposer ses idéologies au nom de ses propres intérêts égoïstes. Cette intrusion dans les cultures locales, sous prétexte d’aide humanitaire, menace non seulement la foi, mais aussi la souveraineté des peuples.
L’archevêque identifie par ailleurs l’idéologie du genre comme l’un des plus grands dangers actuels. Il rejoint les paroles du pape François, qui l’a récemment qualifiée de « danger le plus grave de notre époque », car elle efface les différences fondamentales entre les sexes, ces mêmes différences qui reflètent l’image de Dieu. Mgr Cordileone rappelle que la complémentarité entre homme et femme est inscrite dans la création divine, chaque sexe étant conçu pour s’unir à l’autre dans une communion génératrice de vie. Supprimer cette distinction, selon lui, revient à nier l’image de Dieu sur Terre.
En outre, il pointe du doigt une autre crise majeure : celle de la paternité. Depuis des décennies, le déclin de la figure paternelle a des conséquences dramatiques sur la société, favorisant des problèmes tels que la pauvreté, la violence domestique et les troubles sociaux. Il exhorte les hommes à suivre l’exemple de saint Joseph, en adoptant une paternité spirituelle et sacrificielle. Selon lui, le sacrement du mariage est la voie ordinaire pour reconstruire une culture familiale saine et élever des enfants dans un environnement de protection et de vertu.
Enfin, Mgr Cordileone réfute l’idée selon laquelle la science et la foi seraient en opposition. Il rappelle que l’Église catholique a joué un rôle clé dans le développement scientifique, citant des figures telles que le père Georges Lemaître, pionnier de la théorie du Big Bang, et le père Gregor Mendel, fondateur de la génétique moderne. La foi et la science, affirme-t-il, sont complémentaires dans la quête de vérité. Le véritable conflit réside non pas entre ces deux domaines, mais entre la science et la politique, lorsque cette dernière manipule les faits scientifiques à des fins idéologiques.
Mgr Cordileone termine son propos en lançant un appel aux jeunes, les exhortant à ne pas succomber aux idéologies modernes et à se tourner vers la vérité du Christ. Pour lui, seule une foi ancrée dans la vérité peut offrir un antidote aux défis actuels et permettre de bâtir un avenir fondé sur la justice et l’amour.