Dans un article récent de John L. Allen Jr pour Crux, intitulé « Merci, mais non merci : le soutien de François à l’Église orthodoxe ukrainienne rejeté », l’on peut lire une réaction inattendue de l’Église orthodoxe ukrainienne à l’appui du pape François.
L’article met en lumière l’engagement du pape François à travers le monde en matière de sensibilisation, illustré par sa visite à Vanimo, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ce lieu isolé, parmi les coins les plus reculés de la planète, démontre la volonté du pape de tendre la main aux régions les plus périphériques. Cependant, cet engagement est mis à l’épreuve par la réaction de l’Église orthodoxe ukrainienne à son soutien vis-à-vis d’une nouvelle loi en Ukraine. Cette législation interdit les organisations religieuses ayant des liens avec Moscou, ciblant spécifiquement l’Église orthodoxe russe en Ukraine.
Le souverain pontife a publiquement critiqué cette loi et exprimé sa solidarité avec l’Église orthodoxe ukrainienne, traditionnellement alignée avec le Patriarcat de Moscou. Le pape a appelé à ce que « ceux qui veulent prier puissent prier dans l’église qu’ils considèrent comme leur église » et a plaidé pour que « les églises ne soient pas touchées », espérant influencer le débat sur la liberté religieuse.
« Marais spirituel puant »
Pourtant, cette prise de position a rencontré une réponse cinglante de la part de l’Église orthodoxe ukrainienne. Le métropolite Luc (Kovalenko) de Zaporizhzhia a rejeté catégoriquement le soutien du pape François, répondant par un « merci, mais non merci ». Il a mis en garde contre un rapprochement avec le Vatican, le qualifiant de « marais spirituel puant ».
Kovalenko a exprimé des inquiétudes quant à une éventuelle « célébration commune de Pâques avec le monde catholique », craignant que cela n’entraîne un éloignement de la foi orthodoxe et un glissement vers une « union, un marécage spirituel puant ».
L’article rappelle également le contexte législatif Ukrainien, où le président Volodymyr Zelensky a signé une loi exigeant que toutes les organisations religieuses ayant des liens avec Moscou rompent ces relations dans un délai de 90 jours, sous peine d’interdiction. Bien que l’Église Orthodoxe Ukrainienne (UOC) ait déclaré son indépendance vis-à-vis de Moscou en mai 2022, cette déclaration n’a pas été suivie d’une reconnaissance officielle, laissant le statut juridique de l’église incertain.
La loi a suscité des critiques internationales, considérée par certains comme une restriction injustifiée de la liberté religieuse. François, en condamnant la loi, a cherché à soutenir la liberté de culte et à encourager le dialogue interconfessionnel. Cependant, il a rencontré une opposition résolue de la part des leaders orthodoxes ukrainiens, soulignant la persistance des divisions profondes au sein du christianisme mondial.
Cet épisode révèle ainsi les défis considérables auxquels le pape François fait face dans ses efforts pour promouvoir la réconciliation et le dialogue entre les confessions chrétiennes. Malgré ses intentions de rapprochement, les tensions persistantes et les divergences doctrinales compliquent toute tentative de dialogue fructueux.